Nommé au grade de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, sa médaille lui a été remise ce jeudi 26 novembre, par la directrice régionale des affaires culturelles du Centre-Val de Loire

Né en 1931 à Gien dans le Loiret, André ROBILLARD a été amené à l'hôpital de Fleury les Aubrais, alors centre psychothérapique du Loiret, en 1939 par son père. Des motifs de son hospitalisation, il dit laconiquement qu'il était nerveux. Au sortir de la guerre et jusqu'en 1964, plusieurs tentatives de sorties avec retour chez lui sont initiées sans réel succès. Il est ré-hospitalisé.

En 1964, il devient employé de l'hôpital comme aide auxiliaire dans les services techniques de l'établissement. Il est logé pour une somme modique au sein de l’hôpital et travaille à la station d'épuration, à la chaufferie, à la cuisine et aux jardins, jusqu'en 1991, date de sa retraite.

C’est au début des années 50, qu'il a eu l'idée de fabriquer un fusil avec les objets qui traînaient autour de la station d'épuration où il travaillait. "C'était parce que mon père il était garde chasse. Il allait à la chasse et puis moi je me suis mis à faire des fusils, c'est pour ça que ça m'a donné l'idée. ”Paul Renard, son psychiatre, ne reste pas indifférent à cet objet fragile, bricolé et décide de le donner à Jean Dubuffet, qui cherche, depuis 1945, des œuvres «exécutées par des personnes indemnes de culture artistique». Lorsqu’André Robillard découvrira ses fusils au Musée d’Art Brut de Lausanne, il dira “J’ai réalisé alors que ce que je faisais avait de la valeur. Jusque-là, je ne m’en étais pas rendu compte.”
L’œuvre d’André Robillard est multiple, foisonnant et ne se limite pas, loin s’en faut, à la création de fusils. On y retrouve les sculptures faites d’assemblages de matériaux hétéroclites reproduisant des fusils, des animaux, des chars, des spoutniks, des cosmonautes, mais aussi les dessins sur une multiplicité de supports –y compris panneau de contreplaqué et carrosserie de voiture–, les photographies instantanées prises au Polaroid.

L’inventaire s’étend également à des créations immatérielles : la musique, la performance, le théâtre. Cet univers créatif, nourri de souvenirs, de rencontres, d’évènements, contribue à composer une mythologie individuelle dans laquelle André Robillard se raconte et se construit, jouant avec les dates et les mots, le vrai et l’inventé.