Monsieur le maire de Clermont-Ferrand, cher Olivier Bianchi,

Mesdames et messieurs les élus de Clermont Communauté,

Mesdames et messieurs, chers amis,

 

 

C’est un grand plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui pour signer le premier pacte culturel entre l’Etat et une grande ville.

Clermont-Ferrand est la première collectivité qui a répondu présente à ma proposition de nous engager conjointement en faveur de la culture.

Certes, le partenariat entre l’Etat et les collectivités est ancien ; mais il me semblait nécessaire de le réaffirmer en cette période de contrainte budgétaire. J’ai donc voulu soutenir les villes qui, au moment de dresser leurs priorités financières, ont placé la culture au cœur de leur projet.

 

De même que le Gouvernement a manifesté avec force son engagement en préservant le budget de la culture pour 2015 et en l’augmentant en 2016, l’Etat soutiendra les collectivités territoriales qui font le même choix budgétaire. Car ce choix est éminemment politique.

 

Aujourd’hui évidemment, ce pacte, lancé mi-décembre a une résonnance particulière. Apres les jours terribles que nous avons vécus, je veux réaffirmer les principes originels de notre République, des principes dont la culture constitue le socle. Aucune culture véritable n’est envisageable sans liberté d’expression, sans liberté de création. La culture permet bien sûr à chacun d’entre nous de vivre des expériences uniques. Mais elle est également indispensable au vivre ensemble, autrement dit au pacte républicain.

 

Celui qui est privé de cette culture commune est comme retranché de la communauté nationale. Comment peut-il partager les émotions de ses compatriotes, se reconnaître des symboles communs avec eux, et se sentir à son tour reconnu ? La culture nous relie les uns les autres. 

En honorant le patrimoine, nous dialoguons avec nos aînés ; en accueillant de nouvelles formes d’expression, nous conversons avec nos enfants. La culture c’est un peu l’ordre du sacré dans une société laïque. Voilà pourquoi il nous faut beaucoup de pratiquants ! C’est notre devoir à nous, à vous,  acteurs de la vie culturelle pour répondre aux actes barbares qui cherchaient à nous empêcher de penser, de créer et de vivre ensemble.

 

Et puis, bien sur, puisque je suis à Clermont Ferrand, j’ai une pensée toute particulière pour l’une des 17 victimes des attentats.

Aujourd’hui, je voudrais rendre hommage à Michel Renaud qui a fait de Clermont-Ferrand le rendez-vous incontournable de tous les grands voyageurs. Je veux saluer la mémoire d’un homme de conviction qui a contribué à faire de cette ville une terre d’ouverture sur le Monde. Michel Renaud était un grand passeur à la passion contagieuse. Sa mémoire et son engagement nous obligent.  Car, comme il a si bien su le faire pendant plus de 10 ans à la tête du Festival, c’est au plus près de nos concitoyens et sur tout le territoire que nous devons faire porter nos efforts et redoubler d’ambition.

C’est en multipliant les rencontres et les débats comme Au rendez-vous du carnet de voyage, en portant une attention toute particulière au jeune public, que nous pourrons reconquérir les cœurs et les territoires où domine le sentiment d’abandon et de relégation. 

Notre responsabilité partagée est là : c’est tout l’enjeu du pacte que nous allons signer.

 

A travers ce pacte, nous rappelons l’ambition partagée de l’Etat et des collectivités et leur partenariat fort de 50 ans de politique culturelle.

 

En nous engageant à maintenir pour trois ans, à partir de 2015, nos financements respectifs et notre coopération, nous nous donnons les moyens de répondre par la culture au défi lancé à notre République.

Les Etats généraux de la Culture seront l’occasion pour les acteurs culturels clermontois de construire les orientations de la politique culturelle à 10 ans de la Ville. Mais d’ores et déjà nous nous engageons, cher Olivier Bianchi :

-       à travers une action soutenue en faveur de l’éducation artistique et culturelle pour toucher tous les enfants et tous les publics, j’y attache une importance considérable : c’est pour moi réellement notre 1ère obligation commune ;

-       à travers le soutien à la création dans toute sa diversité et l’accompagnement des artistes. La mise en œuvre du pacte sera par exemple l’occasion d’un renouveau en matière d’arts plastiques, qu’il s’agisse de la commande publique ou de résidences d’artistes 

-       à travers une politique patrimoniale qui cherche non seulement à le préserver mais surtout à le rendre plus largement accessible: votre double initiative en faveur de la création d’une AVAP (aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine) et de l’obtention du label « Ville et pays d’art et d’histoire » montre clairement le dynamisme affiché sur la question. 

 

Cela passe enfin par la mobilisation de tous les équipements structurants et de proximité qui portent la culture au plus près des Clermontoises et des Clermontois. Cette mobilisation, a pu s’illustrer l’an passé par le sauvetage de l’emblématique Librairie Les Volcans, grâce aux efforts collectifs de ses salariés et du gouvernement avec le plan en faveur des librairies indépendantes, grâce aussi au soutien des habitants.

 

Si j’ai choisi aujourd’hui Clermont Ferrand pour la signature du 1er pacte culturel, c’est parce que  la ville illustre pleinement notre ambition partagée pour la politique culturelle.

 

Cette ambition est en grande partie le fruit de votre volonté politique, Olivier Bianchi. Je tiens à saluer votre engagement pour placer la culture au centre du projet de développement de la Ville. En tant que membre du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel (CCTDC), vous savez, cher Olivier, que nous vivons un moment décisif pour nos politiques publiques et que c’est ensemble que nous construirons l’avenir de nos politiques culturelles. Si Clermont-Ferrand est la première étape de mon tour de France, c’est aussi parce que je veux rendre hommage au dynamisme des acteurs culturels locaux et de tous les artistes qui font vivre les nombreux équipements culturels structurants ; et à l’ambition culturelle de tous les élus de Clermont Communauté qui sont présents aujourd’hui et que je salue.

 

J’ai aussi voulu venir à Clermont-Ferrand parce que je retrouve dans la diversité de la vie culturelle de cette ville les ambitions dont j’ai fait des priorités de mon action à la tête du ministère de la Culture et de la Communication :

- Ma 1ère priorité concerne l’accès à la culture et tout particulièrement de l’éducation artistique et culturelle : cet après-midi, j’aurai le plaisir de pouvoir de nouveau le constater en assistant à l’atelier d’une classe de CM2 à la Jetée. Je salue par avance ceux qui sont les passeurs de la culture au quotidien : acteurs culturels, enseignants, parents d‘élèves, militants associatifs. La médiation et la transmission sont l’une de nos plus belles et plus importantes missions. 

Je sais que la Scène nationale, le Centre Lyrique Clermont-Auvergne ou le FRAC sont également des partenaires actifs.

- Le deuxième pilier de mon action, c’est le soutien à la création et à son renouvellement : je veux rendre hommage à la vitalité de l’école supérieure d’art et de l’école nationale d’architecture qui s’apprête à ouvrir un nouveau site, car c’est d’abord par la formation que passe le soutien à la création.

Je salue aussi le dynamisme de la filière musicale, de la musique traditionnelle labélisée par l’UNESCO à la musique actuelle ainsi que le renouveau du spectacle vivant avec, bientôt, un nouveau lieu pour la Scène nationale.

- Le rayonnement culturel constitue ma 3ème priorité : je voudrais saluer tout particulièrement le Festival du Court qui a fait de Clermont la capitale du Court Métrage et de ce Festival le 2ème festival le plus fréquenté après Cannes, permettant à un public toujours plus nombreux de découvrir et d’apprécier ce format singulier qui est le lieu de toutes les audaces artistiques.

Des acteurs forts, point d’appui de la politique culturelle, une démarche partenariale avec l’Etat sur les trois prochaines années, des Etats Généraux à venir, voici de beaux atour pour le titre de Capitale européenne de la culture que vous souhaitez obtenir !

 

Pour atteindre cette ambition, la ville de Clermont-Ferrand a toujours pu compter sur le soutien du ministère de la Culture et sur la direction régionale des affaires culturelles. C’est l’occasion pour moi de constater la fertilité de notre partenariat, dans le respect de nos compétences respectives.

 

A l’heure d’une réforme territoriale qui va modifier en profondeur le visage de notre pays, je souhaite réaffirmer non pas plus d’Etat, mais mieux d’Etat sur les territoires. Un Etat qui sache accompagner, apporter son expertise, être proche des réalités territoriales et des ambitions des collectivités.

 

Un Etat partenaire en un mot - garant d’une vision nationale tout comme capable de s’adapter aux multiples réalités territoriales.

 

Je ne peux conclure sans citer l’enfant du pays, Blaise Pascal, qui dit de l’imagination qu’elle dispose de tout, faisant la beauté et la justice[1].

L’ambition qui nous réunit aujourd’hui autour de ce pacte culturel, c’est bien de faire de l’imagination la chose la mieux partagée au service d’une plus grande justice sociale et d’une beauté dans laquelle chacun puisse se reconnaître.

 

Je vous remercie.

[1]    Pascal, Pensées, Chapitre XXV « L’imagination dispose de tout. Elle fait la beauté, la justice et le bonheur qui est le tout du monde. »