Monsieur le président de la Cité de l’architecture et du patrimoine, Cher Guy AMSELLEM

Monsieur le président du jury et directeur des rédactions du Moniteur, cher Michel DALLONI,

Mesdames et messieurs les membres du jury,

Mesdames et messieurs les maîtres d’œuvres,

Mesdames et messieurs les lauréats,

Chers amis architectes,

 

C’est un plaisir pour moi de remettre pour la première fois ces prestigieux prix du Moniteur qui rendent hommage, depuis 1960, à l’excellence et à la vitalité de la création architecturale en France.

Je tiens à saluerMichel Dalloni et ses équipes, et à travers eux le Groupe Moniteur, pour son engagement constant au service de la valorisation et du rayonnement de l’architecture. Il nous rassemble cette année autour d’un nouveau format, plus ramassé et qui offre pour la première fois aux internautes la possibilité de voter en ligne pour l’Equerre de leur choix.

Cette année encore, la sélection est époustouflante. On ne peut que s’enthousiasmer devant tant de richesse, tant d’audace ; devant cette capacité de l’architecte à inventer l’habitat, la ville et le paysage de demain. Un journaliste me demandait récemment : « qu’est-ce que serait un monde sans architecte ? » Eh bien je peux le dire ici sans hésitation : ce serait un monde sans imagination, sans intention, sans ambition ! A l’heure où certains sont tentés par la sinistrose et le déclinisme, je ne peux que me réjouir de voir réunis ici autant de grands noms de l’architecture et de talents prometteurs, dont le geste architectural participe à l’esprit de conquête dont notre pays à tant besoin.

Avant de saluer les lauréats, je voudrais rappeler les projets du Gouvernement en matière d’architecture.

L’architecture est au carrefour des trois grandes priorités que je veux donner à mon action à la tête du ministère de la Culture et de la Communication :

 

-        parce qu’à travers elle, nos concitoyens sont en contact immédiat, quotidien, avec la création, elle peut jouer un rôle dans la manière dont nous devons repenser l’accès à la culture – c’est ma première priorité -, je pense particulièrement aux plus jeunes ;

 

-        parce qu’elle incarne l’excellence et la vitalité de la création en France, à l’image des remarquables réalisations distinguées ce soir, elle est un instrument du rayonnement de notre pays – qui est ma deuxième priorité ;

 

-        parce qu’enfin, comme nous le voyons avec les remarquables projets de la catégorie « première œuvre », elle contribue fortement au renouveau créatif – qui est ma troisième priorité –par la qualité de la formation et le talent des jeunes architectes

 

Les réalisations sélectionnées le démontrent : l’architecture française, par son exigence et son innovation, est au rendez-vous de toutes ces ambitions. Mais je suis consciente que, derrière les beaux succès et les bâtiments-emblèmes, il y a une réalité de l’architecture qui est moins satisfaisante : trop de projets urbanistiques et immobiliers sont réalisés sans recourir à un architecte, au détriment de la qualité, non seulement esthétique, mais aussi de la pérennité des constructions ; et la profession d’architecte est trop souvent aujourd’hui devenue synonyme de précarité.

 

C’est pour répondre à cette contradiction que j’ai décidé de lancer une Stratégie nationale pour l’architecture. Je l’ai annoncé lors des Universités d’été du Conseil national de l’ordre des architectes : à partir du rapport de Patrick Bloche, qui constitue un outil extrêmement précieux de diagnostic, de concertation et de proposition, je souhaite mettre en œuvre un plan d’action ambitieux et complet pour l’architecture et les architectes en France.

 

Cette stratégie aura un fil directeur : la valeur-ajoutée de l’architecture.

Alors que l’architecte est trop souvent considéré comme une contrainte, un surcoût, voire un luxe, dont on pourrait ou devrait se passer ; je veux montrer, à rebours de ces a priori datés, toute l’importance et l’utilité de l’architecte.

Certains voudraient que le recours à l’architecte devienne plus souvent obligatoire ; sans doute, mais ce que je veux avant tout, c’est que l’architecte devienne indispensable. L’architecture ne peut pas rester, pour reprendre l’expression de Rudy Ricciotti « un sport de combat » ; elle doit s’imposer comme une évidence.

 

Dès le 1er décembre et tout au long du premier trimestre 2015, trois groupes de travail, auxquels seront associés les professionnels, les maîtres d’ouvrage, les aménageurs, les industriels ainsi que les élus et les représentants de la société civile, se réuniront pour proposer des mesures très concrètes au service de trois objectifs :

 

-        sensibiliser, tout d’abord, parce qu’il faut créer un désir d’architecture chez nos concitoyens et développer une véritable culture de l’architecture. Cela passe par des actions de sensibilisation auprès du grand public et un travail de terrain, notamment avec les élus locaux.

 

Nous savons l’importance des élus locaux en maîtrise de construction, et je veux rappeler que l’Equerre d’argent est un prix qui, à juste titre, récompense non seulement un architecte mais aussi son commanditaire. Car nous savons que l’un ne va pas sans l’autre.

 

-        développer, ensuite, parce que le recours à l’architecte reste trop souvent l’exception alors que notre société a fondamentalement besoin des architectes. Il s’agit, comme je l’indiquais, de valoriser ce savoir-faire ; auprès des maîtres d’ouvrage, auprès des aménageurs ; d’élargir aussi le champ d’intervention des architectes et d’encourager le rayonnement et l’exportation de notre architecture.

 

-        innover, enfin,parce que c’est par là que passe la capacité de l’architecture à répondre aux enjeux du monde contemporain. Il est donc essentiel d’encourager la créativité architecturale et de soutenir le renouveau créatif du secteur. A ce titre, le soutien aux écoles d’architectures et à la formation des architectes tout au long de la vie doit être au cœur de nos préoccupations.

Ce dernier point est pour moi l’occasion de saluer la Cité de l’architecture et du patrimoine, qui nous accueille aujourd’hui. Sous l’impulsion de Guy Amsellem, la Cité accorde une place centrale aux jeunes architectes et aux étudiants en architecture. La Cité est un maillon essentiel du dispositif des Albums des jeunes architectes et paysagistes, qui vise à faciliter l’accès des jeunes équipes à la commande. Je note d’ailleurs que parmi les 20 nominés ce soir, 5 ont été AJAP, ce qui démontre si l’en est besoin le dynamisme de ce dispositif.

La Cité est aussi un partenaire actif des écoles d’architecture : elle accueille chaque année leurs nouveaux étudiants, stimule leur créativité par les concours qu’elle organise, nourrit leurs pédagogies, par des projets singuliers et novateurs, comme l’encyclopédie collaborative numérique de l’architecture ou encore le nouvel enseignement de « Médiation de l’architecture », créé cette année en partenariat avec l’ENSA de Paris-La Villette.

Je veux maintenant me tourner vers les lauréats et tous ceux qui ont été sélectionnés.

D’abord pour me réjouir de voir que, parmi les projets sélectionnés, nombreux sont ceux qui sont dédiés à la culture : musées et fondations, bibliothèques et médiathèques, résidences d’artistes, conservatoire, espace consacré au patrimoine et à l’archéologie. C’est une très grande fierté de constater l’ambition des maîtres d’ouvrage, des collectivités et des élus qui ont ainsi fait le pari de la culture. Un pari qui, grâce aux réalisations remarquables des architectes, est plus que réussi !

Je tiens aussi à saluer tous les projets sélectionnés dans la catégorie « première œuvre ». C’est pour vous, la jeune création, que nous construisons cette stratégie nationale pour l’architecture.

Bravo à tous les lauréats : à mes yeux, vous êtes l’évidence !

Je vous remercie.