Découvrez dés le 3 décembre les nouveaux espaces muséographiques, des collections enfin sorties de leur réserve et l'ensemble du projet de rénovation en lien bien sûr avec l'histoire du bassin minier, de la conservation du site et du parc-musée de la Mine.

Histoire du bassin minier et du site du Puits Couriot

Une part non négligeable de la richesse de la ville de Saint-Étienne s’est fondée sur l’exploitation de la houille du bassin qui s’étend sur 50 km de long, de Firminy à Givors. Dans cette région de la Loire, les couches affleurant par endroits, les gisements, très vite repérés, ont été exploités dès le Moyen-Âge. La première mine de charbon est officiellement citée dans un acte de vente de 1257. Jusqu’au XVIIIe siècle, les creusements du bassin stéphanois ne dépassent pas 50 mètres de profondeur. La matière première est toujours remontée par portage humain. Au XVIIIe siècle, c’est principalement dans les environs de Rive-de-Gier mais aussi de Saint-Étienne que de petites concessions construisent les premiers puits dotés alors de chevalements de bois. Une première tentative de réglementation des concessions débute avec l’édit royal de 1744. La plupart de ces puits sont définitivement noyés vers 1800. De cette période, deux sont conservés et ont fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques, le puits Combélibert et le Pré du Gourd Marin, tous deux à Rive-de-Gier.

La professionnalisation du métier de mineur apportée par la nouvelle école des Mines de Saint-Étienne en 1816 contribue à une exploitation plus rationnelle des gisements. Le chemin de fer permet très vite de mieux distribuer le charbon. C’est dans ce contexte que débute l’histoire du site Couriot. Sur l’emplacement actuel du musée existe alors, depuis 1850, le puits Chatelus fondé par la Compagnie des Mines de la Loire. En 1870, le puits Chatelus II est creusé. L’exploitation s’arrête brutalement en 1887 à cause d’un coup de grisou qui fait 79 morts. La société anonyme des Mines de la Loire fait l’acquisition de la concession et du site sinistré en 1893. Après modernisation, le puits Chatelus I est remis en marche en 1899. Ces premières années sont influencées par les idées de Charles Henry Couriot (1851-1924), ingénieur-conseil de la société qui souhaite moderniser le site et rentabiliser la production. La décision est prise en avril 1907 de fonder Chatelus III. En 1911, Couriot devient président de la société sont entérinés ses projets. Couriot décide aussi de la construction d’une batterie de fours à coke, créant ainsi un site industriel intégré.
En mars 1914, après 6 ans de travail, le fonçage atteint 710 m de profondeur et suffit à l’exploitation. Le chevalement métallique est posé en juillet. L’année précédente, la centrale électrique, les chaudières et la batterie de fours à coke aujourd’hui disparue, avaient été installées. La guerre arrête les travaux en août 1914. Le nouveau puits ne sera opérationnel qu’en 1919. Entre 1920 et 1924 le site possède désormais son lavoir à fine, s’équipe de locomotives électriques et ajoute une nouvelle salle des compresseurs. La cokéfaction se fait à Montmartre, unité située plus à l’ouest de Couriot. Elle n’existe plus aujourd’hui. Enfin, Chatelus I doit être démoli et remplacé par un chevalement et une machine d’extraction neufs.

L’apogée de Couriot se situe dans les années 1920 avant la crise de surproduction dans la décennie suivante. La société des Mines de la Loire, pour affronter les difficultés à venir, ferme les sites peu rentables et concentre encore les activités sur Couriot. Les circuits de production sont améliorés, le foudroyage des galeries après exploitation évite le remblayage. Cette nouvelle technique oblige à accumuler les déchets en surface : un premier crassier fait son apparition en 1936. Des installations (skips) sur rail montent les déchets de lavage du charbon au sommet. En 1948, on entame un deuxième crassier. La guerre n’affecte que peu l’activité du site de Couriot. Nationalisé en 1946, Couriot continue de produire pendant la reconstruction. Une nouvelle lampisterie est construite ainsi qu’un nouveau lavabo. La mine fait alors travailler près de 1500 mineurs. Les années 1950 sonnent le déclin des houillères du bassin, le charbon local ne trouvant plus de débouché que dans les centrales thermiques. Dans les années 1960 le site arrête progressivement ses activités. En 1969, le puits Couriot devient puits de service et Chatelus I est détruit. Le démantèlement s’effectue de 1971 à la fermeture officielle le 5 avril 1973. A partir de cette date, le site fait l’objet de sécurisation et de rachat des parcelles par la ville.

De la conservation du site au musée de la Mine

Le musée de la Mine s’installe définitivement sur le site du Puits Couriot et ouvre en 1991. Porté par les anciens ingénieurs des Houillères, le premier projet évoque la mine et ses techniques. La professionnalisation de l’équipe du musée doublée d’une progressive reconnaissance nationale à l’égard du patrimoine industriel conduit à donner une dimension plus historique et sociétale au projet scientifique et culturel initial du musée. Ce grand site d’extraction charbonnière, exploité de 1913 à 1983 s’inscrit au sein du paysage urbain stéphanois comme le témoin majeur d’une activité qui a marqué l’histoire de la ville et de la région pendant deux siècles. Le musée permet de découvrir les différents aspects techniques mais aussi humains de la mine industrielle dans un environnement relativement bien conservé.

Le projet de rénovation

Une étude prospective du site Couriot avait été lancée par la ville en 2004, en parallèle au travail scientifique mené par Philippe Peyre, conservateur du musée et son équipe. Cette étude avait pour but de cerner « l’objet patrimonial » qu’est Couriot dans sa totalité, musée de France mais également objet symbolique, dans le but de démontrer l »importance du site également d’un point de vue urbain et paysager.

Réunissant une équipe pluridisciplinaire (Claude Tautel (architecte muséographe) ; Denis Lenglart (Atelier Choiseul – architecte urbaniste) ; Caroline Bigot (paysagiste) ; Alain Duclent (ingénierie culturelle) ; Charles Bouzols (politique de la ville) ; Michel Ducroux (économiste du bâtiment) ; Christophe Massart (architecte)) les conclusions des études rendues le 14 décembre 2004 ont défini clairement les enjeux de cette réhabilitation : « Presque « préservée », ou bien plutôt « oubliée », au pied de ses deux immenses crassiers, la « friche Couriot » semble avoir été abandonnée à elle-même, à son musée de la mine qui en occupe une strate. Bloquée par les voies ferrées et une gare « fantôme » (la gare du clapier), adossée au deux terrils, coupée de la ville par une voie rapide récente, morcelée par un parking et un camp de nomades, la friche Couriot est en situation urbaine peu avantageuse [….] Le site Couriot, c’est l’enjeu majeur de ré-définition d’une nouvelle entrée de ville qui soit aussi un lieu de « vie » pour les habitants, les Stéphanois et les touristes. C’est un véritable lieu, but de promenade, empreint d’une poésie singulière et unique ». Cette étude a permis le lancement d’un appel à candidatures pour la passation de marchés de définition simultanés portant sur la conception des aménagements du parc Couriot et la rénovation des bâtiments.

Une équipe de maîtrise d’œuvre a été retenue constituée par le cabinet d’architecture Gauthier + Conquet (architectes) associés à Michel Corajoud (paysagiste), la société Base pour l’éclairage et la société Scène pour la scénographie et, enfin, pour la partie monument historique, un architecte du patrimoine (Laurent Volay, agence Archipat).

La rénovation prévoyait une restauration de plusieurs bâtiments de l’ancien puits Couriot envisagés en fonction de la valeur patrimoniale de chaque bâtiment et des résultats des diagnostics techniques. En effet, depuis 2010 la totalité des parcelles correspondant à l’ancien site minier sont inscrites au titre des monuments historiques et depuis 2011 sont classés monument historique : les crassiers et leur parcelle,  les façades et toitures des bâtiments de l’ancienne mine et leur parcelle, les façades et toitures du bâtiment administratif, les autres bâtiments en totalité et leur parcelle, les installations techniques et leurs machines dont le chevalement, le monument aux morts, les bassins, l’entrée de la fendue des passerelles.

Le projet d’aménagement du parc musée de la mine a été autorisé en mars 2012 avec des prescriptions du ministère de la Culture (DRAC Rhône-Alpes). La restauration des bâtiments ont fait l’objet d’une subvention de l’État (ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Rhône-Alpes) en même temps que l’inscription de ce projet dans le « plan musées en région 2011-2013 » ont permis l’obtention d’une subvention spécifique pour la rénovation du musée. Une deuxième tranche de travaux concernant les abords du site et notamment l’accessibilité du musée, pensée par l’équipe de maîtrise d’œuvre, devrait être mise en place par la ville très vite après l’ouverture afin d’achever le grand projet de rénovation du « nouveau Couriot ».