Le 27 janvier, Fleur Pellerin a présidé avec Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, la 10e commission nationale « Culture et handicap ». Trois grands chantiers ont été annoncés : donner la priorité à l’accessibilité à l’audiovisuel public, les nouvelles mesures en faveur de l’édition adaptée et du numérique, renforcer la formation des professionnels de la culture.

Un enjeu majeur. Lors de la 10e commission nationale « Culture et handicap », Fleur Pellerin a rappelé que l’accessibilité des arts et de la culture aux personnes en situation de handicap était pour elle un enjeu majeur : « Comment pourrait-il en être autrement, quand la première ambition que j’ai donnée à mon ministère est de rechercher la participation de tous les Français à la vie culturelle ? Cette ambition ne peut s’atteindre que dans la mesure où la vie culturelle même s’efforce de faire une place à chacun. Dans cette démarche d’inclusion, l’absence d’offre adaptée ne peut donc être la règle : elle ne peut être que l’exception ». Après que la commission a fait le point sur les avancées enregistrées depuis 2014, Fleur Pellerin et Ségolène Neuville ont redit leurs ambitions pour 2016 et 2017, en insistant notamment sur trois points : donner la priorité à l’accessibilité à l’audiovisuel public, les nouvelles mesures en faveur de l’édition adaptée et du numérique, renforcer la formation des professionnels de la culture.

« Dans cette démarche d’inclusion, l’absence d’offre adaptée ne peut être la règle : elle ne peut être que l’exception » (Fleur Pellerin)

Des nouvelles ambitions en faveur de l’édition adaptée et du numérique. « C’est dans l’accès à la lecture des personnes en situation de handicap que nous faisons aujourd’hui des progrès considérables », a ensuite souligné Fleur Pellerin, indiquant que, dans le projet de loi sur la liberté de création, l'architecture et le patrimoine qui va être discuté au Sénat à la mi-février, « nous révisons en effet l’exception "Handicap" aux droits d’auteur (...) pour permettra d’améliorer l’activité d’adaptation et la productivité de l’édition adaptée, par la mutualisation des fichiers numériques adaptés ». Les décrets d’application sur l’exception Handicap pourraient être promulgués, selon le ministre, au « deuxième semestre de l’année 2016 ». La ministre a également précisé que « les manuels scolaires numériques seront eux aussi déposés sur la plateforme mutualisée [de fichiers numériques], à partir de la rentrée 2016 ». Pour autant, « ces progrès ne relèvent pas seulement de la loi ». La commission Culture-Handicap a annoncé la mise en œuvre de deux nouvelles mesures en faveur de l'édition adaptée.

D'abord, une mission conjointe des inspections de la Culture et de la Communication (IGAC) et des Affaires sociales (IGAS) va être lancée en vue d’améliorer les activités d’adaptation des œuvres littéraires tout en rationalisant les moyens et financements publics qui y sont affectés. « Avant d'engager de nouvelles pistes d’action, a relevé Fleur Pellerin, il nous faut disposer au préalable d’un état des lieux précis de ce qui se fait déjà en la matière ». 

Ensuite, Fleur Pellerin et Ségolène Neuville ont annoncé qu'elles souhaitaient faire bénéficier aux personnes handicapées de « tout le potentiel du numérique ». Pour cela, elles vont mobiliser les acteurs des nouvelles technologies, du handicap et les institutions culturelles dans le cadre d’un Hackathon, "Nouvelles technologies/ Culture/Accessibilité Universelle". Par ailleurs, elles indiquent que la thématique "Accessibilité-Handicap" sera inscrite dans l’appel à projet "Service numérique culturel innovant" qui sera lancé courant 2016 par le ministère de la Culture et de la Communication.

Priorité à l’accessibilité à l’audiovisuel public. « C’est ensuite dans l’accès des personnes malentendantes à l’offre audiovisuelle et à l’information que nous nous apprêtons à engager des évolutions essentielles ». France Télévisions s’est engagé en matière d’accessibilité aux programmes télévisuels avec notamment le déploiement, dès juin 2016, d’un lecteur (player) permettant la mise à disposition, sur la télévision connectée, de l’interprétation de certains programmes en langue des signes française, et dès octobre 2016, de l’accessibilité en langue des signes des journaux d’information de 13h et de 20h. Cette mesure très concrète permettra une amélioration sensible des conditions de vie des personnes handicapées.

Et ce n'est pas tout. Outre cette mesure, d'autres dispositions importantes ont été annoncées : dès qu’un événement justifiera l’interruption des programmes pour la diffusion d’un flash d’info, celui-ci sera traduit en langue des signes ; la future chaîne d’information en continu inclura l’accessibilité dans ses missions dès son lancement ; le débat électoral, notamment de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2017 sera également désormais traduit en langue des signes. Enfin, la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), en lien avec la Direction générale des entreprises, mobilisera le secteur professionnel pour que se développe rapidement un décodeur TNT vocalisant.

« A côté de ces mesures "techniques" destinées à faciliter la vie des personnes handicapées, la question de leur représentation à la télévision est évidemment un sujet pour l’audiovisuel public, autant que pour faire évoluer le regard que nous portons sur le handicap », a élargit la ministre.

S’engager en faveur de la formation des professionnels de la culture. « L’accès à la culture des personnes en situation de handicap est enfin à nos yeux un enjeu citoyen », a affirmé Fleur Pellerin. Concernant la formation des professionnels de la culture, les deux ministres ont indiqué plusieurs avancées : l’ensemble des établissements nationaux d’enseignement supérieur d’architecture intègre aujourd’hui un enseignement à l’accessibilité au sein de leurs différents cursus ; une action renforcée sera conduite en formation initiale dans les écoles d’art ; les ateliers de l’accessibilité menés en lien avec les associations représentatives seront pérennisés, de nouveaux guides de la collection Culture Handicap seront publiés en 2016 et des MOOC seront lancés.

De plus Fleur Pellerin a précisé vouloir « mobiliser aussi les jeunes en service civique dans des établissements culturels pour qu’ils contribuent à l’accès à la culture des personnes handicapées ». « Ils seront formés pour cela, a-t-elle ajouté. 

« En proclamant le principe d’accessibilité universelle - c’est-à-dire le droit accordé à toutes et à tous d’accéder à tout - la loi de 2005 a également ouvert aux personnes handicapées l’espace public dans sa totalité, et ce quel que soit leur handicap. Cela implique d’organiser leur pleine participation à la vie de la Cité. L’accès à la culture et à l’information y occupe une place d’une importance toute particulière », a conclu Ségolène Neuville.

Prix Patrimoine pour tous : « Rien n'est impossible à qui veut rendre les lieux de culture toujours plus accessibles aux personnes en situation de handicap »

La ministre de la Culture et de la Communication a ensuite remis les prix « Patrimoines pour tous », qui distinguent depuis 2011 une démarche d'excellence en matière d'accessibilité généralisée pour les personnes en situation de handicap moteur, visuel, auditif ou mental, dans les établissements culturels accueillant du public. « Pour que tous les Français participent à la vie culturelle, a souligné Fleur Pellerin, il faut faire en sorte que la vie culturelle fasse une place à chacun. Les Prix "Patrimoine pour tous" montrent que rien n'est impossible à qui veut rendre les lieux de culture toujours plus accessibles aux personnes en situation de handicap ». Le 1er Prix « Patrimoines pour Tous », pour la catégorie des établissements relevant des collectivités territoriales, a été remis au musée départemental de la Céramique de Lezoux (Puy-de-Dôme).  « Ce musée est aujourd’hui emblématique de l’ "accessibilité pour tous" », a indiqué la ministre. Le 2ème Prix a été décerné, ex-aequo, au musée des beaux-arts de Quimper (Finistère) et au musée Fabre de Montpellier (Hérault), qui reçoivent chacun 15 000 euros. Le jury a également attribué une mention spéciale au musée Picasso d’Antibes (Alpes-Maritimes). Dans la catégorie des établissements relevant de l’État, la ministre a remis leur diplôme à deux établissements : les Archives nationales (sites de Paris et de Pierrefitte-sur-Seine) et le musée national du Sport à Nice, qui relève du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.