Monsieur le Président et Maire de Bourges, cher Pascal Blanc,

Monsieur le Président de Région,

Monsieur le Président du Département, cher Michel Autissier,
Mesdames et messieurs les élus de la ville et de la Communauté d’Agglomération,

Mesdames et messieurs, chers amis,

 

 

Ca n’est pas anodin pour moi de venir devant vous aujourd’hui, sur les traces de mon illustre prédécesseur, André Malraux, qui inaugurait ici à Bourges, il y a 50 ans, la maison de la culture. Il avait alors évoqué  « la plus puissante métamorphose que le monde ait connue », l’apparition du temps libre qui entrainait une ardente obligation pour les gouvernements : démocratiser la culture.

 

Aujourd’hui, c’est un moment tout aussi décisif qui nous réunit autour du nouveau visage de la France territoriale et des attentes fortes de nos concitoyens pour que, 50 ans après, nous puissions continuer à « rassembler le plus grand nombre d’œuvres pour le plus grand nombre d’hommes »[1],  selon le vœu de Malraux.

 

Après Cambrai, Clermont-Ferrand, Strasbourg, Poitiers et l’agglomération Toulon Provence Méditerranée la semaine dernière, c’est ici, à Bourges, la ville royale au fameux printemps, que  j’ai le plaisir et l’honneur de signer le 6ème pacte culturel entre l’Etat et une ville ou une communauté d’agglomération. D’ici la fin du mois de mai, ce sont environ 40 autres villes qui auront rejoint la dynamique enclenchée depuis le début de l’année.

Je tiens à saluer la ville de Bourges, la communauté d’agglomération de Bourges plus et leurs élus, qui ont répondu présents à ma proposition de nous engager conjointement en faveur de la culture. Je pense aussi au député Yann Galut qui aurait aimé pouvoir être des nôtres et dont je connais l’engagement au service de la culture. Je salue également François Bonneau, Président de la Region, qui est très investi sur le territoire berruyer et qui a lui aussi fait le choix de la culture.

 

(1) Le partenariat entre l’Etat et les collectivités est ancien en matière culturelle, il a permis d’écrire certaines des plus belles pages de l’histoire de nos politiques publiques.

 

Mais, en cette période de contrainte budgétaire et d’évolution du paysage institutionnel, il m’a semblé nécessaire de le réaffirmer clairement à travers ces contrats inédits. Leur principe est simple : il s’agit d’aider pendant trois ans les villes qui ont décidé de faire de la culture leur priorité.

 

Je connais les inquiétudes du monde de la culture. Eh bien je suis ici pour leur dire n’ayez pas peur : l’Etat est à vos côtés. C’est tout le sens de la loi baptisée loi NOTRe, NOTRe pour Nouvelle organisation territoriale de la République, qui reconnaît une compétence partagée en matière culturelle, et donc une responsabilité commune.

 [1] Malraux, Discours Inauguration de la Maison de la Culture de Bourges, 18 avril 1964  avril 1964

La politique engagée par le Gouvernement a consisté à soutenir la culture en préservant son budget. Voilà une idée de gauche : apporter les beautés d’hier et d’aujourd’hui à tous, y compris à ceux pour qui la culture n’est pas une terre natale. Mon ambition en ce domaine se nomme diversité, diversité des publics, diversité des expressions, car ce que nous voulons c’est une culture ouverte, libre et généreuse, tout en restant exigeante. La culture est ce lien qui nous unit, qui nous permet de dialoguer avec nos ancêtres et de transmettre à nos enfants. La culture est la meilleure illustration de nos valeurs républicaines, c’est la raison pour laquelle elle peut tous nous rassembler, au-delà de nos origines, et de nos croyances.

 

D’ailleurs, pour parler de diversité culturelle, Bourges est l’endroit rêvé. Votre ville est désormais associée au Printemps, c’est comme si l’été débutait ici chaque année, puisque votre festival donne le ton des festivals qui vont suivre. J’avoue avoir souvent chanté ou même dansé en écoutant l’un de ces nombreux artistes que votre ville a contribué à faire découvrir, je pourrais citer « Christine and the Queens » ou Kid Wise, mêlant ces jeunes artistes à des artistes plus jeunes encore comme Juliette Gréco, notre trésor national. Voyez vous, cette culture me parle, parce que pour moi, la vraie culture, c’est le mélange, l’éclectisme. Merci à vous Daniel Colling, organisateur de cette 39ème édition, un grand merci puisque cette édition sera la dernière sous votre direction, Bourges sait ce qu’elle vous doit.

 

 

Il y a cinquante ans, je le disais en introduction, Malraux venait inaugurer la maison de la culture. Aujourd’hui, c’est une nouvelle maison qui abritera la culture ici, tandis que l’ancienne trouvera bientôt une nouvelle ambition.  Je sais que la concertation doit encore se poursuivre, et vous pouvez compter sur l'appui de la DRAC, qui va lancer prochainement, à ma demande, une étude de conservation et de réhabilitation du lieu.

 

Bourges se soucie d’aujourd’hui, mais Bourges fait aussi honneur au passé.

Je pense bien sûr au Palais Jacques Cœur, géré par le Centre des Monuments Nationaux dont je salue le Président, Philippe Bélaval. Ce joyau de notre patrimoine, auquel Jean-Christophe Ruffin a consacré un magnifique ouvrage, est une scène incontournable du Festival qui accueille un public nombreux venu applaudir la jeune scène, avec une joie répétitive pour reprendre le titre de la magnifique chanson de Pierre Lapointe qui a été des vôtres cette année. 

 

L’ambition que nous partageons illustre 3 priorités :

 Tout d’abord, l’accès à la culture, tout particulièrement pour les plus jeunes grâce à l’éducation artistique et culturelle, Sans transmission le XXI e siècle ne serait pas culturel et alors il ne serait rien

 Notre deuxième priorité, c’est d’être les alliés propices de la création : ici, à Bourges, les talents de demain peuvent compter sur l’Ecole Nationale Supérieure des beaux-arts, mais aussi sur la réhabilitation de la friche de l’Antre-peaux autour du centre d’art contemporain

 Enfin, signer un pacte ici, c’est dire à chaque enfant de la ville qu’il a un droit inaliénable à la culture, un droit sacré oserais-je dire, car la culture est le sacré de notre société laïque.

 Venir ici, c’est assurer Bourges du soutien du ministère de la Culture et de la direction régionale des affaires culturelles, son bras armé sur le territoire.

 

Je tiens d’ailleurs à remercier les services de la DRAC, sa directrice et toutes ses équipes, pour leur engagement quotidien et sans faille au service de la culture, et aussi pour le travail réalisé afin d'élaborer le pacte que nous allons signer aujourd’hui.

 

A l’heure d’une réforme territoriale qui va modifier en profondeur le visage de notre pays, je souhaite réaffirmer non pas « plus d’Etat », mais « mieux d’Etat » sur les territoires : un « Etat partenaire », garant d’une vision nationale et capable de s’adapter aux multiples réalités territoriales.

 

Bourges, berceau de l’un des plus beaux Printemps de la création musicale dans notre pays, est aussi la ville natale de Jankélévitch, grand penseur de la musique qui aimait la décrire comme un instant partagé où la beauté de l’inachevé donne aux secondes la dimension de l’éternité.

 

 Je ne peux conclure sans évoquer cette « exaltation [qui] soulève parfois l’auditeur et semble le transfigurer, l’arracher momentanément à la pesanteur ». Une exaltation qu’il est de notre responsabilité de rendre accessible au plus grand nombre.

 Je souhaite à Bourges un printemps éternel, car quelle saison symbolise mieux que celle-ci la naissance et la renaissance de la culture ?

 

Je vous remercie.