Le 8 mars, Audrey Azoulay a annoncé, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, plusieurs initiatives visant à promouvoir l’égalité femmes-hommes dans le monde culturel. Explications.

 

Elles sont architectes, réalisatrices, journalistes, artistes, productrices, scénographes, médiatrices ou conservatrices. Pour mettre en lumière leur place – éminente mais pas suffisamment connue – dans la vie culturelle, Audrey Azoulay a décidé, mercredi 8 mars, de saluer ces « passeuses de culture » lors de la journée internationale des droits des femmes. « Vous créez un maillage précieux qui fait avancer la culture, au quotidien, dans notre pays », a souligné la ministre de la Culture et de la Communication, en recevant une cinquantaine de femmes issues du monde culturel. « Vous êtes aussi, a-t-elle ajouté en direction de ces femmes de terrain, les héritières d’une longue tradition de femmes qui a contribué à faire des arts et de la culture françaises une incroyable force de progrès et de rayonnement pour notre pays ».

Mieux faire connaître le rôle des femmes, c’est aussi l’objectif d’une Grande Collecte d’archives sur la place des femmes dans la société française au XXe siècle qui va être lancée en novembre prochain à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication. « Si cette Grande collecte présente un intérêt scientifique indéniable, à la fois pour les institutions archivistiques mais aussi pour les chercheurs, elle s’inscrit également dans un horizon citoyen et démocratique », celui de l’égalité femmes-hommes, a précisé Audrey Azoulay lors de la remise du rapport de l’historienne Françoise Thébaud. « Il faut, j’en suis convaincue, réhabiliter les femmes exceptionnelles d’hier et davantage mettre en lumière celles d’aujourd’hui », a-t-elle observé.

Il faut, j’en suis convaincue, réhabiliter les femmes exceptionnelles d’hier et davantage mettre en lumière celles d’aujourd’hui

Des avancées significatives

Dans son 5e rapport, publié le 8 mars par le département des études, de la prospective et des statistiques, l’observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication a dévoilé les statistiques les plus récentes de la situation. « Ce rapport offre un panorama précis et précieux de la situation actuelle et des grands progrès qui sont attendus », a commenté Audrey Azoulay, en revenant sur les dernières avancées.

Elle s’est ainsi félicité que la loi sur la liberté de création, l’architecture et le patrimoine « favorise l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la création artistique ». De même, elle s’est félicité du soutien apporté dans le cadre du FONPEPS aux femmes artistes et techniciennes du spectacle. La ministre a également insisté sur sa politique volontariste de nominations. « Je prendrai un exemple emblématique, celui de la nomination de Laurence des Cars à la tête du Musée d’Orsay. Elle a été choisie non pas parce que c'est une femme mais bien parce que son projet pour ce musée est passionnant ».

Initiatives pour l’égalité

La ministre a également annoncé plusieurs initiatives destinées à aller plus loin. « Dans les établissements d’enseignement supérieur culture, les femmes sont largement majoritaires (60%) et pourtant elles sont encore sous représentées dans les métiers de la culture (43%) », a-t-elle déploré. Afin de casser ce « plafond de verre », un séminaire de l’enseignement supérieur culture, intitulé Pour un accès des femmes à tous les métiers de la culture, aura lieu le 30 mars prochain à la Philharmonie de Paris. « Il permettra à la fois de généraliser la prise de conscience sur cet enjeu et d’envisager comment y répondre ». Par ailleurs, la ministre a confirmé que lors du prochain forum « Entreprendre dans la culture», qui aura lieu du 22 au 24 mai prochain à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, une table ronde sera consacrée à « l’entrepreneuriat au féminin ».

Autre initiative : la ministre souhaite aussi considérer la parité dans l'accès des femmes artistes aux moyens de production et leur présence sur les plateaux au cinéma comme au théâtre. « J’ai signé aujourd’hui même une circulaire qui sera diffusée aux préfets et à l’ensemble des DRAC demandant à ce que des efforts concrets et visibles soient faits dans ce domaine pour avancer vers la parité dans le secteur de la création ».

Égalité femmes-femmes : en progrès ?

Au 1er janvier 2017, 12 % de femmes sont à la tête des 100 plus grandes entreprises culturelles et 30 % d’entre elles occupent des postes de direction dans les établissements publics culturels… Ces résultats, issus du 5e rapport de l’Observatoire égalité femmes-hommes dans la culture et la communication, ont été présentés le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, par le ministère de la Culture et de la Communication. Pour Tristan Picard, adjoint au chef du département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), ce résultat est « implacable ». « Dans le secteur privé comme dans le secteur public, la culture est un monde où le pouvoir est aux hommes », ajoute-t-il. Côté création, mêmes disparités. A l’exception du secteur littéraire, où 48 % des prix reviennent à des femmes, les inégalités en termes de consécration artistique restent flagrantes : depuis 2010, seuls quatre films réalisés par des femmes ont été nominés aux Césars et aucun n’a été primé. Un ratio déséquilibré, que l’on retrouve dans les nominations à la Palme d’or ou aux Molières. « La parité est un combat permanent, qui le sera encore longtemps », commente Tristan Picard. Malgré tout, quelques améliorations sont à noter : le nombre de femmes dirigeantes s’accroît nettement dans le secteur de l’audiovisuel public, de même que le nombre de détentrices de la carte de presse, qui est passé de 40 % en 2000 à 48 % aujourd’hui. De manière générale, l’ensemble des professions culturelles se féminise lentement (43 % de femmes en 2014 contre 39 % en 1990). Face à ce « constat sévère », Claire Lamboley, Haute fonctionnaire à l’égalité entre les hommes et les femmes a rappelé que le ministère s’était doté de plusieurs outils pour favoriser la reconnaissance des femmes dans le secteur culturel. Outre la mise en place de l’Observatoire pour l’égalité, la mobilisation de ces leviers passe par la création d’un comité ministériel dédié, à la candidature du ministère au label Égalité et – c’est une première – la mise en place par Audrey Azoulay d’une véritable feuille de route « égalité femmes / hommes » pour 2017. « Il est désormais impératif de passer à l’acte », a conclu Agnès Saal, chargée de mission pour les labels Égalité et Diversité.