Face à la précarité des ressources publicitaires, de nombreux journaux, le Wall Street Journal en tête, ont annoncé au cours de l’année 2009 le lancement d’offres d’accès payants à leurs publications.

Alors que l’année 2010 s’annonce pleine d’incertitudes sur les sommes que vont investir les annonceurs dans la publicité - sur le premier semestre 2009, les recettes publicitaires nettes de la presse française ont chuté en moyenne de 20% (1) tandis que sur le plan mondial, la dernière étude de Zenith Optimedia prévoit une baisse des investissements publicitaires sur la presse de 17% en 2009 et 4,5% en 2010 -, la question du financement de la presse est plus que jamais d’actualité.

Face à la précarité des ressources publicitaires, de nombreux journaux, le Wall Street Journal en tête, ont annoncé au cours de l’année 2009 le lancement d’offres d’accès payants à leurs publications. Ainsi, lors de sa conférence de presse en septembre, le Figaro a annoncé la mise en place de zones payantes d’ici à janvier 2010 sur le site Internet du journal mais également sur son application pour iPhone. Enfin, aux Etats-Unis, le projet Journalism Online prévoie le lancement d’une plate-forme commune d’informations payantes. Il aurait déjà fédéré plus de 500 journaux américains et européens.

Quels revenus complémentaires peuvent être attendus de ce nouveau modèle économique ? Une étude du Boston Consulting Group (2) , publiée en novembre 2009, apporte un éclairage sur la propension à payer des internautes pour de l’information en ligne. L’étude, menée sur un panel de 5083 consommateurs répartis dans 9 pays (dont la France, le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis), révèle des variations importantes à la fois sur la propension des internautes à payer pour de l’information et sur la somme mensuelle qu’ils seraient prêts à y consacrer. Ainsi, au Royaume Uni, aux Etats-Unis ou encore en Australie, la moitié des personnes interrogées se déclarent prêtes à payer pour de l’information en ligne contre 66% en Finlande ou 63% en Allemagne. En revanche, sur le montant moyen de la dépense, les italiens seraient prêts à envisager un paiement mensuel de 7 € tandis que le Royaume Uni, les Etats-Unis et l’Australie oscillent entre 3 et 4 € par mois. La France s’inscrit dans la moyenne des pays étudiés avec 54% des personnes interrogées se déclarant prêtes à payer 5 € par mois pour avoir accès à de l’information via leur ordinateur ou leur mobile, contre 32% payant d’ores et déjà pour avoir accès à de l’information en ligne. En outre, l’étude révèle une forte appétence pour les informations « uniques » telles que les informations locales par exemple ou les informations exclusives. La France, en particulier, révèle une propension à payer forte pour ce type de contenus (58% des personnes interrogées se déclarent prêtes à payer pour des informations locales et 38% pour des informations exclusives). Les reportages d’investigation et les informations en rapport avec des centres d’intérêt représentent également une valeur ajoutée pour laquelle 38% et 37 % des personnes interrogées en France se déclarent prêtes à payer.

Cet éclairage, encourageant de prime abord, ne semble pourtant pas à moyen terme constituer une piste significative pour enrayer la baisse des revenus publicitaires. Sur le marché américain, le Boston Consulting Group estime que les revenus issus des abonnements en ligne ne représenteront pas plus de 5% des revenus totaux des journaux en 2010. En revanche, en raison de l’absence de coûts d’impression, l’étude estime que la marge opérationnelle des éditeurs de presse sera améliorée de 15%.

Sources :

  • (1) IREP, recettes publicitaires nettes du premier semestre 2009. 
  • (2) BCG, Willingness to pay for news online, Keys findings from an international survey and The France survey findings, November 2009.