Mesdames et messieurs les ambassadeurs, parrains et marraines de ces Assises,

Mesdames et messieurs, chers amis,

C’est un grand plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui pour le lancement officiel des Assises de la Jeune Création dont la première réunion a eu lieu la semaine dernière à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville.

Bien plus qu’un symbole, c’est un geste politique fort que cette toute première réunion des Assises de la Jeune Création qui s’est tenue dans une de nos écoles, parmi la centaine d’établissements supérieurs Culture qui accueillent plus de 35 000 étudiants par an et conduisent chaque année plus de 10 000 diplômés sur le marché du travail.

Je tiens en effet à ce que nos écoles, qui sont à la croisée des trois priorités que j’ai fixées au ministère de la Culture et de la Communication – l’accès à la culture, le soutien à la création et le rayonnement culturel de notre pays –, soient au cœur des réflexions de ces Assises.

Pourquoi des Assises de la Jeune création ?

La jeunesse est la priorité du Gouvernement. Dès mon arrivée rue de Valois, j’ai eu à cœur d’en faire celle du ministère de la Culture et de la Communication.

J’ai rencontré des primo-romanciers à l’occasion de la dernière rentrée littéraire, des étudiants en écoles d’architecture et d’art à l’occasion des Ateliers numériques, des jeunes créateurs de mode, mais aussi des plasticiens, des musiciens, des danseurs, des comédiens… des auteurs comme des interprètes, qui m’ont tous fait part de leur passion et de leurs projets mais aussi des difficultés rencontrées pour être reconnu sur la scène artistique, pour trouver les moyens techniques ou financiers nécessaires à la réalisation d’un projet, pour rencontrer des diffuseurs ou des éditeurs…

J’ai voulu organiser ces Assises pour répondre à ces préoccupations légitimes et permettre à leur talent de s’exprimer et d’être reconnu.

Je crois aussi que le renouvellement des publics passe par le renouvellement de la création : soutenir et encourager la jeune création, c’est faire de nouvelles propositions artistiques, ancrées dans les usages et les pratiques d’aujourd’hui, dans lesquelles le public, je pense tout particulièrement aux plus jeunes mais aussi à ceux qui sont éloignés de la culture, peuvent se reconnaître. J’ai voulu que ces Assises puissent se saisir de la question des pratiques amateurs, de la large diffusion des œuvres mais aussi des actions en direction du jeune public, de l’éducation artistique et culturelle notamment.

Je souhaite créer une dynamique collective qui marque un temps fort de l’année culturelle tout en s’inscrivant dans la durée pour produire des résultats durables et des effets sur le long terme. Un printemps de la création qui doit nous permettre de penser l’avenir.

Il m’a semblé important de réunir tous les champs de la création autour d’enjeux structurants et de problématiques qui les concernent tous. J’ai voulu mettre autour de la table des représentants de toutes les disciplines : artistes et créateurs, représentants des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, organisations professionnelles, opérateurs culturels, personnalités qualifiées, … pour favoriser l’échange des bonnes pratiques, des expériences de terrain et proposer des solutions innovantes au-delà des seuls enjeux propres à chacune des disciplines.

Parmi les enjeux qui structureront chacun des 6 groupes de travail :

- Les diversités car malgré sa vitalité, notre scène artistique ne rend pas assez compte de la riche diversité de notre société.

C’est le thème du premier groupe de travail qui s’est réuni jeudi dernier mais je souhaite que tous les groupes puissent s’emparer de cette question de la diversité sous toutes ses formes : sociale, géographique, ethnique ou culturelle.

C’est un enjeu qu’il nous faut saisir dès la formation avec une réflexion sur la place de la diversité dans nos écoles, dès le plus jeune âge, dès le premier accès aux pratiques artistiques à travers une réflexion sur l’éducation artistique et culturelle et les pratiques, en lien avec les acteurs de l’éducation populaire.

A ce titre, c’est un enjeu à moyen terme si nous le prenons à sa juste mesure et si nous voulons véritablement faire évoluer les mentalités comme les dispositifs.

Mais c’est aussi une question immédiate que je souhaite que nous prenions dès à présent en compte dans l’accès aux modes de production de la culture et à la tête de nos institutions. Je mesure l’impatience légitime face à des signes tangibles qui ont trop attendu en la matière.

- La formation car c’est là ce que se joue l’avenir de la création : il nous faut imaginer des formations qui anticipent les besoins des artistes de demain.

Il faut encourager le décloisonnement des pratiques et des savoirs, renforcer les liens entre nos écoles et consolider les passerelles qui les unissent au monde professionnel. La place de la recherche, la formation continue, l’ouverture à l’international et les liens avec l’université et le secteur économique doivent aussi être au cœur de nos réflexions.

- Le repérage car les nouveaux talents se révèlent aujourd’hui de plus en plus via les réseaux sociaux, en développant une relation de proximité avec le public. La révolution numérique qui met en avant de nouveaux modes de créativité et de reconnaissance doit nous inviter à réfléchir aux outils de politique publique qui nous permettront de renforcer la visibilité des jeunes artistes et de mieux les accompagner.

- Les mobilités car c’est la clef du monde de demain.

Il nous faut réfléchir aux moyens de développer l’ouverture, la coopération et le rayonnement de la jeune création à l’international.

- L’insertion car qu’il soit ou non diplômé de l’une de nos écoles, l’entrée dans le monde professionnel ou la carrière artistique est une étape décisive pour un jeune artiste.

Il nous faut mieux nous interroger sur l’articulation et la circulation entre les différents secteurs, public ou privé, industries culturelles ou économie sociale et solidaire, mais aussi sur le rôle des réseaux de diffusion pour favoriser l’accompagnement des jeunes créateurs dans leur envol.

Je suis tout particulièrement sensible aux préoccupations liées à la mise à disposition de lieux : c’est tout le sens du projet Médicis Clichy-Montfermeil que je porte. Je souhaite aussi que des lieux au service de la jeune création puissent irriguer l’ensemble du territoire.

- Solidarités et transversalités, enfin, pour contribuer au renouvellement durable de la création en mettant l’accent sur les liens transgénérationnels et pluridisciplinaires.

Une dynamique de travail collective à Paris et en région centrée sur l’échange et le débat

Un mot sur le format de ces Assises, qui se déroulent simultanément à Paris et en région : le printemps sera rythmé par des réunions de travail dans des lieux emblématiques de la jeune création, sur tout le territoire.

Ce Tour de France de la jeune création doit nous permettre de poser les bases d’une large ambition, ancrée dans les expériences de terrain, qui s’incarne dans des mesures très concrètes que je souhaite pouvoir annoncer au début de l’été.

Je voudrais aussi dire quelques mots de nos ambassadeurs qui nous font l’amitié d’animer ces Assises et pour certains, que je salue, d’être parmi nous aujourd’hui. Chacun dans sa discipline incarne l’excellence, la vitalité, l’audace et la diversité de la jeune création, à l’image du talent d’Hafsia Herzi révélé par Adelatif Kechiche ou de Katell Quillévéré, plébiscitée au Festival de Cannes pour Suzanne après le succès d’Un poison Violent, des performances littéralement renversantes du circassien et danseur Yoann Bourgeois, des vidéos et des installations de Neïl Beloufa ou des ustensiles du quotidien d’Inga Sempé, à l’image aussi du succès de Nicola Delon qui été choisi avec Encore Heureux pour réaliser le village de la COP 21, faisant de la France le symbole international du changement pour le climat, à l’image encore du fort attachement du public pour Camélia Jordana. Je pense aussi bien sûr à Anne Nguyen et à sa compagnie hip-hop, au duo de pianistes Jatekok au Lab 212 et à tous les jeunes artistes, qui pour la plupart s’inscrivent dans une dynamique collective, qui animeront ces groupes de travail : Cyril Teste, Dorothée Smith, Marie de Quatrebarbes, …

Je veux remercier tous les participants de ces Assises, à Paris et en région, d’avoir accepté de se réunir pendant 2 mois pour faire des propositions au service d’une jeune création qui incarne les valeurs d’ouverture et d’audace de la culture.

Je suivrai avec la plus grande attention l’avancée des discussions et me rendrai à plusieurs réunions pour écouter les discussions et les débats et prendre connaissance des différentes propositions.

Et puisque l’acronyme de ces Assises nous invite à l’action : AJC (agissez !), je vous propose que nous ne perdions pas de temps et que nous nous mettions au travail sans plus attendre.

Merci à tous pour votre présence.

Bonnes réflexions à toutes et à tous.

Je vous remercie.