Mesdames et Messieurs,

Mes chers amis,

 

Du très grand André Bloc, on connaît souvent sa maison de Meudon, qui fut aussi son atelier, et qui compta parmi ces ruptures dans l’histoire de l’architecture des années 1950. On connaît aussi la façon dont il a épaulé Claude Parent et d’autres jeunes architectes auxquels il a ouvert la voie. Et on connaît parfois ses sculptures-habitacles, qu’il a conçues sur le tard, après un intense travail de recherche, et qu’il a fait surgir de terre dans son jardin. Elles ont une puissance poétique sans pareil, elles nous font pénétrer soudain dans un univers onirique insensé, où la vitalité la plus intense jaillit de la pierre ou de la brique.

 

André Bloc fut un grand architecte. Il fut un grand sculpteur. Il fut un grand directeur de revue. Et toute sa vie, il chercha « la synthèse, entre l’architecture et la sculpture, dans une forme libre », parce que, disait-il, « nous croyons à l'Unité de la création, qu'il s'agisse d'urbanisme, d'architecture, d'équipement intérieur ou d'art pur. » Ce dont rêvait André Bloc, c’est au fond « d’un monde où la frontière entre l’art et la vie ne serait plus. » 

 

C’est un peu ce rêve-là que nous nous efforçons de poursuivre ensemble aujourd’hui, en apportant l’art dans la vie, dans le lieu le plus quotidien qui soit, ce lieu où l’on réside, ce lieu où l’on travaille, ce lieu où l’on est de passage. C’est l’ambition « d’ 1 immeuble, 1 œuvre ».

 

L’art à chaque coin de rue, dès qu’un immeuble sort de terre.  L’art aux portes et aux fenêtres.

 

L’art dans chaque bâtisse, pour que tous ceux qui l’habitent regardent autrement ce lieu qui leur est pourtant si familier.

 

L’art partout, pour que chaque habitant se sente heureux et fier de ce quotidien dont il a soudain la sensation qu’il est transfiguré par la puissance de l’œuvre qu’il accueille.

 

L’art partout, pour que chaque citoyen de ce pays soit convaincu que l’art est partie intégrante de son existence, individuelle ou collective, qu’il la nourrit, qu’il lui donne du sens et de la profondeur.

 

L’art partout, parce qu’il n’est pas seulement dans un musée, pas seulement dans un palais, pas seulement dans le salon d’un mécène ou d’un commanditaire, parce que l’art ne saurait être inaccessible. S’il est partie intégrante de la vie de chacun et de la vie collective, comment en effet le laisser inaccessible ?

 

L’art partout, parce que l’acte de construire a quelque chose à voir avec l’acte de créer, et qu’ils se mêlent parfois l’un et l’autre au point de se confondre.

 

Voilà de quel bois est fait « 1 immeuble, 1 œuvre ».

Voilà l’esprit qui nous habite, vous et moi, mon ministère et vos entreprises, nous qui nous engageons dans ce programme. Demain, avec vous, nous ferons en sorte que mille œuvres s’épanouissent, chaque année, dans chaque bâtiment que vous construirez.

Merci à vous. Merci à Accor, Ardian, BNP Paribas Real Estate, Bouygues Bâtiment Île-de-France, Bpd Marignan, la Compagnie de Phalsbourg, Eiffage Immobilier, Emerige, Gecina, Hines France, Ogic, Pitch Promotion et à Vinci immobilier. Vous êtes les premières entreprises à signer cette charte avec nous aujourd’hui. D’autres, je n’en doute pas, et je l’espère, viendront un jour vous rejoindre. Le soutien de la Fédération des promoteurs immobiliers, dont nous venons d’entendre la présidente, Alexandra François-Cuxac, est porteur d’espoir.

 

Sans la mobilisation de tous ceux qui œuvrent au service de l’art contemporain, sans la mobilisation des artistes même, cette ambition n’aurait pu aboutir.

Que Fabrice Hyber, en son nom propre et au nom des artistes, que Jean de Loisy, pour le Palais de Tokyo, et que Marion Papillon, au nom du Comité professionnel des galeries d’art – je salue d’ailleurs la présence de son Président Georges-Philippe Vallois - rejoignent le comité stratégique et artistique de cette opération est le signe manifeste de l’attente qu’elle suscite et de l’importance qu’elle revêt aux yeux de tous. 

Pour « 1 immeuble, 1 œuvre » le comité stratégique et artistique délivrera non seulement un label, mais aussi trois prix, un Grand prix, un prix de l'émergence et un prix du public. Je propose qu'ils soient remis début 2017 au Palais de Tokyo à l'occasion de l'exposition qui sera consacrée à l’opération, comme l'annonçait Jean de Loisy tout à l'heure. C’est ainsi qu’elle sera connue et reconnue aux yeux de tous. Je vous annonce par ailleurs que le trophée sera réalisé par les équipes de la cité de la céramique de Sèvres.

 

Quant à mon ministère, il sera bien sûr à vos côtés, car il est la maison des artistes et de la création : vous pourrez compter sur la Direction générale de la création artistique, qui a mis en place une équipe dédiée, et sur chaque direction régionale, par l’entremise des conseillers aux arts plastiques.

 

Jamais sans doute le sens de cet acte, qui nous implique conjointement, n’apparaîtra avec autant d’évidence.

C’est en effet en faveur de l’art contemporain que vous vous engagez.

Cet art que j’ai pour mission de soutenir et de faire découvrir.

Cet art dont le succès public ne se dément pas. Il est présent sur tous les territoires, au travers des centres d’art, lieux de production et de diffusion, et des FRAC, dont les collections seront bientôt déclarées inaliénables, par la loi que je porte.

Mais cet art que poursuivent aussi de leur vindicte les marchands de peur, qui le méprisent pour mieux en dénoncer l’élitisme, cherchent à l’entraver et parfois le saccagent, au nom d’une conception étroite et pétrifiée de notre histoire et de notre culture.

Dimanche, ces extrêmes ont perdu. Aujourd’hui, nous leur opposons la plus belle réponse qui soit : la mobilisation conjointe de la puissance publique et de la société civile au service de la création contemporaine, au bénéfice de tous.

Laissez-moi vous dire ma joie et ma fierté.

Laissez-moi vous dire aussi que le combat n’est pas terminé. Il a besoin de la mobilisation de tous. Et vous pouvez compter sur moi, sur ma détermination, pour le mener à vos côtés. Je sais trop ce que l’art apporte à la vie pour laisser l’obscurantisme gagner du terrain. L’art, je continuerai de me battre pour le mettre en valeur et pour le protéger. Voilà pourquoi j’entends donner force de loi à la liberté de création. Voilà pourquoi je m’attache à préserver et à faire progresser les moyens que la Nation lui destine.

 

 

 

 

C’est envers la création contemporaine et plus singulièrement envers la jeune création que vous vous engagez. J’en ai fait, vous le savez, l’une de mes priorités, en lui consacrant des Assises, au Printemps dernier. Nous nous sommes donnés pour objectif de mettre en valeur les talents émergents, pour encourager le renouvellement et la diversité de la création à la fois. Les premières mesures qui en sont issues commencent déjà à voir le jour : résidences d’artistes, pépinières et incubateurs culturels au sein même des écoles d’art, révision de la formation des élèves. C’est aussi là que nous mènerons le combat en faveur de la création.

 

C’est enfin envers la société tout entière que vous vous engagez. Dans une France marquée à jamais par les drames de cette année qui s’achève, dans une France dont la vie culturelle a été frappée par le fanatisme le plus terrible, nous avons plus que jamais besoin d’arts et d’artistes.

 

Car ils apportent avec eux la puissance de l’imagination, le questionnement du présent, l’invention de futurs possibles, l’exploration des émotions humaines.

Car ils incarnent, avec la générosité immense qui caractérise les artistes, cette liberté que nous chérissons par-dessus tout.

 

Car ils participent, avec leurs œuvres, à la conversation nationale.

Et cette conversation nationale, nous avons la responsabilité collective, de faire en sorte qu’elle soit riche, intense, diverse, ouverte. Car c’est ainsi que nous formons une Nation.

 

Merci à vous.