Il n'est pas si facile de plaire si longtemps et à de si larges publics.

Pour des millions de Français, la disparition de Roger Hanin est celle du commissaire Navarro, rôle qu'il a tenu durant près de vingt ans avec tant de succès. Pour autant, sa carrière ne s'y résume résolument pas. On se souviendra ainsi de l'acteur du Coup de Sirocco et du Grand Pardon, ou encore, des films qu'il tourna avec Claude Chabrol, où il se parodia avec beaucoup d'humour en incarnant le « Tigre ». Quelques années plus tôt, un autre grand cinéaste, Luchino Visconti, lui avait offert un très beau rôle dans ce qui est devenu un classique du septième art, Rocco et ses frères.

La célébrité qu’il devait au cinéma et à la télévision ne doit pas faire oublier que Roger Hanin venait du théâtre. Il était profondément heureux d’avoir pu, tout au long de sa carrière, incarner les grands rôle du répertoire, d’avoir joué Shakespeare, Molière, Claudel, Beckett.

Chassé du lycée par les lois antisémites de Vichy, Roger Hanin s'est engagé dans les grands combats de la Cité, depuis qu'à moins de 20 ans il avait rejoint les Forces Françaises Libres. Il restera pour chacun de nous une belle incarnation de cette culture qui sait se faire à la fois populaire, engagée et exigeante, et qui sait toucher le plus grand nombre sans jamais renoncer à son ambition d'élever le public et de lui offrir ce qu’il y a de meilleur.

Mes pensées émues vont à sa famille et à ses proches.