L’État – DRAC a accompagné, soutenu et financé a 100 % cette restauration permettant à travers la redécouverte de cet objet exceptionnel la valorisation de la cathédrale de Nantes.

Fiche d’identité de l’œuvre :

Datation : Fin XVIe siècle ou début XVIIe siècle

Christ : matériaux divers : mortier, textiles, métal et polychromie ; Croix en bois

Dimensions avec la croix : H : 2,25 m ; L : 3,10 m ; P : 0,1 m

Classé au titre des monuments historiques en 2014

Travaux de restauration :

Propriété et maîtrise d’ouvrage de l’État

Montant des travaux : 34 669 euros

Entreprise : Hélène Gruau, restauratrice de sculptures

Historique et intérêt patrimonial de la sculpture :

À l’occasion d’importants travaux de restauration lancés en 2010, le Christ en croix espagnol conservé à la cathédrale de Nantes, jusqu’alors peu connu et relativement mystérieux, a fait l’objet d’une redécouverte par l’État – DRAC des Pays de la Loire.

En effet, les travaux de restauration, les recherches documentaires ainsi que l’expertise du Musée du Louvre, qui a souligné la rareté de cette œuvre à l’échelle nationale, ont permis de mettre en lumière l’intérêt historique et artistique de cette sculpture atypique.

C’est dans ce contexte qu’en 2014, le Christ en croix a été classé au titre des monuments historiques, ce qui a contribué à la reconnaissance de sa valeur patrimoniale exceptionnelle.

Daté de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle, il s’agit d’un des objets les plus anciens conservés à la cathédrale de Nantes, qui abrite très peu d’objets antérieurs à la Révolution Française, à l’exception du Tombeau de François II et de Marguerite de Foix, et de quelques tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles.

Cette œuvre se distingue par :

  • la particularité et la complexité de sa technique, inspirée de la pâte de maïs des crucifix mexicains : le Christ est réalisé par moulage dans un matériau blanc et épais, recouvert d’une enveloppe textile, sur laquelle est appliquée la polychromie.Cette technique permettait de peindre les chairs avec le même soin et les mêmes effets réalistes que dans une œuvre picturale.
  • la conservation de son périzonium en textile peint et de ses polychromies d’origine ;
  • le prestige de son modèle espagnol, le « Christ de Burgos ».

En effet, le Christ de Nantes appartient à la typologie du « Christ de Burgos », l’un des crucifix les plus vénérés dans le monde hispanique : connu par des images remontant au XIVe siècle, le « Christ de Burgos » constituait un support de dévotion mais aussi une statue miraculeuse, qui faisait l’objet d’un culte fervent, proche de celui dévolu aux reliques. Son succès se répandit alors dans le monde entier et donna lieu à nombreux cultes locaux et à des représentations multiples diffusées par la gravure, les tableaux mais aussi par d’autres sculptures.

Reprenant cet archétype, le Christ de la cathédrale de Nantes se caractérise par une tête penchée sur le torse, une intensité expressive proche du style doloriste de la sculpture espagnole, soulignée par l’emploi de fines couches de papier pour figurer les plaies et la souffrance du corps.

Acheté au cours des années 1960 par l’Association des amis de la cathédrale de Nantes, il a été offert en 1977 à l’État, qui, en tant que maître d’ouvrage, a mené l’ensemble des études préalables et travaux pour un montant total proche de 35 000 euros.

Nature des travaux :

La restauration de ce Christ a été particulièrement délicate compte tenu de l’ancienneté et de la fragilité de la sculpture, et des restaurations anciennes qui ont été appliquées sur l’œuvre. C’est pourquoi plusieurs études ont été menées au préalable avant le début des travaux afin de :

  • établir un bilan détaillé de l’état de conservation de la sculpture ;
  • mieux connaître la nature des matériaux constitutifs grâce aux analyses scientifiques ;
  • définir avec les restaurateurs spécialisés protocole d’intervention précis.

Cette restauration a nécessité le concours d’une équipe de restauration pluridisciplinaire (sculpture, polychromies, textiles) et la réalisation d’analyses scientifiques poussées (scanner, prélèvements), qui feront l’objet, avant la repose, d’une présentation par Hélène Gruau, restauratrice de sculpture.

La restauration a consisté en plusieurs étapes successives :

  • une désinsectisation complète de l’objet,
  • une consolidation partielle des endroits les plus fragiles par la pose de papiers de protection,
  • un important nettoyage,
  • un dégagement des polychromies anciennes en supprimant les repeints tardifs et grossiers pour retrouver la délicatesse de la peinture d’origine,
  • la suppression de l’armature métallique au dos qui avait été ajoutée probablement au XIXe siècle
  • une réfection de certains éléments, comme la main droite, qui était une restauration disgracieuse,
  • des retouches colorées pour harmoniser l’ensemble de l’œuvre.

Le 18 décembre, le Christ est installé à un nouvel emplacement dans la cathédrale : jusqu’à sa dépose en 2010, il était présenté sur un des piliers à l’entrée du chœur, côté Sud. À la demande de l’évêque, il sera replacé dans la nef, sur le pilier qui fait face à la chaire à prêcher, ce qui permettra aux fidèles et au public de mieux apprécier la qualité et la subtilité de cette œuvre.