Trente-deux lieux de mémoire de la région Hauts-de-France ont été inscrits au titre des Monuments historiques dans le cadre de la thématique Grande Guerre.

Trente-deux monuments de l’art funéraire et commémoratif de la Grande Guerre répartis dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Oise, de l’Aisne et de la Somme ont été inscrits au titre des monuments historiques en accompagnement de la proposition d’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité à l’UNESCO, « sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre Mondiale (Front Ouest) ». Il s’agit de :

► Département du Nord :

  • Le cimetière allemand de la route de Solesmes et le Cambrai East Cemetery à Cambrai, témoignent des deux batailles de Cambrai (20 novembre-3 décembre 1917 et 8-10 octobre 1918). Le cimetière allemand, œuvre de l’architecte Wilhelm Kreis, est un cimetière de regroupement mettant en avant la fraternisation des combattants transcendant les nationalités. Le cimetière britannique, œuvre des architectes Charles Henry Holden et Wilfrid Clement von Berg, y est intégré. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Louverval Military Cemetery et le Cambrai Memorial à Doignies, en bordure de la RD630 et du hameau de Louverval, témoignent de la première bataille de Cambrai (20 novembre-3 décembre 1917), illustrée par le mémorial néoclassique, œuvre de l’architecte Harold Chalton Bradshaw et du sculpteur Charles Sargeant Jagger. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le V.C. Corner Australian Cemetery and Memorial à Fromelles, œuvre des architectes britanniques Sir Herbert Baker et William Harrison Cowlishaw, est constitué de deux fosses communes contenant les restes de soldats australiens, victimes de la bataille de Fromelles (19-20 juillet 1916). L’inscription concerne le site en totalité.

► Département du Pas-de-Calais :

  • La Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette à Ablain-Saint-Nazaire témoigne des violents combats pour la reprise de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. Plus importante nécropole française de la Grande Guerre, c’est une œuvre monumentale de l’architecte Louis-Marie Cordonnier, célèbre architecte du nord de la France. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le Monument au Général Maistre et au 21e Corps d’Armée à Ablain-Saint-Nazaire, anciennement intégré à la nécropole nationale, se trouve à proximité du site et de l’anneau de la mémoire. Il commémore la personnalité du chef ayant mené ses troupes à l’assaut de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. L’œuvre est due au sculpteur Maximilien dit Max Blondat. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Faubourg d’Amiens British Cemetery, Arras Memorial et Arras Flying Services Memorial à Arras, illustre à la fois la bataille d’Arras (avril 1917) et l’engagement des services aériens britanniques durant la Grande Guerre. Cette œuvre monumentale est signée du grand architecte britannique Sir Edwin Lutyens et du sculpteur Sir William Reid Dick. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • L’Etaples Military Cemetery à Étaples témoigne du plus vaste camp d’entraînement de l’arrière-front et des hôpitaux militaires britanniques installés sur le littoral du Pas-de-Calais. En résonance avec le site, le plus grand cimetière du Commonwealth en France est une œuvre impressionnant de l’architecte britannique Sir Edwin Lutyens. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le Trou Aid Post Cemetery à Fleurbaix commémore la bataille de Fromelles (19-20 juillet 1916). Petit cimetière britannique paysager est entouré de douves au cœur de la plaine agricole. Unique en France, il dégage une ambiance particulière empreinte d’une certaine poésie. Il est l’œuvre des architectes Sir Herbert Baker et John Reginald Truelove. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Mémorial national canadien de Vimy à Givenchy-en-Gohelle/Vimy rappelle de manière exceptionnelle la participation des troupes canadiennes à la défense de la Liberté et à la libération du territoire national. Cette œuvre monumentale de l’architecte et sculpteur canadien Walter Seymour Allward qui domine la plaine de la Gohelle et le bassin minier tel un diapason, est également, pour le peuple canadien, le symbole de l’éveil de leur nation. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le Dud Corner Cemetery et le Loos Memorial à Loos-en-Gohelle, au bord de la RD943 de Lens à Béthune, se situe à l’emplacement des combats de la bataille de Loos (septembre-octobre 1915). Le site donne la vision d’une forteresse hors du temps émergeant des champs cultivés comme un mirage dans le désert. Il a été conçu par les architectes John Reginald Truelove et Sir Herbert Baker, et décoré par le sculpteur Sir Charles Thomas Wheeler. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le cimetière allemand de Maison-Blanche à Neuville-Saint-Vaast, situé en bordure de la RD937 d’Arras à Béthune, commémore les violents combats des batailles d’Artois (1914-1915). Il s’agit du plus vaste cimetière allemand de regroupement, œuvre paysagère de l’architecte-paysagiste Robert Tischler, qui illustre l’idée allemande de la fusion avec la nature. L’inscription concerne le site en totalité.
  • L’ensemble constitué par le monument de la Compagnie Nazdar, le cimetière et le mémorial tchécoslovaques à Neuville-Saint-Vaast, en bordure de la RD937 d’Arras à Béthune, témoigne de la participation des volontaires tchécoslovaques aux combats de la Grande Guerre, pour la défense de la Liberté et l’indépendance de leur patrie. Cette œuvre composite est due aux sculpteurs tchèques Jaroslav Hruška (monument de 1925, inspiré du cubisme tchèque) et Marta Šůmová, et des architectes Henri Bourdarie et Bernard Héger. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le monument à la mémoire des Volontaires polonais à Neuville-Saint-Vaast, face au site tchécoslovaque en bordure de la RD937 d’Arras à Béthune, évoque la participation des volontaires polonais, engagés dans l’armée française, pour la libération du territoire français. Les bas-reliefs sont l’œuvre du célèbre sculpteur français Maxime Real del Sarte. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Neuve-Chapelle Memorial (mémorial indien) à Richebourg, est élevé à la mémoire des troupes indiennes du Commonwealth engagées dans les batailles de la Lys, sur le site de la bataille de Neuve-Chapelle (10-13 mars 1915). L’architecte britannique Sir Herbert Baker, co-réalisateur de la nouvelle capitale indienne New Delhi, s’est inspiré de l’architecture indienne pré-moghole et moghole pour la conception du mémorial, édifié avec la collaboration de l’architecte Arthur James Scott Hutton et des sculpteurs Sir Charles Thomas Wheeler et Joseph Armitage. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le cimetière portugais à Richebourg évoque la participation des soldats portugais et de la République du Portugal au premier conflit mondial. Œuvre de l’architecte Tertuliano Lacerda Marques et du dessinateur et caricaturiste Tomas Julio Leal de Câmara, le seul cimetière portugais en France illustre l’art lisutanien, notamment dans son portail d’entrée. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Lichfield Crater à Thélus, produit de la guerre souterraine, est un cratère de mine renfermant les restes de soldats canadiens enterrés au-dessus de soldats allemands ensevelis par l’explosition de la mine. C’est l’unique exemple de cratère-cimetière dans le corpus funéraire de la Grande Guerre, œuvre de l’architecte William Harrison Cowlishaw. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.

► Département de l’Oise :

  • La Nécropole française et le cimetière allemand de Thiescourt limitrophes se situent sur un terrain où se trouvait une fosse commune franco-allemande d’une cinquantaine de corps. Réalisé le 4 janvier 1920, sobre et bien intégré dans le paysage, le cimetière allemand est conçu selon les principes de l’architecte munichois Robert Tischler autour de deux grands principes : le deuil et la vie universelle. La nécropole française est une nécropole de regroupement dont la disposition, en rangée autour d’une allée centrale, avec un axe de symétrie, est conforme à la disposition des nécropoles françaises. L’ensemble témoigne des importants combats du printemps et de l’été 1918 qui ont eu le lieu lors de la bataille de Noyon et dans le secteur du Matz. L’inscription concerne le site en totalité.

► Département de l’Aisne :

  • Le Cimetière franco-allemand de Le Sourd à Lemé, conçu en 1915 sur l’ordre de Guillaume II et exécuté par les architectes, lieutenants Brunisch et Heidt, rend hommage aux soldats tombés lors de la bataille de Guise les 28 et 29 août 1914, qui fit près de 9000 victimes parmi les soldats allemands. Le cimetière est constitué de deux parties où reposent les corps des soldats français tandis et les corps des soldats allemands qui sont réunis autour de monuments régimentaires en granit réalisés par J. Limburg. Le site comprend des stèles illustrant la personnalisation des tombes en temps de guerre, notamment par la présence de stèles uniques à la mémoire d’officiers membres de la noblesse allemande, tels que les familles Von Witzleben, Von Plettenberg et Von Bismarck. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Mémorial américain du Bois Belleau et le cimetière américain de Belleau représentent un lieu de mémoire important de la bataille du Bois Belleau, en juin 1918, où de nombreux soldats américains ont perdu la vie. Le cimetière dit «Aisne-Marne », compte 2289 sépultures. La chapelle édifiée au-dessus des tranchées qu'occupaient les soldats de la seconde division américaine de défense du Bois Belleau, datée de 1930, est due au cabinet d'architectes Cram&Ferguson et au sculpteur Alfred Alphonse Bottiau. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Monument américain de la cote 204 à Château-Thierry, œuvre monumentale et fruit de la collaboration entre l'architecte franco-américain Paul Philippe Cret et le sculpteur français Alfred Alphonse Bottiau illustre la volonté de l'American Battle Monuments Commission de faire ériger un monument afin de rendre hommage aux soldats américains morts lors du combat de juillet 1918. Il est également le témoin de l'engagement des États-Unis dans la Première Guerre Mondiale, auprès de la France et de l’amitié entre les deux pays. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Les Chapelle et lanterne des morts de Cerny-en-Laonnois constituent le Mémorial du Chemin des Dames, étape majeure dans le pèlerinage du Chemin des Dames. L’ensemble atteste de la reconnaissance des sacrifices accomplis par les soldats de la Première Guerre Mondiale dans ce secteur de l’Aisne. La construction de la chapelle, due à l’architecte R. Longepied, a été commandée par un comité local réunissant des anciens officiers, des hauts dignitaires de l’Église, le président de la Fédération protestante de France ou encore le Grand Rabbin de France. L’inscription concerne le site en totalité.

► Département de la Somme :

  • Le Mémorial national australien de Fouilloy et Villers-Bretonneux, occupe une position géographique clef puisqu'il domine complètement la vallée de la Somme. Réalisé en 1938 et inauguré la même année, il est le chef d’œuvre de l'architecte majeur de l'architecture anglaise du XXe siècle : Sir Edwin Lutyens. Lieu de mémoire, il est aussi et surtout d'une grande qualité, à la fois dans son architecture, dans son décor, et dans sa conception paysagère imaginée par Sir Reginald Blomfield et mis en œuvre par la paysagiste anglaise Gertrude Jekyll. Il témoigne du sacrifice des troupes australiennes. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • La chapelle du Souvenir français à Bouchavesnes-Bergen construite par l’architecte Pierre Paquet et inaugurée en 1923 est gérée depuis 1937 par le Souvenir Français. Due à l’initiative privée en juillet 1917 de Mme Du Bos en mémoire de son fils tué à l’ennemi en septembre 1916 et située à l’entrée de la grande nécropole de Rancourt où sont inhumés 8500 soldats français, la chapelle cristallise la mémoire de la bataille de la Somme de 1916. L’inscription concerne l’édifice en totalité.
  • L’Oratoire du cimetière allemand de Rancourt, construit au centre des ossuaires, est dédié au recueillement intérieur des familles. C'est un édifice de plan très simple, en forme de halle qui présente à l’intérieur un bas-relief représentant une mise au tombeau d'une mère et de trois orphelins, œuvre du sculpteur munichois Geiger. L’édifice est le témoin du sacrifice humain allemand lors de la bataille de la Somme. L’inscription concerne l’édifice en totalité.
  • Le Cimetière chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer situé en Baie de Somme atteste de l’effort de soutien apporté par le gouvernement chinois aux armées combattantes avec le recrutement de travailleurs chinois volontaires, les « coolies » , qui ont été près de 200 000 à venir en France pendant et après le conflit, avec le statut de travailleur sous contrat. Sur le littoral, le camp chinois de Noyelles a employé dès 1917 plus de 2000 « coolies » par jour pour acheminer les munitions et le ravitaillement de la côte vers le front. Réalisé à partir de 1921, le cimetière de Nolette est le plus grand cimetière chinois sur l'ensemble du front avec 841 tombes et une stèle sur laquelle sont gravées 41 noms. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Cimetière militaire de Louvencourt à l’origine cimetière de campagne lié à la présence dans ce secteur de l’arrière-front d’un hôpital, est l’un des trois premiers cimetières « prototypes » érigés à la demande de l’Imperial War Graves Commission. Il traduit la première réflexion esthétique funéraire du Commonwealth, le premier essai architectural, pour porter hommage de manière pérenne aux combattants. Sorte de laboratoire architectural funéraire, il a été mis en œuvre au cours de l’année 1920 par Sir Reginald Blomfield, d'après des dessins donnés dès mai 1918. Le cimetière abrite également des stèles françaises en pierre sculptée, extrêmement rares et non standardisées. Elles portent le motif du casque et n’obéissent donc pas à la standardisation des nécropoles françaises, qui présentent des croix en béton blanc. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le «  Memorial to the Missing », monument britannique de Thiepval-Authuille, chef d’œuvre de l'architecte Sir Edwin Lutyens, est un monument exceptionnel par son échelle, sa massivité, son importance dans le grand paysage. « Hors norme », mémorial aux dimensions de l'immense tragédie subie par les forces britanniques engagées dans la Bataille de la Somme à partir du 1er juillet 1916, ce mémorial, arche de 45 m de haut, était destiné à célébrer les disparus des armées de terre entre juillet et novembre 1916. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • La Tour d’Ulster à Thiepval est une construction emblématique de la culture irlandaise, œuvre des architectes Bowden et Abbot de Craven Street à Londres, selon le modèle de la Tour Helen du parc de Clandeboye en Ulster. Ce mémorial symbolise le sacrifice irlandais lors de la Bataille de la Somme. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Mill Road Cemetery à Thiepval édifié sur le lieu exact de la redoute des Souabes, en plein cœur de la bataille de la Somme est un cimetière à l'esthétique originale qui présente des stèles en position horizontale. L’inscription concerne le site en totalité.
  • Le Mémorial national sud-africain de Longueval réalisé par l'architecte Sir Herbert Backer a été érigé sur le lieu du sacrifice de la brigade sud-africaine chargée de tenir le Bois Delville « coûte que coûte » dont seulement 143 rescapés furent relevés le 20 juillet 1916. Il est constitué d'une arche centrale surmontée d'une statue en bronze, œuvre du sculpteur britannique Alfred Turner conçue en 1926, représentant Castor et Pollux tenant un cheval. Le cimetière de Delville Wood abrite 5523 corps. Le bois Delville représente le symbole national sud-africain du courage et du sacrifice. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le Mémorial de Pozières à Ovillers-la-Boisselle a été dessiné par l'architecte Cowlishaw pour l'Impérial War Graves Commission. Il comporte près de 2800 sépultures de Canadiens, Australiens et Britanniques tombés autour de Pozières en juillet 1916. Les noms de 14 690 disparus sont gravés sur les murs du mémorial. Fermé par un long péristyle, le mémorial de Pozières est appelé le « cimetière aux colonnes ». L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.
  • Le Parc mémorial Terre-neuvien de Beaumont-Hamel et Auchonvillers, aménagé sur les plans du paysagiste Rudolph Cochius a conservé volontairement le champ de bataille, les tranchées et autres traces de la guerre afin de donner à voir aux générations futures un lieu devenu sacré. Des espèces de végétaux ont été importées de Terre-Neuve. Le caribou, emblème de Terre-Neuve et de son régiment, au sommet du monticule de terre est dû au sculpteur Basil Gotto. Trois cimetières sont compris dans le parc. L’ensemble constitue le témoignage de l’offensive du régiment terre-neuvien du 1er juillet 1916, action qui fut l’une des plus meurtrières de l’offensive de la Somme. L’inscription concerne le site en totalité. Il a fait l’objet d’un vœu de classement.

La demande de protection au titre des monuments historiques d'un monument est formulée par des propriétaires publics ou privés. La protection des immeubles intervient après avis consultatif de la CRPA et prend effet après signature des arrêtés par le préfet de région. Les immeubles inscrits au titre des monuments historiques, en raison de leur intérêt historique, artistique et architectural, font l'objet de dispositions particulières pour leur conservation afin que toutes les interventions d'entretien, de réparation, de restauration ou de modification puissent être effectuées en maintenant l'intérêt culturel qui a justifié leur protection. Les monuments protégés bénéficient d'un suivi par la Conservation régionale des Monuments historiques (DRAC)