Thibault BRODATY
Rapport de recherche
112 p.

L’objectif de ce travail est de réaliser l’évaluation de l’impact économique ex-post de deux événements culturels : Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture et les annulations des festivals d’Avignon et d’Aix-en-Provence en juillet 2003 en raison de la grève des intermittents du spectacle. Cette étude d’impact ex-post économétrique d’événements culturels est la première du genre en France. Elle est l’occasion de montrer que l’on peut mobiliser des méthodes économétriques classiques et que les données nécessaires à cette fin sont disponibles. Ces méthodes ont le grand avantage d’estimer des effets causaux, c’est-à-dire de comparer la situation qui s’est déroulée avec ce qui se serait passé en l’absence d’événement. Elles doivent être utilisées en parallèle des méthodes in-itinere, qui utilisent des données plus fines mais qui ne sont pas conçues pour estimer le contrefactuel.

Deux méthodes économétriques classiques sont mobilisées : les modèles d’intervention avec variables de contrôle et les différences de différences. Elles estiment de manière crédible la situation contrefactuelle car pour chacune d’entre elles, des tests de « falsification » sont effectués afin de s’assurer que les zones « témoin » choisies permettent d’estimer correctement la conjoncture.

Les résultats montrent que Lille 2004 CEC a eu un impact globalement positif de 2004 à 2006 dans le Nord-Pas-de-Calais. La manifestation est responsable de 9% d’offres d’emplois supplémentaires
en 2005 et 2006, de 7% de créations d’entreprises supplémentaires en 2005 et 2006 (principalement hors industrie et dans le Pas-de-Calais) et de huit défaillances d’entreprises en moins par trimestre (32,7%) dans l’industrie (principalement dans le Nord). L’impact sur les demandeurs d’emploi, les salaires et les heures travaillées a été neutre. [...] Au total, cette manifestation semble donc avoir joué le rôle de tremplin vers une nouvelle image plus cohérente avec celle d’un territoire qui avait déjà consenti des efforts depuis une quinzaine d’années pour faire face à la désindustrialisation.

Concernant l’annulation du festival d’Avignon, les résultats montrent que la baisse des nuitées françaises a été largement compensée par la hausse de des nuitées étrangères à Avignon. Parce que le « off » n’a pas été annulé et en raison des efforts de promotion entrepris par les collectivités locales, la catastrophe redoutée à l’époque n’a donc pas eu lieu. C’est même l’inverse qui s’est produit au niveau du Vaucluse puisque les nuitées étrangères ont augmenté hors Avignon. Résultat qui pourrait s’expliquer par un report hors Avignon des séjours de ceux qui auraient assisté au festival et les fruits des efforts de promotion des collectivités locales qui pourraient avoir bénéficié à l’ensemble du département.

Ces résultats démontrent l’attractivité de ces deux zones touristiques, y compris sans leur festival. Il ne faut pas cependant en conclure que ces festivals n’apportent aucune valeur ajoutée à leur ville car il se peut qu’ils soient en grande partie responsables de cette attractivité touristique, via la renommée et l’image qu’ils véhiculent depuis longtemps.