Madame la Présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, chère Catherine Jacquot,
Madame la Présidente du Royal Institute of British Architects, chère Angela Brady,
Madame la Présidente du conseil régional de l’Ordre des Architectes du Nord-Pas-deCalais, chère Béatrice Auxent,
Monsieur le directeur du Pavillon de l’Arsenal, cher Alexandre Labasse,
Madame la Présidente de l’ARVHA, chère Hélène Danglard,
Madame la directrice de l’ARVHA, chère Catherine Guyot
Mesdames et messieurs, chers amis,

C’est pour moi un véritable plaisir d’être parmi vous ce soir au Pavillon de l’Arsenal, où l’architecture se donne à voir et à comprendre au plus grand nombre. Un lieu de découverte et de débat autour des enjeux de l’architecture d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

On ne pouvait imaginer un environnement plus approprié pour distinguer la qualité des œuvres et l’exemplarité des carrières de nos femmes architectes. Pour encourager aussi les jeunes talents féminins et accompagner leur parcours professionnel.

Je suis heureuse également de partager la joie de remettre les prix des femmes architectes en présence de Catherine Jacquot, nouvellement nommé Présidente du Conseil national de l’ordre des architectes. Comment ne pas y voir un signe fort ?

Pourquoi avoir créé ce prix des femmes architectes ? Pourquoi vouloir récompenser des femmes tout particulièrement ?

L’objectif n’est pas de célébrer une vision sexuée de l’architecture. Je ne crois pas que le talent ait un sexe. Pas plus que la création. L’objectif de ce prix, c’est de rendre visible l’invisible car en saluant les femmes de talent qui font l’architecture d’aujourd’hui, nous faisons aussi la lumière sur les profondes inégalités d’un secteur qui fait rayonner la France à travers le monde.

L’architecture française est une vitrine de l’excellence et de la créativité de nos architectes, nous ne pouvons accepter qu’elle soit le reflet des blocages de notre société.

Or ce que révèle la récente étude de l’ARVHA, dont je salue le formidable travail, c’est qu’en architecture, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est loin d’être acquise. 

Alors que le nombre d’étudiantes dans les écoles d’architecture dépasse celui des étudiants, elles sont encore très peu nombreuses à être inscrites à l’ordre des architectes. Alors qu’elles représentent 57% du corps étudiant, elles ne sont que 22% contre 78% d’hommes dans l’ordre des architectes.

Les logiques inégalitaires de considération et de rémunération persistent, de même que la survalorisation des valeurs masculines à certains postes.

C’est ce constat sans appel qui est à l’origine de la création de ce prix.

Rendre visible l’invisible, c’est dénoncer une situation inacceptable. C’est construire l’égalité professionnelle en renforçant la visibilité des femmes dans le métier. C’est aussi encourager et accompagner ceux qui œuvrent quotidiennement à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes architectes. L’ARVHA est de ceux là et je tiens à remercier chacun de ses membres pour leur engagement et leur mobilisation au service d’une profession plus juste.  

Vous le savez, la place des femmes dans la culture est une de mes préoccupations majeures et c’est une des priorités du gouvernement. Dès le mois de mars dernier, j’ai donc installé un comité pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication. Je me suis aussi appuyée sur l’observatoire de l’égalité dans la culture et la communication, une étude qui rassemble les informations sur les nominations, les rémunérations et les programmations mais aussi l’accès aux moyens de production dans tous les champs de la culture. Pour mieux évaluer et faire connaître la réalité de la situation.

Sur la base de ces résultats, j’ai engagé une politique incitative autour de  trois chantiers prioritaires : combattre les stéréotypes, donner leur place aux créatrices et promouvoir la place des femmes dans les postes de direction de mon ministère mais aussi des établissements et institutions culturelles dont il a la charge.

Parce qu’il permet de renforcer la visibilité des femmes dans un secteur culturel dynamique, facteur d’attractivité pour notre pays, ce prix des femmes architectes s’inscrit pleinement dans les objectifs de mon ministère pour renforcer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Je souhaite par ailleurs intégrer, dans l’observatoire de l’égalité, les données relatives aux architectes, et je compte sur votre mobilisation pour alimenter cette étude.

Après avoir remis le prix de la femme architecte, je voudrais féliciter les lauréates du prix « jeune femme architecte » attribué à des Clics et des calques et du prix de l’œuvre originale remis à Anne Demians. Je salue toutes les nominées dans ces deux catégories. Pour le Prix de la femme architecte, je salue les nominées   : Cécile Brisac, Marie-Christine Gangneux, Manuelle Gautrand, Françoise N’Thepe et Elodie Nourrigat. Je félicite les deux mentions spéciales attribuées à Behrend Architecture et à Françoise Hélène Jourda ainsi que la lauréate, Odile Decq pour ce Prix de la femme architecte qui lui est attribué ce soir.

J’aimerais rappeler le combat de ces pionnières de l’architecture, Charlotte Perriand, Eileen Gray ou Lilly Reich mais aussi les femmes qui firent le choix de partager une vie de création à l’ombre de leurs époux comme Aino Aalto, Ray Eames ou encore Noémie Raymond.

Je souhaite que ces prix qui nous réunissent ce soir, nous permettent, pour le dire avec les mots de Charlotte Perriand au sujet de sa découverte de l’architecture, de "franchir le mur qui obstruait l’avenir".

Je vous remercie.