Le Grand Prix du Roman de l’Académie française vient d'être attribué conjointement à deux lauréats : Hédi Kaddour pour Les Prépondérants et Boualem Sansal pour 2084, tout deux publiés chez Gallimard.

 

L’Académie Française fête de la plus belle des manières le centenaire de la création de son Grand prix du Roman, en l’attribuant à deux des plus brillantes plumes de la francophonie : le franco-tunisien Hédi Kaddour et l'algérien Boualem Sansal.

 

Également poète, traducteur et essayiste, Hédi Kaddour restitue avec ampleur, dans son troisième roman, l’atmosphère d’une ville d’Afrique du Nord mais aussi de la France et de l’Allemagne au début des années 1920. L'écrivain nous fait discerner les signes presque imperceptibles d’un monde fragile qui va basculer. Dans le protectorat français, l’immémoriale opposition entre les forces conservatrices et les aspirations nouvelles est portée en particulier par de très beaux portraits de femmes émancipées, et par la passion des livres et du cinéma.
Boualem Sansal, quant à lui, décrit magistralement un pays totalitaire, théocratique, verrouillé par un système qui contrôle impitoyablement les esprits et les corps, entièrement asservis. Les repères historiques ont été effacés, les cultures ont disparu, il ne reste qu'une langue unique et appauvrie. La volonté de voir et de comprendre par soi-même peut-elle subsister ? À quel prix ? La fiction orwellienne de cet écrivain engagé est de celles, salutaires, qui mettent en garde contre les dérives possibles - et celles qui existent déjà - du monde réel.

 

Ce prix revêt à mes yeux une signification particulière, alors que j'étais en Algérie ces deux derniers jours, pour l’inauguration du 20e Salon international du livre d’Alger dont la France était pour la première fois l'invitée d'honneur.

 

J’adresse mes plus chaleureuses félicitations aux deux romanciers ainsi qu’à leur éditeur.