Olivier DONNAT
octobre 2013
16 p.

Molière, Beckett, Kandinsky, Pina Bausch, Gainsbourg, Mahler, Dalí…: les noms de trente artistes couvrant la plupart des formes artistiques, des plus populaires aux plus légitimes, ont été proposés dans le cadre de l’enquête Pratiques culturelles des Français en 1988 et en 2008, afin de disposer, au-delà des pratiques, d’une mesure des connaissances artistiques des Français. Chaque personne interrogée devait indiquer si elle les connaissait et, le cas échéant, quelle était son opinion à leur égard.

La comparaison des résultats à vingt ans d’écart montre que la proportion de Français déclarant spontanément connaître les artistes de la liste ne serait-ce que de nom a progressé en vingt ans dans la grande majorité des cas, mais que la véritable connaissance, en revanche, mesurée par la capacité à préciser le domaine d’activité de l’artiste, est restée stable.

Cette stabilité masque une double dynamique générationnelle : la connaissance des artistes a progressé parmi les générations nées avant la moitié des années 1960 mais recule parmi les jeunes générations âgées de moins de 45 ans. Cette érosion générationnelle concerne tous les noms de la liste relevant de la culture scolaire ou classique, à l’exception des grands noms du patrimoine artistique – Molière, Mozart et Van Gogh – dont la notoriété a progressé : ainsi Flaubert, Nerval mais aussi Mahler ou Boulez sont non seulement moins connus des jeunes générations mais également moins appréciés, signe d’un effacement relatif de la légitimité de la culture scolaire ou cultivée.