Monsieur le président de la commission, cher Dominique RAIMBOURG ;

Mesdames et messieurs les représentants d’associations, des ministères,

Mesdames et messieurs les membres de la commission,

Nous allons signer ensemble la charte « Culture-Gens du voyages et Tsiganes de France ».

Cette signature est l’aboutissement d’un travail, je crois, sincère et profond, de concertation et d’échange qui témoigne de la volonté partagée de mieux faireconnaîtreet valoriser la culture des gens du voyage. A titre personnel, je voulais dire que j’y suis très sensible, parce que la façon dont on traite les cultures minoritaires dit beaucoup de ce que nous sommes, dans notre majorité.

C’est aussi l’engagement d’une nouvelle étape dans la pleine reconnaissance de la citoyenneté des gens du voyage et des Tsiganes de France, dans le renouvellement des politiques culturelles et dans une politique de mémoire qui est indispensable et qui est aussi le socle de ces politiques de citoyenneté et de culture.

Vous savez que le ministère est très attaché aux actions qui développent le respect et la connaissance de la diversité culturelle et qui la mettent en valeur.

Et ce que vous représentez, vos métiers et vos traditions,  celle de la musique, de l’animation, de la poésie, de la fête, du cirque, des savoir-faire transmis de génération en génération, sont une part, certes minoritaire mais très importante, de l’Histoire de notre pays et cette part doit être mieux connue.

Je compte sur les engagements réciproques de cette charte pour bâtir des rendez-vous qui permettront de chasser l’indifférence, le mépris ou le rejet, et de consolider la fraternité entre les hommes et les femmes de ce pays.

Car quelle serait l’alternative ? L’alternative, c’est l’absence de culture, l’absence de connaissance, l’absence de respect ; l’alternative c’est la violence. La violence qui s’exprime, toujours sur le bouc émissaire, selon un phénomène que nous connaissons bien et qui pourtant se répète de génération en génération. Il nous faut, toute notre société collectivement, travailler pour que cela ne se répète pas.

 

Le ministère de la culture, au plan national, (je veux remercier le secrétariat général qui y a travaillé), et dans toutes les régions, grâce aux directions régionales des affaires culturelles, les DRAC, soutiendra, avec vous, de nombreux projets qui aideront à mieux vous connaître,  à mieux vous faire connaître, dans tous ces gestes que vous connaissez, dans votre Histoire et dans les traditions que vous portez.

 

C’est dans cet esprit que le ministère de la culture vient de reconduire pour trois ans la convention pluri-annuelle d’objectifs, signée avec la FNASAT-Gens du voyage. Cette association développe, grâce à sa médiathèque, la connaissance des actions conduites par les voyageurs dans le domaine culturel. La convention permet de consolider et étendre ses ressources documentaires, archivistiques et culturelles. Je salue l’action de cette association et en particulier son président, le Docteur Laurent El Gohzi et son directeur, Stéphane Léveque. Ils ont été les plus ardents à sensibiliser le ministère à la condition des voyageurs et au nouveau regard que nous devons porter à leur culture.

 

Parmi les gestes symboliques qui témoignent de la volonté de l’Etat de s’élever contre toute forme de violence, de discrimination ou d’ostracisme à votre égard, je tenais à vous en citer un qui me tient particulièrement à cœur car c’est un symbole Républicain et il faut que ces symboles soient utilisés : le Président de la République vient d’élever au grade de chevalier de la Légion d’honneur, Alexandre Romanes, (que je salue ainsi que sa femme Delia) qui incarne avec beaucoup de cœur la culture tzigane, sa part de culture, mais qui subit, comme beaucoup d’entre vous, des gestes d’intolérance, mais aussi de violence.

 

Ce moment de rencontre avec vous s’inscrit aussi dans le cadre de l’hommage que l’État va rendre aux internés sous conditions très spécifiques lors de la Seconde Guerre mondiale. Cet hommage est prévu fin octobre à Montreuil Bellay. Une fois encore, c’est un fort message que la République adresse à toute la population pour dénoncer les actes ou les paroles de haine, de discrimination ou d’intolérance, ainsi que le sort terrible de l’enfermement et de la déportation qui a été réservé à ces familles.

 

Ce moment de mémoire et d’hommage national permettra de faire connaître le travail remarquable de monsieur Jacques Sigot, l’instituteur de Montreuil Bellay. C’est lui qui a découvert le site et qui a passé 40 ans à le défendre, à retrouver l’histoire de ces familles incarcérées, à l’expliquer aux enfants et à écrire sa mémoire. C’est pour ce travail d’écriture, de mémoire et de transmission que j’ai souhaité qu’il soit élevé au grade de chevalier des Arts et des Lettres.

 

La première commande artistique nationale jamais réalisée en direction des gens du voyage vient d’être passée par le ministère de la culture à Armelle Benoit, une céramiste de renom : fin octobre, la présentation au public de cette œuvre rendra hommage à ceux qui ont été internés à Montreuil Bellay, et en d’autres lieux, au cours de la seconde guerre mondiale.

 

Cet hommage qui sera rendu par la Nation, nous en devons l’initiative à la Commission nationale consultative des gens du voyage, et à vous, en particulier, cher Dominique Raimbourg. Vous avez insufflé à la commission une nouvelle énergie, celle de vos convictions, et surtout, défendu avec la même force plusieurs amendements relatifs aux Gens du voyage dans le cadre de la Loi Égalité et Citoyenneté débattue à l’Assemblée cet été. Vous avez porté avec conviction la réforme de l’élection de domicile, le renforcement des moyens d’agir en faveur de l’accueil ou d’un habitat diversifié et l’abrogation du carnet de circulation de triste mémoire. Ce projet de loi arrive dès la semaine prochaine en discussion au Sénat. Ce sera une étape importante et difficile, car la majorité sénatoriale s’oppose à nombre de ces avancées  qui ont été permises pourtant, par l’Assemblée.

 

Mais la loi ne peut pas tout. Ses pleins effets appellent l’intervention de tous les acteurs publics et des déclinaisons au plus près des réalités de terrain. Cette Charte prend ici tout son sens.

 

Dans ce domaine comme dans tous les champs de l’action publique, le travail du secteur associatif est essentiel et je voulais vous en remercier. Grâce aux plateformes d’accès aux droits, d’information et d’orientation, les associations constituent souvent le dernier rempart contre l’extrême précarité et l’isolement. Elles seront des partenaires naturels des projets qui seront mis en œuvre grâce à cette charte.

 

Je voulais vous remercier, tous, vous qui avez rendu possible la signature de cette charte. Je salue votre implication et votre volonté de fonder un socle utile pour l’avenir.

 

Cette charte marque l’engagement du ministère de la culture, mais c’est aussi une pierre d’un plus vaste ensemble qui engage tout l’Etat. Certains points évidemment sont difficiles et engagent plusieurs ministères et qui engagent beaucoup de concertation. Mais je voulais vous témoigner, en signant cette charte et par mes mots devant vous ce matin, de l’engagement majeur du Gouvernement sur cette question. Je voulais vous dire que vous pourrez compter sur moi-même, sur le ministère de la culture, pour travailler en ce sens, au-delà de ce que nous allons signer aujourd’hui.

 

Je vous remercie.