Sous le titre "Nouvelles richesses", l’agence Obras, autour de Frédéric Bonnet, et le collectif AJAP14, proposent un projet original et engagé pour le Pavillon français à la 15e Biennale internationale d’architecture de Venise 2016 qui débute le 28 mai. Une proposition présentée le 2 mai au ministère de la Culture et de la Communication.

Nouvelles richesses ou une autre histoire architecturale

Inséré dans « Nouvelles du front », la proposition du commissaire général de la prochaine Biennale de Venise, l’architecte chilien Alejandro Aravena, le projet qui représentera la France sur la Lagune met en lumière des ressources architecturales méconnues de notre territoire. Avec Nouvelles richesses (c’est le nom du Pavillon français), n change le paradigme habituel des politiques architecturales : après l’ère des grands projets exceptionnels, on passe à une architecture familière, du quotidien, étroitement insérée dans leur territoireo, confirme Frédéric Bonnet, grand prix national d’urbanisme, concepteur, avec l’agence Obras et le Collectif AJAP 14 de la proposition retenue pour le Pavillon français par les ministères des Affaires étrangères et de la Culture.

Pour cela, les commissaires français ont parcouru l’Hexagone à la recherche de ces architectures de taille parfois plus modeste, mais apportant des réponses souvent innovanteset remarquablesà des problématiques spécifiques, où entre pour une part non négligeable la dimension sociale. Cela donne une exposition comprenant dix sites, douze témoins et cent onze contributeurs. De Cherbourg au Creusot, et de Challans à Redon, en passant par Aubervilliers et Rouen, « Nouvelles richesses » raconte, à travers le prisme architectural, une autre histoire de France, celle des territoires « ordinaires » trop souvent négligés, qu’ils soient péri-urbains, ruraux ou industriels.

Nous pensons que tous les territoires présentent des ressources et des atouts, pour peu que l’on y prête attention, qu’on les cultive, qu’on les révèle (Frédéric Bonnet)

Jeunesse, engagement, collectif : le nouveau visage de l’architecture française

L’autre spécificité du Pavillon français est le renouvellement des méthodes de travail, en écho avec plusieurs dispositions de la Stratégie nationale de l’architecture lancée par le ministère de la Culture et de la Communication. Avec le choix du Collectif AJAP14, qui accompagne comme co-commissaire l’agence Obras et Frédéric Bonnet, le ministère de la Culture et de la Communication a voulu donner un signe fort, en encourageant les jeunes architectes et paysagistes à accéder à la commande, a souligné Audrey Azoulay. Une initiative similaire avait déjà été menée en mars avec l’AFEX (Architectes français à l’export), lors de la dernière édition du MIPIM, le marché international des professionnels de l’immobilier. Son but : donner aux jeunes architectes la possibilité d’approcher d’autres marchés, notamment étrangers. Dans un même esprit, l’Institut français, opérateur du Pavillon français, va diffuser l’exposition présentée à Venise dans cinq villes à travers le monde, selon Bruno Foucher, son président.

La question du collectif est également essentielle, reprend Vincent Berjot, directeur des patrimoines au ministère de la Culture et de la Communication, soulignant que les AJAP14 ont souhaité associer à leur démarche les écoles nationales supérieures d’architecture, les maisons d’architecture et les Conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE). Là aussi, c’est une évolution dans la conception même de l’architecture. Celle-ci entend aussi bien montrer, selon Vincent Berjot, la diversité des problèmes auxquels l’architecture répond mais aussi son engagement,comment elle agit sur le terrain.