Le patrimoine, une chance pour l'attractivité touristique des territoires d'outre-mer ? Tel est le thème d'une rencontre internationale - les troisièmes Entretiens du patrimoine de l'océan Indien - qui va se tenir, du 2 au 4 octobre, à Saint-Denis de la Réunion. Marc Nouschi, à la tête de la direction des affaires culturelle de l'océan Indien, revient sur les principaux enjeux de cette initiative, qui va réunir des participants de onze pays.

Vous avez placé la troisième édition des Entretiens du patrimoine de l'océan Indien sous le signe du tourisme. En quoi ce thème - ressources patrimoniales et attractivité touristique - constitue-t-il un enjeu primordial pour le développement culturel des outre-mers ?

C'est lors de la conclusion des deuxièmes Entretiens, en octobre 2014, qui portaient sur les jardins et les espaces verts, que j'ai posé la thématique de 2017, anticipant de fait sur le mouvement observable dans notre pays depuis plus de deux ans. Avec la baisse de fréquentation touristique en France, suite aux attentats, le gouvernement de Manuel Valls avait missionné toute une série d'enquêtes, de rapports, dont le fameux rapport rédigé par Martin Malvy, président de Sites et Cités remarquable, et ses 54 suggestions en la matière. Des ouvrages ont été également publiés et, bien entendu, des rencontres dont celle à laquelle a participé le ministère de la Culture, en décembre 2016, au Centre Pompidou. Il est évident qu'aujourd'hui la question patrimoniale est au cœur de l'attractivité touristique. Le phénomène est ancien, avec une accélération contemporaine de la part des touristes en quête de clefs de compréhension et d'émotions - on parle de plus en plus de tourisme "expérienciel" - qui se nourrissent des patrimoines à la fois matériels, naturels, immatériels et même symboliques. Les territoires ultra-marins ont bien entendu cette carte touristico-patrimoniale inscrite dans leur ADN et les responsables politiques, par exemple ceux de La Réunion ont retenu l'axe touristique comme prioritaire dans la stratégie des pays membres de la Commission de l'océan Indien - organisation inter-étatique réunissant Les Comores, Madagascar, Maurice, La Réunion et les Seychelles.

Les territoires ultra-marins ont cette carte touristico-patrimoniale inscrite dans leur ADN


Variété des richesses patrimoniales, extension de l'aire géographique aux pays voisins... Dans quelle mesure cette diversité de ressources, qui sera l'un des fils rouges de ces Entretiens, peut-elle avoir un impact direct sur la politique de tourisme culturel ?
L'une des forces des territoires ultra-marins tient à leur exceptionnelle diversité dans le champ patrimonial, soutenue par une politique de repérage des sites patrimoniaux remarquables, d'inscription ou même de classement, de restauration et de mise en valeur. Cette politique conduite par les directions des affaires culturelles est enviée par les îles et territoires voisins ; je l'observe dans l'océan Indien avec, par exemple, le début de l'émergence d'une conscience patrimoniale de la part d'associations locales. C'est le cas depuis peu à Maurice. Ces Entretiens qui réunissent des spécialistes venus autant de l'université que du terrain, issus de plus d'une dizaine de pays riverains de l'océan Indien, ont pour objet d'échanger des expériences, des politiques et des résultats dans ces milieux si spécifiques que sont les territoires îliens soumis à des pressions parfois contradictoires entre les impératifs démographiques, économiques et ceux patrimoniaux. La philosophie des Entretiens organisés depuis 2011, selon un rythme triennal, est le pragmatisme et l'empirisme pour alimenter des réseaux locaux et nourrir une politique au plus près du terrain, une forme de subsidiarité indiano-océanique.


Après les Rencontres du tourisme culturel, organisées en décembre dernier, le ministère de la Culture préconisait notamment "le développement du tourisme culturel sur l'ensemble de nos territoires". En quoi votre initiative va-t-elle permettre d'inscrire le tourisme culturel dans une politique territoriale ?
C'est toute la question qui doit faire l'objet d'une dernière table ronde, organisée le 4 octobre dans l'après-midi. Je vous demande donc d'attendre la conclusion de ces Entretiens pour connaître quelques voies d'inscription du tourisme culturel dans une politique patrimoniale.

"Patrimoine, mises en valeur et perspectives touristiques", thème des 3e Entretiens de l'océan Indien

Les troisièmes Entretiens du patrimoine de l'océan Indien se déroulent du 2 au 4 octobre 2017 au Théâtre du Grand marché à Saint-Denis seront cette année consacrés à la thématique suivante : "Patrimoine, mises en valeur et perspectives touristiques". Plusieurs temps forts ont été retenus. Le 2 octobre, les débats porteront sur "diversité et logiques d'attractivité des patrimoines de l'océan Indien. Le 3 octobre, le thème retenu est : "stratégies de valorisation entre conservation, développement et gouvernance". Le 4 octobre, "les patrimoines de l'océan Indien, une destination à part entière".
Ouverts au public, ces Entretiens sont organisés par la l’État (préfecture de La Réunion, direction des affaires culturelles - océan Indien) et l’École d’architecture de La Réunion, antenne de l’ENSAM, en partenariat avec le conseil régional et le conseil départemental de La Réunion, le rectorat de l'académie de La Réunion et l'IRT. Ils traitent du patrimoine comme moteur du développement économique et touristique et rassemblent universitaires, chercheurs, conservateurs, architectes, urbaniste et décideurs venus de 11 pays.