Jeanne Moreau fut une immense artiste. De celles et ceux auxquels aucun hommage ne saurait rendre véritablement justice, tant son œuvre fut riche, et son empreinte profonde. De celles et ceux qui laissent une trace dans chacune des existences qu’ils croisent, et qui ne nous permettent pas de les oublier.

Elle restera dans toutes les mémoires. La nôtre : celle de ses contemporains, dont elle aura éclairé l’existence, par son talent, sa présence, sa voix. Elle restera dans la mémoire du théâtre, qui fut son premier terrain d’expression, et duquel elle ne s’est jamais éloignée – elle restera notamment dans la mémoire du festival d’Avignon, qu’elle a connu dès la première édition en 1947, et qui la verra pour la dernière fois en 2011.

Elle restera dans la mémoire du cinéma, où elle a incarné l’exigence et l’avant-garde « à la française ». Portée par Louis Malle, qui lui offre son premier grand succès avec Ascenseur pour l’échafaud, elle sera l’une des icônes de la Nouvelle vague, avec entre autres l’inoubliable Jules et Jim, de François Truffaut. Elle travaillera avec les plus grands réalisateurs du monde entier – d’Orson Welles à Michelangelo Antonioni en passant par Luis Buñuel, Theo Angelopoulos, Joseph Losey, Wim Wenders ou encore Amos Gitaï. La liste est longue de tous les cinéastes avec lesquels elle a collaboré, jusqu’aux toutes dernières générations, qu’elle n’a cessé de soutenir et d’inspirer.

Elle marquera également la mémoire de la télévision, par la grande complicité qui la liait à la réalisatrice Josée Dayan, notamment, et celle de la chanson – depuis le Tourbillon de la vie, avec le grand Serge Rezvani, jusqu’au Condamné à mort, poème de Jean Genet mis en chanson par Etienne Daho.

Jeanne Moreau nous a fait grandir, par l’intelligence de son jeu, par l’audace et la modernité permanentes de son propos. Elle nous a émus, elle nous a surpris, passionnés, fascinés : elle nous a fait vivre, en somme.

Mes pensées vont à sa famille et à ses proches.