Jusqu’alors envahis par les pigeons, aucune chauve-souris n’était observée dans les combles de la cathédrale de Montauban. C’est à l’occasion d’une opération de nettoyage et reprise en consolidation des grillages anti-pigeons que des ouvertures adaptées pour les chauves-souris ont été mises en place en 2012. Les premières observations témoignent de leur retour dès l’année suivante.

Les chauves-souris

En France, toutes les espèces de chiroptères (chauves-souris), ainsi que leurs habitats, sont protégés par la loi. Ces mammifères, dont les femelles engendrent un seul jeune par an, ne pullulent pas, ne construisent pas de nid et ne rongent pas les matériaux. Indispensables à l'environnement, les chauves-souris dévorent environ 2 000 insectes par nuit. Pourtant leur population décline, notamment à cause de la perte de leurs gîtes (sites où elles s'abritent) due souvent à des travaux de restauration ou au traitement chimique des charpentes.

Le partenariat

Dans le cadre du Plan national d’action pour les chiroptères (PNAC), une action en faveur des chiroptères dans les bâtiments a été lancée avec le ministère de la Culture et de la Communication. Depuis 2010, en Midi-Pyrénées, un partenariat entre la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et le Conservatoire d'espaces naturels (CEN) a été établi en faveur de la conservation des chauves-souris dans les monuments historiques dans le cadre du Plan régional d'actions pour les chiroptères (Prac). La région est marquée par un manque de connaissance sur les chiroptères en bâtiments et les gîtes en bâtiments sont de plus en plus rares. Cette action a pour objectif de prendre en compte ces espèces protégées dans le cadre des travaux et conserver leurs gîtes en bâtiments en associant les acteurs concernés.

Les chiroptères en bâtiments

Plusieurs espèces peuvent s’installer dans les bâtiments. Des espèces communes telles les pipistrelles, et des espèces plus rares, notamment les rhinolophes qui disparaissent des zones urbaines. Les pipistrelles se logent sous les toitures ou dans les fissures de murs alors que les rhinolophes recherchent les vastes combles. L’accès à ces gîtes se raréfiant (rénovation, pose de grillage anti-pigeons…) ces espèces disparaissent à leur tour. Or, la réglementation interdit la destruction des chauves-souris mais aussi de leurs « gîtes ».

Les monuments historiques recensent de vastes et anciens bâtiments présentant des conditions favorables pour les chauves-souris qui apprécient particulièrement les châteaux et les édifices religieux. Aujourd’hui, grâce à ce partenariat, la Drac prend en compte les chiroptères présents dans ces monuments.

Action de sensibilisation

Une fiche « Prise en compte des chauves-souris dans les bâtiments » a été conçue afin de sensibiliser les acteurs ainsi que les propriétaires sur cette problématique. L’idée était de répondre aux interrogations récurrentes : Pourquoi protéger les chauves-souris ? Où et comment les repérer ? Que faire en cas de travaux ? Qui contacter en cas de présence de chauves-souris ?

Cette fiche va circuler largement dans le réseau des acteurs des bâtiments et contribuera à les accompagner pour respecter la réglementation au bénéfice des chauves-souris. Cet outil permettra d’anticiper la prise en compte des chauves-souris avant les travaux et donc laissera le temps de prévoir des mesures adaptées pour les conserver.

La Drac transmet la liste des monuments historiques à rénover au Conservatoire, ce qui sert de base d’échange sur la problématique des travaux et de leur impact potentiel et d’occasion pour rencontrer les acteurs des bâtiments, les informer sur le sujet et les conseiller en cas de présence de chauves-souris.

Le cas de la cathédrale de Notre-Dame de Montauban

En 2012, une opération de nettoyage et reprise en consolidation des grillages anti-pigeons étant annoncée, le Conservatoire a contacté l'architecte des bâtiments de France, chef du Service territorial de l’architecture et du patrimoine du Tarn-et-Garonne (Stap 82) et, d'un commun accord, la décision a été prise de mettre en place des ouvertures adaptées pour les chauves-souris excluant de facto l’intrusion de pigeons, les combles apparaissant en effet favorables à l’installation de chiroptères. Profitant des travaux en juin 2012, Mme Vidaillac (Stap 82) a sollicité M. Relano (entreprise de travaux difficiles) pour modifier trois ouvertures au niveau des jours d’aération des combles. Des traces de présence de chauves-souris (probablement des pipistrelles) ont été identifiées en mars 2013 et quelques individus ont été observés à l’occasion des Journées du patrimoine en septembre 2013 ! En revanche, plus l’ombre d’un pigeon, une nouvelle bienvenue pour la cathédrale Notre-Dame.

L'objectif était d’ouvrir les combles aux chauves-souris, espèces discrètes qui contribuent à la régulation des populations d’insectes de par leur régime alimentaire. Alors que les pigeons sont des espèces introduites et invasives, les chauves-souris sont autochtones et protégées. Leurs populations sont en forte régression notamment en contexte urbanisé où les caves, granges, greniers, combles ouverts se font rares. Accroître le potentiel d’accueil de ces espèces contribue à maintenir les populations actuelles à retrouver un toit. L’opération est en bonne voie ! Si la recolonisation peut prendre du temps, la fréquentation observée témoigne d’ores-et-déjà de l’efficacité de l’aménagement réalisé.

 

Ouverture pour chiroptères au niveau des jours d'aération

En conclusion

Désormais, la cathédrale de Notre-Dame de Montauban présente non seulement un patrimoine culturel mais conserve en plus un patrimoine naturel insoupçonné dans ses combles ! Espérons que cette initiative servira d’exemple et que ce type de démarche ouvre de nouvelles perspectives pour une meilleure prise en compte des chauves-souris dans les monuments historiques.

L’implication de la Drac et du Stap 82 dans ce travail a été remarquable, notamment le soutien de Lionel Mottin, architecte des bâtiments de France et d'Isabelle Vidaillac, ingénieur des Services culturels et du patrimoine, ainsi que la contribution de Jérôme Relano sans qui cette initiative n’aurait pu aboutir.

Contacts

  • Cathie Boleat
    Conservatoire d’espaces naturels de Midi-Pyrénées
    Tél. 05 81 60 81 90
  • Isabelle Vidaillac
    Service territorial de l'architecture et du patrimoine (Stap 82)
    Tél. 05 63 22 24 10

Pour en savoir plus

Conservatoire d'espaces naturels Midi-Pyrénées, rubrique Documents, documents téléchargeables, Chauves-souris