Madame la Présidente, chère Laurence,

Cher Jean-Claude Meyer,

Messieurs les ministres,

Chers amis, chers tous,

Ce lieu et cette institution me sont, à titre personnel, familiers et précieux depuis de longues années déjà – je crois que je n’ai pas besoin de vous en convaincre ni de vous indiquer pourquoi.

Ce que je suis venue vous dire, aujourd’hui, c’est combien la BnF compte, désormais, pour la ministre que je suis. Combien elle compte, évidemment, pour la Culture qu’elle abrite et protège ; pour la Culture qu’elle nourrit, aussi, par la constitution des collections ; pour la Culture qu’elle incarne, par son architecture. Tout cela est essentiel. Tout cela sera défendu.

Mais ce n’est pas tout. La BnF est chère, aussi, à la ministre que je suis, pour le modèle de bibliothèque qu’elle a réussi à bâtir. Parce que ce n’est pas un simple lieu de prêt ou de lecture, c’est devenu un lieu de vie, de savoir, de partage. Et c’est dans ce sens que nous voulons faire évoluer les bibliothèques et médiathèques de la France entière : en les ouvrant davantage, d’abord, notamment le week-end ; et en les transformant, pour y faire entrer des expositions, des ateliers, des animations. Pour en faire de vrais foyers de vie culturelle.

Et enfin, si la BnF m’est chère, c’est pour la philosophie qu’elle porte. Car il y a, au cœur de son projet, une valeur qui sera aussi au cœur de la politique que je défendrai : c’est la transmission. Transmission par l’extension de l’accès aux savoirs et aux œuvres, d’abord. La BnF n’a de cesse d’avancer en ce sens, grâce à sa politique d’accueil du public, grâce au travail monumental et précurseur entrepris en matière de numérisation. Transmission par la pédagogie, aussi, à destination du public le plus jeune notamment. C’est un axe qui est pour moi fondamental : l’éducation artistique et culturelle à l’école sera l’une de mes priorités. Transmission, également, vers les territoires et entre les territoires, grâce au travail de coopération conduit avec les bibliothèques patrimoniales de la France entière. Et cela aussi m’est précieux : je suis ministre de la culture pour tous, dans tous les territoires. Au total, la BnF est un modèle de ce que la Culture et de ce que l’ensemble des acteurs de la Culture sont appelés à accomplir : jeter des ponts entre les époques, entre les générations, entre les géographies.

Cette mission, c’est celle qu’assume l’auteur auquel revient le 9ème Prix de la BnF cette année : Paul Veyne. Cher Paul, félicitations pour ce Prix. Ce travail de transmission que j’évoquais est, je crois, au cœur, et peut-être le cœur de votre œuvre. Je n’en rappellerai pas ici l’étendue ni la richesse. Je voudrais simplement vous remercier pour la lumière que vous nous apportez – sur le temps passé, sur le temps présent, sur les temps à venir. Vous êtes tout à la fois un passeur, un penseur, un éclaireur. Vous n’avez cessé d’œuvrer, notamment, à la construction du lien précieux qui réconcilie mémoire et modernité, et qui nous est plus nécessaire aujourd’hui que jamais.

Je ne serai pas plus longue. Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent diner. Merci encore à ses organisateurs, et particulièrement à Jean-Claude Meyer, qui est à l’origine de ce Prix, et qui fait, plus largement, preuve d’un engagement constant autour de la BnF. Merci et bravo à vous, chère Laurence, pour l’ensemble de votre travail ; merci pour la vie, pour la couleur et pour la profondeur que vous donnez à cette institution. Merci encore à vous, enfin, cher Paul Veyne, pour ce que vous apportez à la Culture. Et bravo pour cette récompense. Grâce à votre œuvre, dans l’éternité, les générations à venir ne s’ennuieront pas. Et je conclurai ce discours avec la phrase sublime par laquelle vous concluez votre récent ouvrage sur le saccage de la cité antique de Palmyre par Daesh : « Oui, décidément, ne connaître, ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir ».

Je veillerai, avec vos côtés, à tenir l’éteignoir à distance.

Bonne soirée à toutes et à tous.