Agir ensemble pour les patrimoines. Sensibiliser les publics à la conservation-restauration, 2015
5e Journées professionnelles de la « conservation-restauration », organisées par la Direction générale des patrimoines en partenariat avec la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris, 26 et 27 mars 2015
Thématique
Les 5e Journées professionnelles de la « conservation-restauration » sont consacrées à la place des publics dans la conservation-restauration. La conservation-restauration n’est pas seulement une affaire de spécialistes. Tous les actes et les procédures mis en œuvre pour conserver les patrimoines méritent d’être restitués et expliqués aux publics. Comment associer les publics aux préoccupations des professionnels de la conservation, que ceux-ci soient responsables de monuments, de fonds et de collections, ou qu’ils interviennent sur les biens et leur environnement ?
Ces journées se déclinent autour de trois thèmes et deux tables rondes qui donneront matière à débats.
« Sensibiliser » Ce premier thème est consacré à la présentation d’actions visant à sensibiliser le public aux impératifs de préservation. Opérations ponctuelles ou menées sur le long terme, la réception de ces expériences montre que les publics sont attentifs au devenir de leur patrimoine et aux soins qu’il convient de lui apporter.
« Communiquer » Du patrimoine local récemment redécouvert à l’œuvre mondialement connue, communiquer les résultats de la conservation-restauration contribue à l’appropriation et à la sauvegarde de ce patrimoine. Rendre compte des travaux menés revêt aujourd’hui de multiples formes (conférences, visites, publications...), toutes ces actions devant être prévues dès l’origine du projet.
« Accueillir et préserver » La deuxième journée est centrée sur le défi consistant à concilier préservation du patrimoine et accueil de publics toujours plus nombreux. Cela ne passe pas seulement par la gestion des flux. Faire comprendre la fragilité des lieux et des collections, faire en sorte que les publics s’approprient ces problématiques sont des enjeux cruciaux. De l’interdiction totale d’accès à la mise à disposition de substituts en passant par une régulation expliquée, toutes les expériences menées sont, là encore, sources de réflexions pour tous.
Des tables rondes clôturent chaque journée.
« Chantiers ouverts aux publics » évoque des expériences de restauration en public.
« Réserves, accès non réservé ? » aborde la question de la réserve ouverte ou non à la visite.
Accueil et allocutions
Mot d'accueil de Guy Amsellem, Président de la Cité de l'architecture et du patrimoine suivis d'une allocution de Pascal Liévaux, Chef du département du pilotage de la recherche et des politiques scientifiques pour Vincent Berjot, Directeur général des patrimoines.
Introduction générale
Gaël de Guichen, conseiller du directeur général de l'ICCROM et Roberto Nardi, centre de conservation archéologique, Rome.
Intervenant : Gaël de Guichen est ingénieur chimiste de l’École polytechnique de Lausanne. Après avoir été sur place responsable scientifique de la grotte de Lascaux de 1968 à 1969, il a fait tout le reste de sa carrière à l’ICCROM. Il en est aujourd’hui conseiller du directeur général. Il a lancé une réflexion et des cours sur la conservation préventive dès 1975. Depuis 1990, il a intégré le rôle du public dans cette réflexion.
Roberto Nardi est archéologue de l’université La Sapienza et diplômé de l’Instituto centrale per il restauro. Il a créé en 1982 le « Centro di conservazione, Roma » avec lequel il organisera des chantiers importants de conservation-restauration et de formation sur des sites archéologiques, des monuments, des musées parmi lesquels le monastère Sainte-Catherine en Égypte, Zeugma en Turquie, Massada en Israël, la madrassa Amiriya au Yémen, l’Arc de Septime-Sévère sur le Forum romain, le Musée du Capitole. Depuis 1985, dans chacune de ces interventions, le public est informé et associé activement à la marche des travaux.
Résumé de l'intervention : La conservation-restauration n’est pas un objectif en soi mais n’est qu’un instrument afin d’assurer la transmission des éléments du patrimoine mobilier et immobilier et ainsi permettre aux professionnels et aux visiteurs présents et futurs de mieux saisir le(s) message(s) que ce patrimoine détient. La responsabilité de la conservation-restauration ne repose pas sur les seuls professionnels mais aussi sur le public qui est le bénéficiaire de ce patrimoine. Mais quels publics voulons-nous toucher? Ces publics sont-ils conscients de cette responsabilité ? Le public est-il informé de la fragilité du patrimoine ? Quel message passer au public ? Devons-nous nous contenter de panneaux d’interdiction parfois menaçants ? Utilisons-nous au mieux le matériel gratuit mis à la disposition des visiteurs ? Ne pouvons-nous pas aller plus loin que cette information passive et engager activement au moins les visiteurs qui, par leur présence, marquent leur intérêt pour le patrimoine ? Comment faire passer le public de « bénéficiaire et prédateur » à « bénéficiaire et protecteur » ? Peut-on envisager de faire des circuits et/ou des campagnes d’information adressées au public ? Qui peut contribuer à ces campagnes ? Les enseignants et les guides transmettent-ils le message de la « fragilité du patrimoine » aux groupes auxquels ils s’adressent ? Le souhaitent-ils et si oui, quelles informations leur fournit-on ? Une chance exceptionnelle de sensibiliser le public se présente quand une intervention doit être exécutée sur un monument, un site archéologique, une statue ou une mosaïque. Est-ce possible et souhaitable? Les conservateurs et les conservateurs-restaurateurs ont-ils la formation pour collaborer à un tel projet ? Le veulent-ils ? Si, à cette occasion le visiteur est témoin privilégié de l’intervention, en comprend-il les risques et les bénéfices ? Comment concevoir et réussir une telle intervention face aux visiteurs ? Quel impact sur le coût, l’organisation, le calendrier de l’intervention ?
Orientation bibliographique :
Consulter la bibliothèque sur le site de l'ICCROM
Sensibiliser
Présidence : Gaël de Guichen
La conservation-restauration est un jeu d’enfant
Véronique Milande, chef du service de la Conservation préventive et de la Restauration, Cité de la céramique – Sèvres & Limoges.
Intervenant : Véronique Milande est docteur en Pharmacie (université Paris-V), diplômée de l’École du Louvre (DES), titulaire d’un master en Histoire de l’art (université Paris IV), du master de conservation-restauration des biens culturels et du master de conservation préventive (Université Paris I). Après avoir exercé le métier de pharmacien pendant plusieurs années, elle s’est spécialisée en conservation-restauration de céramique. Elle travaille depuis 2001 à la Cité de la céramique - Sèvres & Limoges, où elle est responsable du service de la conservation préventive et de la restauration.
Résumé de l'intervention : La Cité de la céramique – Sèvres & Limoges organise des activités pédagogiques en rapport avec ses différentes activités : la création céramique pour la manufacture et la découverte des collections pour les musées. En 2011, des outils pédagogiques destinés aux enfants ont été élaborés afin de répondre à une demande de conférences et d’ateliers sur la restauration. Comment aborder les notions de conservation-restauration auprès des enfants ? Comment les sensibiliser à la préservation du patrimoine ? Est-ce possible à tout âge ? Comment les faire participer ? Que leur faire faire alors qu’il n’est pas possible de mettre en œuvre des activités réelles de restauration ? Afin d’élargir les pratiques pédagogiques au-delà du dessin, de la peinture et du modelage, des jeux ont été conçus : puzzles et cartes à classer. Ils sont le support d’un discours qui peut et doit s’adapter au public tout au long de la séance. Après quatre ans d’utilisation du matériel pédagogique ainsi mis au point, un retour d’expérience est présenté.
Visiter le musée autrement : initier le public à la conservation du patrimoine
Caroline Courtois-Foucard, responsable des collections, Musées de la vie bourguignonne et d’art sacré.
Intervenant : Titulaire d'une maîtrise de Droit privé, puis d'une licence d'Histoire de l'art à l'Université de Bourgogne et d'un Diplôme Universitaire de Technologie dans le domaine de l'information-communication, Caroline Courtois-Foucard est attachée de conservation du patrimoine, responsable des collections aux musées de la Vie bourguignonne et d'Art sacré de Dijon depuis fin 2013. Elle est également chargée d'enseignements à l'université de Bourgogne et l'auteur de plusieurs publications dont deux articles à paraître, courant 2015, sur le mobilier bourguignon et sur la restauration d'une oeuvre monumentale du sculpteur dijonnais Jean Dubois, datée des années 1670 et présentée dans la rotonde du Musée d'art sacré
Résumé de l'intervention : La conservation préventive est au cœur des préoccupations quotidiennes aux musées de la Vie bourguignonne et d’Art sacré de Dijon. Des actions régulières sont menées, aussi bien dans les espaces d’exposition que dans les réserves, afin de prolonger au mieux la durée de vie des objets. L’ensemble du personnel des musées participe à la mise en œuvre de ces actions. Toutefois la prise de conscience de la fragilité du patrimoine et de la nécessité de le conserver s’étend, depuis une quinzaine d’années, au-delà des limites du musée. Le patrimoine culturel étant un bien en partage, il s’agit d’attirer l’attention du visiteur à ce sujet et d’essayer d’instituer des réflexes de protection des objets. Les outils utilisés par le service de médiation du musée sont un vecteur essentiel pour sensibiliser le public à cette conservation. Ce sont à la fois des actions menées régulièrement lors des visites guidées dans les salles d’exposition ou dans les réserves (concept de « réserves visitables » au Musée d’art sacré), des actions plus ponctuelles lors de manifestations particulières, ou encore l’utilisation de supports papier permanents tels que le dépliant Mieux vaut prévenir que guérir mis à disposition des visiteurs des musées depuis 2003.
Orientation bibliographique :
- BADET, C., COUTANCIER, B., MAY, R. Musées et Patrimoine. Paris : Les Éditions du CNFPT, 1998. [Ouvrage de synthèse couvrant l’ensemble des matières des concours de la filière culturelle].
- AUMASSON, Pascal. « Principes et enjeux de la restauration et de la conservation préventive des collections de musées ». L’Art et la Matière. Rennes : Apogée, 1997, p. 11-21.
- BERDUCOU, Marie (dir.). La Conservation en archéologie. Paris : Masson, 1990.
- « Collections et réserves : des acquisitions au trop plein ». Musées et collections publiques de France, n°194, 1992/1, p. 6-36.
- Direction des Musées de France, Département de l’architecture, de la muséographie et des équipements. Muséofiches, [classeur édité en 1993 et régulièrement complété depuis].
- DURAND, Laetitia, BONSERGENT, Anne-Laure, SERAIN, Aline. Mieux vaut prévenir que guérir : la conservation préventive au Musée de la vie bourguignonne Perrin de Puycousin. Dijon : Ville de Dijon, 2010.
- FLIEDER, Françoise, CAPDEROU, Christine. Sauvegarde des collections du patrimoine : la lutte contre les détériorations biologiques. Paris : CNRS éditions, 1999.
- GUILLEMARD, Denis et LAROQUE, Claude. Manuel de conservation préventive. Gestion et contrôle des collections. Dijon : OCIM, EREC, 1994, édition revue et augmentée en 1999.
- GUILLEMARD, Denis. La Conservation, une alternative à la restauration des objets ethnographiques. Lille : Presses universitaires du Septentrion, 1999.
- ILLES, Véronique. Guide de manipulation des collections. Paris : Somogy, édition d’art, 2004.
- Institut culturel canadien (ICC). Notes, édition bilingue. [cci-icc_publications@pch.gc.ca]
- LACROIX, Laurier (dir.). Conservation préventive dans les musées : manuel d’accompagnement. Montréal, Université de Québec, Coll. Arts, Québec, 1995. Cet ensemble comprend 19 cassettes vidéo et un manuel d’accompagnement, lequel est une excellente synthèse sur le sujet. Les cassettes sont consultables au centre de documentation de la D.M.F.
- LEVILLAIN, Agnès, MARKARIAN, Philippe, RAT, Cécile et al.. La Conservation préventive des collections : fiches pratiques à l’usage des personnels des musées. Dijon : OCIM ; Salins-les-Bains : Musée des techniques et cultures comtoises, 2002.
- Les Objets mobiliers du patrimoine spirituel des communes : guide pratique d’aide à la conservation, à la protection et à la mise en valeur. Dijon : direction de la Jeunesse et Territoire du conseil général de Côte-d’Or, [2005].
- ROBAT, Pauline. La Sensibilisation du public à la conservation préventive au Petit Palais. Mémoire de master 2 professionnel d’histoire de l’art, spécialité Conservation préventive du patrimoine. Paris : université Sorbonne, 2013.
- STOLOW, Nathan. La Conservation des oeuvres d’art pendant leur transport et leur exposition. Paris : UNESCO, Collection Musées et Monuments, 1980.
Les Chroniques retrouvées du Midi : la presse ancienne préservée et révélée
Agnès Demé, chef du service du Patrimoine culturel, Région Languedoc-Roussillon ; Mélanie Marchand, chargée de mission lecture publique et patrimoine, association Languedoc-Roussillon livre et lecture.
Intervenant : Agnès Demé est conservatrice des bibliothèques, spécialiste de la culture numérique et du patrimoine numérisé, et chef du service Patrimoine culturel au sein de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région Languedoc-Roussillon. Dans ses anciennes responsabilités autour du livre et de la lecture publique et dans ses nouvelles fonctions incluant les missions d’Inventaire général du patrimoine culturel, elle promeut la culture numérique et le patrimoine accessible à tous sur le web en accompagnant les projets de diffusion partagée, d’ouverture de données et d’économie numérique. Elle apporte son expertise technique et scientifique au pôle associé Région Languedoc-Roussillon avec la Bibliothèque nationale de France.
Mélanie Marchand est chargée de mission « Lecture publique et patrimoine » au sein de la structure régionale pour le livre, Languedoc-Roussillon livre et lecture. Archéologue de formation, elle œuvre aujourd’hui à la mise en œuvre de projets collectifs comme la numérisation ou la valorisation de la presse ancienne régionale.
Résumé de l'intervention : Depuis 2007, le Pôle associé régional, signé entre la Bibliothèque nationale de France, la Région Languedoc-Roussillon, la direction régionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon, Montpellier Agglomération et LR livre et lecture, mène une action forte pour la préservation du patrimoine écrit en ayant coordonné la numérisation de près de 600 000 pages issues de plus de 70 titres de presse locale et régionale publiés entre 1786 et 1944. Ces documents sont aujourd’hui accessibles de manière exhaustive, interrogeables au coeur du texte, sur la plateforme « Patrimoine en ligne » de la Région Languedoc-Roussillon www.laregion-culture.fr.
Afin de proposer au grand public une approche originale et ludique, « Les Chroniques retrouvées du Midi » font dialoguer passé et présent à travers un site, www.chroniquesdumidi.fr, et une application mobile. En écho à l’évolution des usages numérique et mobile, la publication « en feuilleton » de textes contemporains, l’accès direct à des articles surprenants ou la géolocalisation de faits divers locaux permettent une exploration riche et imprévue de ces collections de journaux anciens. La tournée d’une exposition dédiée (2015-2016) est l’occasion pour les établissements partenaires de sensibiliser les usagers des bibliothèques à ces questions patrimoniales. Une action de communication plus large est également à l’oeuvre hors des lieux du livre, notamment par un partenariat avec le projet « Bibliothèque digitale Train Régional » en Languedoc-Roussillon. La question de l’évaluation de ces usages est en cours et fera l’objet d’une publication à l’automne 2015.
« Blessures d’archives, rêve d’éternité », présentation de l’exposition des Archives départementales de Vaucluse
Christine Martella, directrice des Archives départementales de Vaucluse.
Intervenant : Christine Martella est conservatrice générale du patrimoine, directrice des Archives départementales de Vaucluse depuis 1997. Elle est membre fondateur du Comité français du Bouclier bleu, déléguée par la direction des Archives de France pour représenter le Conseil international des archives dans le comité de préfiguration, chargé de rédiger les statuts (1998-2001), et secrétaire générale de l’association pour sa première assemblée générale.
La conservation préventive est une pratique encore assez jeune au regard des métiers dits de la conservation, en particulier peut-être dans le monde des archives où elle n’a commencé à vraiment s’instaurer que dans les années 1990. Les Archives de Vaucluse, installées dans un lieu extraordinaire, apparemment peu propice à la conservation des documents au regard des normes actuelles, se doivent de pratiquer sans doute plus que d’autres établissements une politique de sensibilisation à la question cruciale de la sauvegarde « pour l’éternité » des documents, dont pourtant, comme toute chose, la disparition est inéluctable. Elles ont conçu dès 2001-2002 une exposition faite d’originaux et de panneaux, que les Archives départementales de la Drôme ont voulu présenter en 2004. Depuis, l’exposition a circulé sous cette première forme dans plusieurs départements. En 2010, une nouvelle présentation actualisée a vu le jour, et sa version itinérante a été inaugurée à l’occasion des journées d’études du Comité français du bouclier bleu qui se sont tenues en décembre 2012 à Avignon. Elle tourne depuis cette date dans divers lieux d’archives dans la France entière.
S'unir pour préserver les patrimoines (vidéos 2014)
18 et 19 mars 2014, 4e journées professionnelles de la conservation-restauration organisées par la Direction générale des patrimoines en partenariat avec la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
Ces dernières années, les exemples de mise en commun des services, des outils, matériels et lieux sécurisés se sont multipliés : réserves communes à l'échelle d'une ville, centres de conservation et d'études ou ateliers de restauration dédiés à un territoire, gestion des collections, politique de conservation préventive, d'assistance aux communes propriétaires de biens patrimoniaux ou de valorisation des biens restaurés des conservations départementales des musées ou du patrimoine.
Au-delà des économies d'échelles que cela peut représenter, le partage contribue fortement au développement de l'aménagement du territoire, en particulier dans les zones rurales.
La mise en commun de problématiques similaires permet de rompre l'isolement des professionnels et participe au décloisonnement des métiers et des disciplines ou des formes du patrimoine. Dans bien des cas, la mutualisation fait bénéficier au plus grand nombre les avancées technologiques et permet de développer de véritables réseaux professionnels dans une même méthodologie.
Les interventions déclineront des retours d’expérience selon 4 thèmes :
- Partager les compétences
- Mutualiser les services
- Mutualiser la sauvegarde
- Dynamiser les territoires
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Communiquer
Présidence : Gaël de Guichen
L’exemple du tableau de l’église de La Destrousse
Claude Badet, conservateur délégué des antiquités et objets d’art des Alpes-de-Haute-Provence ; Michel Lan, maire de La Destrousse (Bouches-du-Rhône).
Intervenant : Claude Badet, conservateur du patrimoine, est depuis 2014 conservateur délégué des antiquités et objets d’art des Alpes-de-Haute-Provence. Historien de formation, conservateur des musées de Marseille (Musée d’histoire de Marseille, direction des musées), il a également été conservateur départemental des Alpes-de-Haute-Provence et conservateur du musée de Salagon. Enfin, il a contribué à la création du Centre interrégional de conservation et restauration du patrimoine (CICRP) à Marseille dont il est devenu le responsable des restaurations de 1998 à 2012.
Résumé de l'intervention : De 2010 à 2012, s’est déroulée au Centre interrégional de conservation et restauration du patrimoine à Marseille, la restauration d’un tableau de très grand format provenant de l’église de La Destrousse, petit village provençal proche d’Aubagne. Cette opération a non seulement abouti à la découverte d’une oeuvre inédite mais elle a mis en exergue la place que doit jouer la collaboration entre les parties prenantes au projet : maître d’ouvrage, conservation régionale des monuments historiques, CAOA, conservateurs, restaurateurs, scientifiques du patrimoine, historiens de l’art… Lors de toutes les phases de la chaîne opératoire, il convient de retenir l’implication de l’ensemble des intervenants et de tirer les leçons de cette « aventure », notamment la volonté affirmée de la municipalité de valoriser cette restauration auprès de la population de La Destrousse.
Orientation bibliographique :
- BADET, C., BARRUOL, A., PRÉAUD, M., BARBIER, H., BOUILLER, J.-R. « Un tableau en taille-douce, Le Couronnement d’épines de la chapelle de Saint-Jean de Garguier ». Technè, n°22, 2005.
- BENOIT, C., BADET, C., VALHEM, T. « De l’intérêt de l’étude d’un châssis pour l’histoire matérielle d’une œuvre : l’étude du châssis de l’Apothéose de saint Roch de Michel Serre, église de Mazargues ». Technè, n°29, 2009.
- BENOIT, C., GRIMAUD, P., BADET, C., MOGNETTI, E. et MAY, R. « De la restauration à l’exposition : à la recherche de sens et de cohérence ». CeROArt [En ligne]*, n°5, 2010.
- MOGNETTI, E., BADET, C. « La restauration des peintures sur toile du cardinal Fesch : observations et perspectives ». Technè, n°3, 2011. BADET, C. « La découverte d’un grand tableau napolitain en Provence ». ArtItalies, n°20, 2014, p. 104-108.
- BADET, C. « Les leçons d’une restauration. Le cas de la peinture de grand format de l’église de La Destrousse ». La Lettre des patrimoines Paca, sept. 2014.
- MOGNETTI, E., BADET, C. « La restauration est l’affaire de tous ». Colloque ARAAFU Retours d’expérience et regards rétrospectifs, 26-28 nov. 2014 (à paraître).
Campagne d’appel au don individuel : impliquer le grand public à la vie des collections
Sophie Grange, chef du service de presse, musée du Louvre ; Yara Blanc, chargée de mécénat, musée du Louvre.
Intervenant : Depuis dix-huit ans, Sophie Grange exerce des fonctions au sein de services de communication dans le secteur culturel. Entrée au musée du Louvre en 2009, elle est chargée de promouvoir le musée et ses activités auprès des journalistes français et étrangers. Elle a été nommée chef du service de presse en juin 2014.
Yara Blanc pilote les campagnes d’appels aux dons « Tous mécènes ! » du musée du Louvre depuis 3 ans. Elle met également en œuvre des projets visant à développer le mécénat grand public. Elle a suivi une formation de management culturel et de commerce, et a d’abord travaillé chez Culturespaces. Elle a ensuite rejoint le service du Développement des publics du Louvre puis celui de la fidélisation des publics.
Résumé de l'intervention : En 2010, le musée du Louvre a lancé pour la première fois une vaste campagne d’appel à la générosité sur le thème « Tous mécènes du Louvre ! », en vue de l’acquisition des Trois Grâces de Lucas Cranach. Quatre autres campagnes ont suivi : en 2011 pour la restauration de deux pièces exposées au département des Arts de l’Islam (porche mamelouk et vitrail de moucharabieh), en 2012 pour la reconstitution d’une fabuleuse Descente de la Croix en ivoire, en 2013 pour la restauration de la Victoire de Samothrace et de son escalier monumental, et très récemment, pour l’acquisition de la Table de Teschen, un joyau de l’histoire européenne du XVIIIe siècle. Plus qu’une simple opération d’appel aux dons, les campagnes « Tous mécènes ! » permettent au musée de créer une relation très personnelle entre une œuvre et le public. Elles sont une illustration parmi d’autres de l’idée selon laquelle les collections appartiennent à tous et sont l’affaire de tous. Avec « Tous mécènes ! », chacun a ainsi la possibilité d’intervenir directement dans l’histoire d’une œuvre. Ces opérations permettent de constater à quel point, au fil des années, les campagnes « Tous mécènes ! » sont devenues un des grands rendez-vous du Louvre avec son public, qu’il soit fidèle ou seulement de passage. Certains font un don « pour le Louvre », indépendamment de l’œuvre parce qu’ils souhaitent ainsi investir et s’investir dans la vie du musée, ce qui est une façon d’être acteur de son histoire ; d’autres, au contraire, donnent « pour une œuvre » ; d’autres pour éviter qu’un trésor national ne quitte le territoire, pour leurs enfants ou en l’honneur d’un proche.
L’opération Arles-Rhône 3 (fouille, relevage et restauration d’une épave fluviale du Ier siècle) : aperçu de diverses actions de sensibilisation des publics aux problèmes de conservation et de restauration
Fabrice Denise, responsable du département des publics, musée départemental Arles antique.
Intervenant : Fabrice Denise dirige le département des Publics du musée départemental Arles antique depuis 1999. Il a fait des études d’histoire et d’archéologie puis un DESS de Gestion du patrimoine à Paris 1. Il est commissaire de nombreuses expositions du musée.
Résumé de l'intervention : Découverte dans le Rhône en 2004 par les équipes du département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) et présentée depuis octobre 2013 dans une nouvelle aile du musée départemental Arles antique, l’extraordinaire épave Arles-Rhône 3 a suscité de nombreuses actions de sensibilisation des publics, avant, pendant et après la fouille archéologique. Cette intervention fera un focus sur les projets « ASTEP » (accompagnement en science et technologie à l’école primaire) que le musée conduit actuellement auprès de plusieurs écoles, en liaison avec des conservateurs-restaurateurs.
Bibliographie :
- Sauvé des eaux : le patrimoine archéologique en bois : histoires de fouilles et de restauration. ARC-Nucléart, 2007, 240 pages.
- DJAOUI, GRECK, MARLIER. Arles-Rhône 3 : Le naufrage d’un chaland antique dans le Rhône, enquête pluridisciplinaire. Arles : Actes Sud, 2011, 227 pages.
- Portail de l’ASTEP (accompagnement en science et technologie à l’école primaire)*
- 6 films courts thématiques sur l’opération Arles-Rhône 3 **
« De Chantiers à Duo » : la politique de valorisation du pôle Architecture et Patrimoines de la direction régionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon
Delphine Christophe, conservatrice régionale des Monuments historiques, direction régionale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon.
Intervenant : Delphine Christophe est archiviste-paléographe, conservatrice en chef du patrimoine. À sa sortie de l'Institut national du Patrimoine en 2006, elle a été nommée conservatrice régionale des monuments historiques du Limousin. Depuis 2009, elle est conservatrice régionale des monuments historiques à la direction régionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon.
Depuis 2010, la direction régionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon a mis en place une politique active de valorisation du patrimoine régional et des projets qu’elle conduit ou accompagne. Par le biais notamment de publications, mais aussi très bientôt de son site internet, elle propose de découvrir des chantiers de restauration du patrimoine monumental et mobilier, des édifices labellisés « Patrimoine du XXe siècle » ou encore des immeubles ou objets protégés au titre des Monuments historiques. Reflets de l’activité du service, les actions mises en œuvre s’adressent aux adultes et aux enfants. Des actions spécifiques sont également menées dans le cadre de dispositifs du ministère de la Culture, en particulier les Portes du temps et le Protocole Culture/Justice.
Un journal pour un chantier : la restauration du parc de Méréville
Stéphanie Bécher, responsable scientifique du parc de Méréville, conseil général de l’Essonne.
Intervenant : Stéphanie Bécher est titulaire d'un DEA en Économie publique (Université de Dijon), d'un Master en Management et Gestion de projet (Centre universitaire de formation continue d'Angers) et d'un Mastère Technologie, Culture et Patrimoine (École nationale supérieure des arts et métiers de Cluny). Elle a exercé les fonctions de chef de projet, autour de la sauvegarde du patrimoine industriel à la Chambre de commerce et d'industrie de Limoges, puis dans le cadre de la restauration du patrimoine au domaine d'Argy (Indre). Elle a également été chargée de communication au château d'Oiron (Deux-Sèvres) lors de la préfiguration de la réhabilitation des communs du château. Actuellement, au sein du conseil général de l'Essonne, elle pilote le schéma directeur de restauration et d'aménagement du domaine de Méréville.
Le schéma directeur de restauration et d’aménagement du domaine départemental de Méréville, adopté par le conseil général de l’Essonne en 2011, a entériné le parti pris, compte tenu de la durée importante que les travaux de reprise en main du jardin vont nécessiter (15 à 20 ans environ), de s’appuyer sur les chantiers de restauration pour donner rendez-vous chaque année aux visiteurs. Il s’agit véritablement de faire partager en temps réel les avancées des chantiers avec le public et de présenter de façon régulière ce qui s’est passé dans le jardin en termes d’étude ou de travaux. Le journal de chantier, édité chaque mois de septembre à l’occasion des journées du patrimoine, a été l’outil principal de cette volonté de partage annuel avec les visiteurs des problématiques de restauration et de reprise en main. À l’origine entièrement rédigé par l’architecte en chef des monuments historiques, destiné davantage à un public averti en termes de jardins et de monuments historiques, il s’est transformé au fil des années en un outil de communication plus familial par une refonte de la forme et du fonds pour une plus grande accessibilité. Publié sur le site internet du conseil général en format PDF, cet outil qui a été suspendu pendant deux années, sortira une nouvelle édition en 2015 autour de l’étude hydro-écologique en cours et des travaux archéologiques préalables. Les réflexions concernant les évolutions possibles de ce mode de restitution portent sur son élargissement en termes de diffusion : quel discours pour quel(s) public(s), quel média (support papier ou dématérialisation complète ?), quelle articulation avec le plan de gestion en cours d’élaboration…
La Fondation BNP-Paribas : un mécène de la restauration à la rencontre des publics
Jean-Jacques Goron, délégué général, fondation BNP Paribas.
Intervenant : Entré à Paribas en 1991 comme chargé de la communication interne, Jean-Jacques Goron rejoint la Fondation Paribas en 1995. Délégué général adjoint de la Fondation BNP-Paribas en 2000, il est nommé délégué général en 2013. À ce titre, il anime une équipe de dix personnes et supervise l’ensemble des programmes conduits en faveur de la culture, de la solidarité et de l’environnement. Responsable du mécénat du groupe depuis 2015, il a pour mission de coordonner et de développer la politique de mécénat au sein de BNP Paribas. À ce titre il est administrateur de plusieurs fondations créées au sein du groupe (Belgique, Maroc, Pologne, Italie, Suisse…). Diplômé de l’université Paris 7 (Lettres modernes) et du l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (Celsa), Jean-Jacques Goron a notamment exercé son activité comme journaliste et producteur radio au sein de différentes antennes (Radio Nova, France Culture) avant de rejoindre une agence conseil en communication institutionnelle.
Depuis vingt ans la Fondation BNP-Paribas soutient la restauration d’œuvres conservées dans les collections permanentes des musées à travers le programme « BNP Paribas pour l’Art ». Placé sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication et mené en étroite collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France, « BNP-Paribas pour l’Art » a permis à ce jour de restaurer plus de deux cents œuvres ou ensembles d’œuvres couvrant toutes les périodes de l’histoire de l’art et conservés dans les musées et monuments en France et à l’étranger. La Fondation BNP Paribas s’attache à faire connaître ce programme en communiquant largement sur cette action de mécénat aussi bien en interne qu’en externe : publication d’articles sur le site intranet et internet de la banque, réalisation de campagnes photographiques des œuvres en cours de restauration, soutien à l’édition de publications racontant l’histoire des restaurations, soutien à la réalisation de mini-films, organisation de visites de chantier de restauration pour la presse et les clients de la banque et réalisation d’expositions sur le thème de la restauration dans les locaux de la banque, sont autant de moyens de faire connaître au plus grand nombre le programme « BNP Paribas pour l’Art ».
Table ronde : chantiers ouverts aux publics
Modératrice : Marie Berducou, maître de conférences honoraire, coordinatrice de la filière universitaire de formation à la conservation-restauration, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Intervenant : Après des études d’histoire, d’archéologie, de conservation-restauration et d’épistémologie, Marie Berducou a longtemps assuré, sous la direction de Jean-Pierre Sodini, la coordination pédagogique de la maîtrise de sciences et techniques « Conservation-restauration des biens culturels » créée à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne au début des années 1970. Elle a enseigné plus de trente ans dans cette formation (aujourd’hui « Master de conservation-restauration des biens culturels »). Parallèlement, elle a participé à la création du DESS de conservation préventive (aujourd’hui « Master de conservation préventive du patrimoine ») et y a donné de nombreux cours. Pendant un peu plus de quatre ans, elle a dirigé l’Institut de formation des restaurateurs d´œuvres d´art, aujourd’hui département des restaurateurs de l’Institut national du patrimoine. Elle a ensuite brièvement dirigé, à la demande du président de l’université, la filière de formation à la conservation-restauration de Paris 1 Tout au long de sa vie universitaire, elle a très régulièrement participé à de nombreuses activités du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) et aux enseignements dispensés par l’École du Louvre et l’Institut national du patrimoine, et plus ponctuellement à certains programmes de l’Université libre de Bruxelles. Marie Berducou est parmi les auteurs du premier code déontologique français de la conservation-restauration, du document de Pavie et de la terminologie adoptée par l’International Council of Museums - Comittee for Conservation (Conseil international des musées - Comité pour la conservation) à New-Delhi en 2008.
La restauration intéresse les publics, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. C’est un sujet particulièrement attractif et très efficace pour sensibiliser à la conservation-restauration du patrimoine. Cependant, quel que soit le moyen choisi (restauration visible in situ et en temps réel, communication après coup, etc.), certains écueils sont à éviter. Il ne faut pas entraîner sur une mauvaise voie : celle qui amènerait à croire que la restauration peut tout faire, accomplir des miracles, retrouver l’état originel, réparer toutes les erreurs humaines qui ont pu causer des accidents graves ou accélérer le vieillissement des biens culturels par négligence ou incompétence, etc. Tout effacer, tout pardonner, en quelque sorte ! Tout propos tenu sur la restauration doit veiller à cette pédagogie : faire comprendre que, même lorsque le soin est spectaculaire, réussi et d’une très haute technicité, il reste une piètre béquille au regard de la prévention. On peut panser les blessures, y compris celles du temps, mais les traces et les cicatrices subsistent, inexorablement. Si nous devons veiller si activement et avec tant de vigilance à la conservation du patrimoine, c’est bien parce que rien ne saurait lui conférer l’éternité... En bref, on peut très utilement communiquer autour des interventions de restauration, mais seulement si on se saisit des enjeux de la conservation préventive et si le discours se met au service du patrimoine, en explique l’importance et la fragilité. Servir la visibilité des différents acteurs, moyens et disciplines que la conservation-restauration mobilise, doit, à mon sens, constituer un objectif toujours secondaire.
Entre la conservation et la démythification: la restauration, un métier encore mal connu qui interpelle
Carole Juillet, restauratrice de peinture sur chevalet.
Intervenant : Carole Drake Juillet a été formée initialement par Sylvaine Brans au musée du Louvre dans la tradition de restauration de Jean-Gabriel Goulinat puis à l’Institut de restauration du patrimoine artistique à Bruxelles. D’origine canadienne et écossaise, elle se consacre d’abord à des études d’histoire de l’art au Canada, se spécialisant dans l’art du Quattrocento florentin. Depuis son habilitation auprès du musée du Louvre et des musées nationaux en 1986, elle travaille sur des peintures du patrimoine de toutes les époques, avec une préférence pour les œuvres du XIVe au XVIIe siècle, et sur tous supports.
Le musée Unterlinden de Colmar attire de très nombreux visiteurs du monde entier (environ 180 000 par an), en raison de la présence emblématique du retable d’Issenheim. Depuis sa création en 1852 et les écrits de Joris Karl Huysmans, un grand nombre de ces visiteurs sont des professionnels de la culture nationale et internationale ou issus de l’élite intellectuelle. Le retable des Dominicains est composé de 24 panneaux, dont 8 panneaux double face, présentant la Passion du Christ et les sept joies de la Vierge. Sa restauration a commencé au musée Unterlinden devant le public en 2001-2002 par un constat d’état détaillé et un refixage complet. La restauration fondamentale de la couche picturale s’est étalée de 2006 à 2014, grâce en partie au mécénat de la BNP. Pendant la deuxième partie de l’intervention, le retable a été transféré à l’église des Dominicains en raison de la rénovation en cours du musée. Les touches finales à cette restauration seront posées lors de sa réinstallation à Unterlinden en 2015. Agir sur le patrimoine devant un public de plus en plus avide d’informations, de sensations et le faire « entrer dans les coulisses » de notre métier, amène une constante réflexion sur notre intervention sur les œuvres et comment celle-ci est perçue. La présentation s’efforcera d’expliquer les avantages et inconvénients de travailler dans le contexte de ces conditions singulières.
Face au public : le Laboratoire Eugène-Leroy, musée des Beaux-Arts, Tourcoing
Thierry Martel, restaurateur du patrimoine, directeur de l’école DEp’Art.
Intervenant : Restaurateur du patrimoine en spécialité peinture, Thierry Martel exerce au sein des musées et des monuments historiques. Il porte un intérêt particulier à la transmission de savoirs et à la défense de la profession. Enseignant pendant plusieurs années, il est aujourd’hui directeur d’une école préparatoire aux concours d’entrée des formations nationales en conservation-restauration des biens culturels.
Dans le cadre de la mise en place de l’exposition des œuvres de la donation Eugène Leroy au musée des Beaux-Arts de Tourcoing (MUBA) en 2009-2010, Évelyne-Dorothée Allemand, conservatrice en chef, a souhaité que les traitements de conservation-restauration d’une partie des œuvres soient réalisés in situ en présence du public. L’installation de cet « atelier » dans les salles du musée a permis des échanges privilégiés avec le public et particulièrement avec les plus jeunes. Une découverte pédagogique facilitant la compréhension des spécificités matérielles des œuvres d’Eugène Leroy.
Il doit en falloir de la patience ! Les interventions de conservation-restauration dans l’espace public
Amélie Méthivier, restauratrice de sculptures.
Intervenant : Amélie Méthivier exerce la conservation-restauration de sculptures depuis 2000 comme restauratrice indépendante. Diplômée de la maîtrise de Sciences et Techniques de conservation-restauration des biens culturels, après avoir effectué ses stages au British Museum et au Centre de restauration des œuvres d’art de Perpignan, elle intervient sur des sculptures en pierre, bois et plâtre conservées aussi bien dans des musées que dans l’espace public ou les lieux de culte. Elle fait notamment partie de l’équipe en charge de l’entretien de la statuaire civile et religieuse de la Ville de Paris, a travaillé sur des sculptures du Parc de Versailles ou des monuments publics dédiés à la Grande Guerre à Lille ou dans l’Aisne.
Les interventions d’urgence, d’entretien, impliquent généralement des durées d’interventions courtes donc une logistique simplifiée qui réduit la mise à distance avec le public. Dans l’espace public et dans les églises, il s’agira donc d’un public d’usagers qui interagissent différemment d’avec les visiteurs d’un lieu patrimonial. Parfois ces deux catégories de visiteurs sont mélangées. Ces espaces d’échanges sont l’occasion pour nous d’en savoir plus sur l’environnement des œuvres, de faire passer des messages simples de prévention ou d’explications basiques sur la conservation-restauration mais sont également l’occasion de belles rencontres. En termes d’exigences de la part des commanditaires sur les mises à distances, nous sentons un durcissement de la législation qui nous oblige à déployer une logistique de plus en plus lourde à tous points de vue dans un but de sécurité et de prévention des risques. Enfin ces interventions in situ sont parfois un moyen pour les gestionnaires des lieux de communiquer sur leur prise en charge du patrimoine auprès des paroissiens (par exemple par le biais de leurs sites internet ou d’un blog) ou de dénouer des crispations. Ce sont aussi des occasions pour les restaurateurs de défaire des idées reçues sur les traitements et de mieux communiquer sur notre profession.
Notre-Dame-La-Grande de Poitiers, un chantier ouvert au public
François Jeanneau, architecte en chef des Monuments historiques.
Intervenant : François Jeanneau a fait des études d’architecte à l’université Paris V Paris-La Défense dont il sort architecte DPLG (architecte diplômé par le gouvernement) en 1980. Licencié ès Lettres Histoire de l’Art, il est diplômé du Centre des hautes études de Chaillot en 1983. Architecte des Bâtiments de France contractuel en 1982, titularisé lors du concours de 1983, il a exercé cette fonction en tant qu’adjoint au chef du Service départemental d'architecture et du patrimoine d’Ille-et-Vilaine puis de Dordogne. Après le concours d’architecte en chef des Monuments historiques en 1987, il exerce dans les Hauts-de-Seine (de 1987 à 1989), en Vendée (de 1987 à 1991). Il est chargé de la Vienne (depuis 1989), des Deux-Sèvres (depuis 1990), du Mont-Saint-Michel et de l’Îlot de Tombelaine (depuis 2001), des Archives nationales à Paris (depuis 2009), de l’Indre (depuis 2012) et enfin tout dernièrement du 3e arrondissement de Paris. Inspecteur général des Monuments historiques depuis 2000, il a en charge la Bretagne, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et à Paris, le Louvre et les Tuileries, l’Hôtel Lambert, les 5e, 7e et 8e arrondissements ainsi que l’Institut de France et l’École nationale supérieure des beaux-arts. Enseignant à l’École de Chaillot, il est membre de la Société française des architectes, de l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) et de l’Académie d’architecture.
Les travaux de restauration que nous réalisons sur les monuments, quelquefois les plus prestigieux de notre patrimoine national, sont le plus souvent assez peu présentés et les chantiers encore moins visités. La législation française sur le travail est contraignante, interdisant l’accès d’un chantier à toute personne qui y est étrangère. Il est vrai qu’un chantier est source de nombreuses possibilités d’accidents corporels, les entreprises elles-mêmes le savent bien. Ces difficultés, qui ne sont d’ailleurs pas propres aux chantiers de restauration, font que bien peu d’expériences sont menées pour les rendre accessibles au public et en faciliter la visite. Et pourtant, voici maintenant quelques années, nous avons expérimenté la réalisation d’un chantier visitable à tout moment de son exécution par le public. La très exceptionnelle restauration de la façade occidentale de l’église Notre-Dame-La-Grande à Poitiers, fut l’occasion d’ouvrir son chantier, moyennant une adaptation des installations d’échafaudages et d’accès. Le succès de ce chantier « ouvert au public » fut retentissant grâce à la persévérance de la Ville de Poitiers, propriétaire de l’édifice, qui a tout mis en œuvre pour sa réussite. Si ce n’est lors de la restauration de la façade de la cathédrale de cette même ville où une tentative similaire fut un échec, cette ouverture d’un chantier de restauration fut unique. Une telle opération, qui nécessite un minimum de crédits, ne saurait être menée sans un parfait accord et une parfaite coordination entre toutes les parties : maître d’ouvrage, État, entreprises et maître d’œuvre.
Accueillir et préserver
Présidence : Corinne Bélier, directrice du Musée des monuments français, Cité de l’architecture & du patrimoine
Processus de conservation-restauration de l’habitat en Guyane française. De l’intimité culturelle à la sensibilisation des publics
Thomas Mouzard, conseiller à l’action territoriale, direction des Affaires culturelles de Guyane.
Intervenant : À l’issue d’un doctorat en anthropologie sociale à l' École des hautes études en sciences sociales où il aborde notamment le rôle d’institutions muséales dans des processus d’identification collective postcoloniaux, Thomas Mouzard est recruté en tant que chargé de mission patrimoine par la commune de Awala-Yalimapo (Guyane), pour laquelle il réalise un inventaire participatif et un dossier de candidature au label « Pays d’art et d’histoire ». Il travaille actuellement à la direction des Affaires culturelles de Guyane en tant que conseiller pour les communes de l’intérieur, et référent en ethnologie et en patrimoine culturel immatériel.
Résumé de l'intervention : Dans le cas du patrimoine bâti de Boniville*, la direction des Affaires culturelles de Guyane a mis en place une mission de médiation culturelle qui a permis d’aborder de manière concertée les conditions de réussite de la chaîne de patrimonialisation : identification, restauration, conservation, transmission, accueil du public. Il s’agit d’une architecture menacée, ainsi que de bâtis récemment abandonnés et devenus des lieux de mémoire. La sensibilisation des publics à la conservation de ce patrimoine mobilier passe par celle de leur sensibilisation à la sauvegarde et l’évolution des savoir-faire vernaculaires. La communication sur cette opération pilote s’avère primordiale auprès d’autres publics confrontés à l’érosion rapide de leur patrimoine culturel, et ainsi concernés par la conservation-restauration. D’autres cas guyanais seront abordés, et donc le cas de la Guyane dans son ensemble.
*Le village de Boniville est fondé au XVIIIe siècle par le chef suprême de la société Boni, issue de la dernière grande vague de marronnage à partir des plantations de Guyane hollandaise (1772). Un traité signé en 1860 reconnaît la liberté et la citoyenneté française des Bonis. En 1971, le chef des Bonis est reçu à l’Élysée par le président Pompidou.
Bibliographie :
BORDEAUX, Marie-Christine. « La médiation culturelle en France, conditions d’émergence, enjeux politiques et théoriques ». In Actes du colloque international sur la médiation culturelle, Montréal, 4-5 décembre 2008. www.culturepourtous.ca/forum/2008/PDF/11_Bordeaux.pdf
CHEVALLIER, Denis (dir.). Savoir faire et pouvoir transmettre : Transmission et apprentissage des savoir-faire et des techniques. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme/ministère de la Culture, coll. Ethnologie de la France, 1992, 265 p.
COLARDELLE, Michel. De mémoire et d’espoir : Pour une action rénovée de l’État en faveur du développement culturel des Outre-mers français. Rapport au ministère de la culture et de la communication, 2010, 101 p., mis en ligne le 23 juin 2010, consulté le 26 janvier 2015. http://www.culturecommunication.gouv.fr/Ressources/Rapports/De-memoire-et-d-espoir-Pour-une-action-renovee-de-l-Etat-en-faveur-du-developpement-culturel-des-Outre-mers-francais
MALLÉ, Marie-Pascale. « Les maisons des Noirs marrons de Guyane », In Situ [En ligne], n°5, mis en ligne le 01 décembre 2004, consulté le 26 janvier 2015. http://insitu.revues.org/2373 ; DOI : 10.4000/insitu.2373
POTTE, Marie-Blanche. « Manière d’habiter à Awala-Yalimapo », In Situ [En ligne], n°3, mis en ligne le 1er mars 2003, consulté le 26 janvier 2015. http://insitu.revues.org/1283 ; DOI : 10.4000/insitu.1283
Problématique de la conservation des œuvres face à la fréquentation et à la sur-fréquentation des visiteurs dans les monuments nationaux
Philippe Charron, adjoint de la directrice de la Conservation des monuments et des collections, Centre des monuments nationaux.
Intervenant : Architecte urbaniste en chef de l’État, Philippe Charron exerce la fonction d’adjoint à la directrice de la Conservation des monuments et des collections au Centre des monuments nationaux (CMN). Le CMN est un établissement public qui a pour mission d’entretenir, conserver et restaurer les monuments nationaux ainsi que leurs collections dont il a la garde, d’en favoriser la connaissance, de les présenter au public et d’en développer la fréquentation lorsque celle-ci est compatible avec leur conservation et leur utilisation. Les 96 monuments historiques classés répartis sur l’ensemble du territoire comprennent un nombre significatif de monuments majeurs tels que le Mont Saint-Michel, l’Arc de Triomphe, les remparts de Carcassonne et d’Aigues-Mortes ainsi que de nombreux châteaux, abbayes et sites archéologiques. Au sein du CMN, la direction de la Conservation des monuments et des collections est en charge de la mission générale de conservation des immeubles et des collections et de la mission de maîtrise d’ouvrage des travaux d’aménagement et de restauration des monuments historiques confiés.
Établissement public administratif placé sous la tutelle du ministre de la Culture et de la Communication, le Centre des monuments nationaux conserve, restaure, gère, anime près de cent monuments nationaux propriété de l’État. Ces monuments, tous ouverts à la visite, illustrent par leur diversité la richesse du patrimoine français de toutes les époques : abbayes, châteaux, grottes préhistoriques, sites archéologiques, maisons d’architecte. Les collections présentées ou conservées en réserves sont également importantes et sont constituées de mobiliers, de tableaux, de tapisseries et de statuaire. Avec des disparités entre les monuments, la fréquentation des visiteurs a atteint près de 9,5 millions de personnes en 2014. En regard de cette fréquentation, la mise en œuvre des opérations de conservation-restauration, en maintenant les monuments ouverts à la visite, oblige à reconsidérer en profondeur la nature et l’exécution de ces opérations. La sensibilisation du public sur la pratique de nos interventions de conservation-restauration peut inciter à réfléchir à la mise en scène des travaux eux-mêmes durant leur réalisation puis à la mise en présentation de parties non-restaurées en fin de chantier, seule façon dans certains cas de mettre en avant l’ampleur des travaux de restauration effectués. Ces questions sont illustrées par les exemples suivants :
Azay Renaissance : Le choix de conserver le monument ouvert à la visite pendant les travaux de restauration des couvertures du château oblige à repenser et mettre en scène le chantier de restauration et à communiquer sur les aspects scientifiques de cette opération.
Villa Cavrois à Croix : Le choix de conserver, d’ouvrir et de présenter au public des parties intérieures non restaurées permet de témoigner de l’ampleur de la restauration en cours et de mieux faire comprendre l’œuvre technique de Robert Mallet-Stevens.
Accompagner 14 millions de visiteurs dans le jardin des Tuileries
Isabelle Glais, sous-directrice des jardins du domaine du Louvre et des Tuileries.
Intervenant : Isabelle Glais est ingénieur horticole et titulaire d’un doctorat en architecture. Actuellement sous-directrice des jardins du domaine national du Louvre et des Tuileries, elle a assuré pendant dix ans la conservation du jardin de l’hôtel de Matignon et de deux résidences présidentielles. Dans le secteur privé, elle a aussi mis en place les plans de gestion de nombreux jardins dont celui de l’hôtel de Pomereu (Caisse des dépôts et consignation). Elle a été amenée à transmettre son savoir-faire et ses expériences à Chaumont-sur-Loire dans le cadre d’enseignement à l’École d’architecture de Versailles. Sa pratique professionnelle cherche à concilier la mise en valeur patrimoniale, l’accueil du public, l’utilisation intensive des lieux et le développement culturel.
Résumé de l'intervention : Prolongement naturel des Champs-Élysées, le jardin des Tuileries permet l’accès à quatre musées (le Louvre, Orsay, l’Orangerie et le Jeu de Paume). Idéalement placé à Paris, il accueille chaque année 14 millions de visiteurs. Cette fréquentation active qui est un atout pour le monument historique, fait l’objet d’une attention particulière. Les Tuileries sont en effet un jardin et constituent un milieu vivant et donc fragile. L'Établissement public du Musée du Louvre a donc choisi de prendre en compte la fréquentation du jardin comme une des données du monument. La connaissance des flux (liés aux visiteurs, aux manifestations, à l’entretien ou à la conservation du jardin) a donc été un des préalables à l’élaboration du schéma directeur décennal (2011) et du plan de gestion (2013). Cette démarche analytique et prospective est avant tout respectueuse du cadre historique. Elle se veut aussi inventive, en recherche de solutions nouvelles et durables. Elle a pour objectif la mise en place d’aménagements adaptés à l’évolution des usages, dans un jardin classé au titre des Monuments historiques depuis 1914.
Bibliographie :
Études spécifiques prenant en compte les flux du jardin des Tuileries :
ANONYME. Note technique. Estimation des flux aux accès du jardin des Tuileries. Établissement public du musée du Louvre.
DFJS-SVD / DPPEA-SER. juillet 2009, 5 pages.
ALLIMANT, A. (dir.). Jardin des Tuileries, Octogone et Grand Couvert : Étude archéologique. Paris, 2012, 167 pages.
ARBORESCENS et 7M CONSULTING. Plan de gestion pour le jardin des Tuileries. Paris, septembre 2013, 30 pages.
LARPIN, D, ALLIMANT, A, HELLEC. Jardin des Tuileries, Octogone et Grand Couvert : Étude de diagnostic. Paris, septembre 2013, 100 pages.
LARPIN, D. Jardin des Tuileries. Étude pour un schéma directeur. Recueil des plans et iconographie. Paris, septembre 2011, 154 pages.
Réglementation :
Règlement des cours, jardins, passages et péristyles du domaine national du Louvre et des Tuileries, 25 juin 2010, 8 pages.
Livret de circulation dans le domaine national du Louvre et des Tuileries (hors musée Eugène Delacroix applicable aux agents de l’Établissement public administratif du musée de Louvre et à ses prestataires). Musée du Louvre, direction des Ressources humaines, 9 articles, 2010, 81 pages.
Ouvrages relatifs à l’histoire et la composition du jardin des Tuileries :
BRESC‐BAUTIER, G., CAGET, D., JACQUIN, E. Jardins du Carrousel et des Tuileries. Paris : RMN, 1996.
BRESC‐BAUTIER, G., PINGEOT, A. Les Sculptures des jardins du Louvre, du Carrousel et des Tuileries. Paris : RMN, 1986.
CAILLETTE, Mylène. Promenade au jardin des Tuileries autour de 50 sculptures. Mylène Caillette, 1995.
CAILLETTE, Mylène. Promenade au jardin des Tuileries autour de 29 sculptures : art du XXe siècle. Mylène Caillette, 2000.
CARMONA, M. Le Louvre et les Tuileries. Huit siècles d’histoire. Paris : Éditions de la Martinière, 2004.
COLLECTIF. The Art of Louvre’s Tuileries Garden. New Haven and London : YALE University, 2013
CHAISNEAU, abbé C. La Nouvelle Cythère ou le jardin des Tuileries. Paris, 1814.
DAUFRESNE, J.C. Le Louvre et les Tuileries : architectures de fêtes et d’apparat. Paris : Mengès, 1994.
HAZLEHURST, H. Des jardins d’illusion : le génie d’André Le Nôtre. Paris : Somogy, 2006.
HILLAIRET, J. Le Palais royal et impérial des Tuileries et son jardin. Paris : Les Éditions de Minuit, 1965.
JAQUIN, E. Les Tuileries. Du Louvre à la Concorde. Paris : CMN, Collection itinéraires, 2000.
POETE, M. Au jardin des Tuileries, l’art du jardin, la promenade publique. Paris : Auguste Picard, 1924
Concilier la conservation et l’ouverture au public : le cas de la grotte de Font-de-Gaume
Charlotte Perin, chef du bureau de la gestion des vestiges et de la conservation archéologiques (direction générale des patrimoines) pour Jean-Jacques Cleyet-Merle, directeur du musée national de Préhistoire.
Intervenant : Jean-Jacques Cleyet-Merle est conservateur général du patrimoine, directeur du Musée national de préhistoire des Eyzies-de-Tayac et administrateur des sites et grottes préhistoriques de la vallée de la Vézère pour le Centre des monuments nationaux.
La gestion conciliant, sur les sites de l’État, conservation des grottes et visite publique est une histoire ancienne. Depuis un siècle, diverses politiques ont été testées ; après de longs tâtonnements des origines « au choc Lascaux » de 1963, trois décennies ont vu la mise en œuvre des premiers quotas de visite et un suivi « interventionniste » impliquant des travaux souvent très lourds qui ont montré rapidement leurs limites. Les vingt dernières années ont choisi un mode opératoire totalement différent : l’enregistrement généralisé et le suivi des paramètres de conservation de base ont permis la définition d’un seuil d’équilibre qui permet de concilier le taux de fréquentation des publics et les nouveaux principes de protection du milieu souterrain. Ce mode opératoire favorise désormais la prévention, la préférant à tout traitement chimique ou autre. L’identification et la concentration des responsabilités, administrative et conservatoire, sous la houlette du Centre des monuments nationaux constituent une autre avancée déterminante.
Rendre accessible une oeuvre d’artistes sculpteurs d’il y a 15 000 ans tout en la préservant
Geneviève Pinçon, directrice du Centre national de préhistoire, sous-direction de l’Archéologie.
Intervenant : Directrice du Centre national de préhistoire, service de l’État en charge notamment des grottes et abris ornés, spécialiste du Paléolithique supérieur et de l’utilisation des nouvelles technologies, notamment dans l’analyse de l’art pariétal, Geneviève Pinçon est responsable scientifique des recherches conduites sur le site du Roc-aux-Sorciers (Vienne) et a accompagné les élus dans le choix de la restitution au public. Elle est également membre de l’UMR 5608 TRACES (Travaux et Recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés) à Toulouse.
Le grand abri sous-roche du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin dans la Vienne, site propriété de l’État classé au titre des monuments historiques dans un espace naturel protégé, offre sur plus de vingt mètres de long des sculptures monumentales réalisées en pied de falaise et découvertes dans leur contexte archéologique. Ce « Lascaux de la sculpture » longtemps resté à la seule connaissance des scientifiques a été révélé au public en 2008 grâce à l’initiative des acteurs locaux (État et collectivités territoriales) en concertation avec les scientifiques. Le choix original d’un « centre d’interprétation » amène à se poser la question du rapport du public à l’original qui puisse concilier accessibilité et préservation.
Faut-il jouer un instrument de musique ?
Christine Laloue, conservatrice au Musée de la musique ; Marie-Anne Loeper-Attia, chargée de conservation préventive et curative, Musée de la musique.
Intervenant : Après des études d’histoire (DEA d’Histoire à l’université Paris-Sorbonne) et d’histoire de l’art (diplôme de l’École du Louvre), Christine Laloue devient conservatrice du patrimoine en 1991. Elle est actuellement conservatrice en chef au Musée de la musique à Paris, en charge des collections de clavecins, de beaux-arts et d’archives.
Marie-Anne Loeper-Attia est diplômée de la maîtrise de Sciences et Techniques de restauration-conservation des objets d’art (université de Tolbiac, Paris-I) et d’un DEA d’Archéologie des périodes historiques (université Pars-I Sorbonne). Depuis septembre 2002, elle est assistante responsable de l’atelier métal du département des Arts du feu, à l’Institut national du patrimoine (INP) – département des restaurateurs. Depuis novembre 2005 elle est chargée à mi-temps de conservation-restauration dans le cadre des activités de recherche et de restauration liées aux projets de réaménagement du Musée de la musique. En parallèle, elle développe une activité de conseil en conservation préventive et de restauration pour divers musées comme le musée du Louvre, le cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale et autres musées nationaux.
Christine Laloue et Marie-Anne Loeper-Attia font partie de l’ECR (équipe conservation-recherche) du Musée de la musique, intégrée à l’USR 3224.
Résumé de l'intervention : Les collections patrimoniales ayant une forte valeur d’usage sont régulièrement soumises à la contrainte de la mise en état de fonctionnement ou de jeu. Les instruments de musique ne font pas exception. Avec la multiplication des expositions et des concerts, due à la valorisation du patrimoine musical et à l’intérêt grandissant pour les instruments anciens, les risques que ces derniers encourent sont de plus en plus importants. Pour répondre à la demande grandissante de l’écoute de ces instruments, des solutions alternatives ont été développées comme la copie, le fac-similé complet ou partiel. Néanmoins, on peut se demander quelles en sont les conséquences sur les originaux et quelle authenticité revêtent ces expériences sonores. En effet, l’instrument a parfois subi, au cours de son histoire, des transformations qui rendent la notion d’authenticité sonore assez complexe et la quête du son original assez vaine. En outre, il ne suffit pas de reconstruire au mieux un instrument pour en faire revivre le son. Même si ses potentialités sonores peuvent être comprises, le jugement de sa qualité musicale est beaucoup plus subjectif. Il dépend également de l’écoute de l’auditeur, forcément différente au cours des siècles. Après une brève présentation des caractéristiques du patrimoine musical, les expériences sonores (sur instruments originaux, copies, fac-similés) et leurs conséquences seront abordées avec l’évocation de quelques instruments du musée.
Bibliographie :
ALLARD, Virginie. « Conserver ou jouer : la collection du Musée des instruments à vent ». Le Mistenflûte, n°7, septembre 2012, p. 61- 65.
BARCLAY, Robert L. The Preservation and use of historic musical instruments : display case and concert hall. London; Sterling, VA : Earthscan, cop. 2004.
DELOCHE, Bernard. « Et si le substitut valait plus que l’original, du moulage au fac-similé, diffusion du patrimoine et conservation préventive ». Journée-débat du DESS de conservation préventive, CTn°8, ARAAFU, 2001.
DUGOT, Joël, VAIEDELICH, Stéphane (dir.). Utopia Instrumentalis : fac-similés au musée. Actes du colloque du 27 novembre 2010, Musée de la musique. Paris : Cité de la musique, 2010. Consultable sur le site de la Cité de la musique. EGERTON, Chris. “Sounds from silence : using technology to recreate the lost sounds of the past”. Lute news, 107, October 2013.
GUILLEMARD, Denis. « Fidélité et trahison : le simulacre du substitut, du moulage au fac-similé, diffusion du patrimoine et conservation préventive ». Journée-débat du DESS de conservation préventive, Cahier Technique n°8, ARAAFU, 2001.
IRVIN, Paul Y. “An approach to recreating historical sound”. Part I, In Harpsichord & Fortepiano, 12.2, Spring 2008, p. 33-38 ; Part II, In Harpsichord & fortepiano, 13.1, Autumn 2008, p. 21-28
LOEPER-ATTIA, Marie-Anne. « La réplique d’expérience en musique : la question de la jouabilité des instruments au Musée de la musique ». In Replace or remake ? a work in progress, Journée d’étude, ER[cr]OS Équipe de recherche sur la Conservation-restauration des oeuvres sculptées, Esba TALM, 3 décembre 2014, en cours de publication.
LOEPER-ATTIA, Marie-Anne, RAMEL, Sylvie. Conservation-restauration des matériaux constitutifs des instruments de musique du XXe siècle. Actes de la journée d’étude Patrimoine musical du XXe siècle, Cité de la Musique, 6 avril 2009, site :http://www.citedelamusique.fr/pdf/insti/recherche/patrimoinexx/loeper_attia_ramel.pdf
Instruments pour demain : conservation & restauration des instruments de musique : 9es journées d’études de la Section française de l’institut international de conservation, Limoges, Champs-sur-Marne : SFIIC, 2000.
VAIEDELICH, Stéphane, LALOUE, Christine, FRELAT, Joël, BATTAULT, Jean-Claude. « Maintenir en état de jeu : le cas du clavecin de I. Couchet Anvers 1652 ». Technè, n°25, 2007, p. 74-78.
Remercier Marie Berducou, Gaël de Guichen, Denis Guillemard
La Maison d’écrivain, passeur de littérature
Jean-Claude Ragot, directeur du centre François-Mauriac, domaine de Malagar, Gironde.
Intervenant : Spécialiste en sciences des organisations, Jean-Claude Ragot a dirigé successivement une école de commerce, un organisme d’études et de conseil et une chambre de commerce et d’industrie. Depuis 2004, il est directeur du Centre François-Mauriac de Malagar (maison de l’écrivain François Mauriac, patrimoine de la Région Aquitaine), préside la Fédération nationale des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires depuis 2007, et vient de créer son réseau régional en Aquitaine. Jean-Claude Ragot a été parallèlement professeur associé à l’université d’Avignon (institut universitaire professionnalisé des métiers de la culture), puis à l’université Bordeaux-Montaigne, (master d’ingénierie de projets culturels et interculturels). Il est par ailleurs membre associé de l’Académie nationale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux.
Résumé de l'intervention : Résoudre de façon satisfaisante la contradiction fréquentation/préservation passe d’abord par la définition d’un projet cohérent, d’une ligne de force. Pour nous, il s’agit de profiter de la découverte de la maison pour accéder ou revenir à l’œuvre écrite. Ce principe se décline de la façon suivante. La visite. La maison était habitée par François Mauriac. C’est un lieu d’intimité, avec les meubles, les objets et les livres de l’écrivain. Le visiteur entre accompagné, comme s’il était invité. Le/la guide, généralement un livre à la main, présente les lieux et ses occupants avec le souci de faire le lien avec l’œuvre. Pas d’intervention de supports audiovisuels, d’affiches ou autres cartels. (15 personnes maximum) L’interprétation. Dans un espace d’interprétation proche de la maison (en l’occurrence un chai viticole), présentation de l’écrivain, de son temps, de ses engagements, de son œuvre : expositions, enregistrements sonores, films. Ateliers de médiation scolaire. La représentation. Donner à entendre l’œuvre à un public plus vaste (généralement 500 personnes) dans les jardins, au moment d’une « saison culturelle », et notamment : - la Nuit de la lecture (lectures par des comédiens renommés de textes de Mauriac), - les Vendanges de Malagar (rencontres et débats sur un thème de société). La consultation. Rendre accessible l’œuvre et les archives par la mise en œuvre d’un plan de gestion des collections, avec un programme de numérisation, dans le cadre d’un portail Mauriac en construction avec plusieurs partenaires.
Bibliographie :
BLOCH-DANO, É. Mes maisons d’écrivain. Taillandier, 2005.
NORA, P. La Visite au grand écrivain : Les lieux de mémoire, tome II, (dir. Nora, Pierre). Gallimard, 1997.
« Les maisons d’écrivain ». Revue d’histoire littéraire de la France, n°4 octobre-décembre 2009.
ROCHETTE, H. Maisons d’écrivains et d’artistes : Paris et ses alentours. Parigramme, 2012.
RAGOT, J-Cl. « Maison d’écrivain ou musée littéraire ». Bulletin d’informations de la Fédération nationale des Maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires, éditorial du n°31, octobre 2014.
Mémoires de master professionnel IPCI université Bordeaux-Montaigne :
CADEAC, D. La Place de l’écrit dans la visite d’une maison d’écrivain, 2011.
CHABRIE, J. Maisons d’écrivain : Demeures des inspirations actuelles, 2007.
DANTHEZ, A. L’Action culturelle dans les maisons d’écrivain : une nouvelle voie/voix, 2011.
DUROZIER, A. Le Mécénat culturel d’entreprise en 2009 : focus sur les maisons d’écrivain, 2009.
TAOUJI, S. La Maison d’écrivain, vers une coopération au sein de réseaux régionaux, 2013.
Sites internet :
Fédération nationale des Maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires (et notamment les actes des Rencontres de Bourges).
Réseau Région Aquitaine
Réseau Région Picardie
Dialogue entre patrimoine et modernité : il n’y a pas de conservation sans création
Jean-Paul Viguier, architecte et urbaniste, fondateur de l’agence Jean-Paul Viguier & Associés.
Intervenant : Diplômé d’architecture de l’École nationale des beaux-arts en 1970, Jean-Paul Viguier obtient trois ans plus tard un Master City Planning et Urban Design à Harvard. Il est alors embauché par la Ville de New-York afin de remodeler le tissu urbain de Manhattan. Après son retour en France, il obtient un premier prix du jury pour le projet de concours de l’Opéra Bastille en 1983 qui le positionne dès lors sur les concours emblématiques français et à l’étranger. Son agence de 90 personnes aujourd’hui et ses nombreuses réalisations bénéficient d’une reconnaissance internationale : le pavillon de la France à l’Exposition universelle de Séville, le parc André-Citroën et le siège de France Télévisions à Paris, les tours Cœur Défense, l’hôtel Sofitel Water Tower à Chicago, le McNay Museum of Modern Art de San Antonio au Texas, premier musée d’art moderne américain construit par un architecte français. Les commandes de la Tour Maroc Telecom à Rabat, de la tour Majunga à La Défense, du campus SFR à Saint-Denis de 135 000 m2 de l’IUCT - Institut universitaire du cancer à Toulouse, le récent projet lauréat pour le quartier Europea à Bruxelles avec 220 000 m2 de commerces et loisirs et 60 000 m2 de logements entre autres, permettent de poursuivre ce travail significatif.
Son œuvre intègre le paysage, le détail ainsi qu’une réflexion sur le rapport aux constructions anciennes, comme en témoignent la médiathèque de Reims, située sur le parvis de la cathédrale, et l’aménagement du site du pont du Gard dont il a par ailleurs réalisé la construction du musée d’archéologie.
Résumé de l'intervention : En 1996, sous l’impulsion du conseil général du Gard, la nécessité de repenser et d’aménager l’ensemble du site classé au Patrimoine mondial de l’humanité depuis 1985 s’impose. Il s’agit alors d’imaginer un aménagement de haut niveau, capable de transmettre au public le sens et l’importance de cette histoire, de réhabiliter le monument et ses abords, et de préserver ce haut lieu du patrimoine mondial. Une esquisse de projet fut rapidement établie sur un ensemble de principes fondateurs traduits par trois axes de travail : d’abord, la remise du site dans un état le plus naturel possible, ensuite la protection du site et l’agrandissement du champ de visite, et enfin la transmission au public de l’histoire du monument et du résultat des recherches archéologiques. En participant à ce projet dès son commencement et jusqu’à l’ouverture du musée archéologique de la rive droite, j’ai pu vérifier à quel point les résistances au changement et à la modernisation peuvent être vives et violentes. Malgré cela, ce projet est allé jusqu’à son terme ; le site est aujourd’hui classé parmi les « grands sites de France » et reçoit dans des conditions dignes plus d’un million et demi de visiteurs par an.
Bibliographie :
Jean-Paul Viguier Architecte. Paris : Odile Jacob, septembre 2009.
Site du pont du Gard : Chronique d’un aménagement. Paris : Somogy-Éditions d’Art, 2008.
Architecture Jean-Paul Viguier. Paris : Tallandier, 2013, p. 72 a 81.
Devine qui vient dîner ce soir ?
Hélène Perrel, responsable de la régie des oeuvres, Musée des monuments français.
Intervenant : Architecte, Hélène Perrel a d’abord travaillé dans la protection du patrimoine bâti et naturel et dans le secteur de la formation, en particulier dans les domaines culturel et artistique. Après l’obtention d’un master Gestion des patrimoines et une expérience d’organisation du déménagement des réserves d’œuvres d’un musée en province, elle a pris la responsabilité du service de la régie des œuvres du Musée des monuments français/Cité de l’architecture & du patrimoine en octobre 2004. Il s’agissait d’organiser et suivre la réinstallation des œuvres dans le musée pendant les travaux du bâtiment. Aujourd’hui, le service de régie des œuvres du Musée des monuments français comprend cinq personnes et est chargé de tous les mouvements d’œuvres (internes et externes), de l’organisation du récolement décennal et de la protection matérielle des œuvres. Cela inclut la gestion documentaire technique et la gestion des œuvres dans les sept lieux de réserves externes du musée.
Avant même sa réouverture en 2007, la Cité de l’architecture & du patrimoine accueillait dans les galeries du Musée des monuments français des soirées événementielles, des défilés de mode, tournages de films, actions de communication et soirées de prestige comprenant éventuellement cocktail, buffet, point champagne ou repas assis. Ce qui caractérise ces activités, considérées indispensables au budget de la Cité, est la location d’espaces au sein même des galeries présentant des collections permanentes. Après une brève présentation de l’évolution historique de ces manifestations, le propos de cette intervention illustrera par des exemples concrets les problématiques soulevées en matière de protection et conservation des œuvres du musée des monuments français et les liens avec les différents « publics » concernés. La troisième partie de la présentation portera sur les procédures mises en place et leurs limites.
Table ronde : réserves, accès non réservé ?
Modérateur : Denis Guillemard, directeur du master de Conservation préventive de l’UFR d’Art et d’Archéologie, université Paris 1.
Intervenant : Denis Guillemard est enseignant chercheur depuis 1982 à l’université Paris 1 à la maîtrise de Sciences et Techniques de conservation-restauration. Il a soutenu une thèse de doctorat en 1995 : « La conservation préventive, une alternative à la restauration des objets ethnographiques ». De 1980 à 1996 il est chargé d’étude, pour le compte du ministère de la Culture, sur la restauration et la conservation des collections ethnographiques auprès du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie. En 1993 il participe à la création du DESS de Conservation préventive dont il devient directeur en 1996. Depuis 1987 il est responsable pour l’Université Paris 1 du diplôme Prévention dans les musées africains (PreMA).
Résumé de l'intervention : Ouvrir les espaces des réserves à la visite est une tentation qui apparaît comme une solution séduisante et semble-t-il facile, pour étendre l’offre d’accueil du public. Mais qu’en est-il dans la réalité ? Que veut-on montrer ou démontrer dans cette ouverture ? La réserve renvoie l’image de l’accumulation, de l’abondance, de la richesse comme peuvent l’être les marchandises d’un grand magasin. En devenant visitable, elle deviendrait le « centre de pèlerinage de la marchandise-fétiche » pour notre XXIe siècle comme le furent les grands magasins au XIXe siècle décrits par Walter Benjamin. Par son ouverture la réserve, en se voulant elle-même exposition, rend sa fonction illusoire. Car si l’exposition est le moment et le lieu « où l’objet se tourne vers l’utilisateur ou le visiteur, là où il se présente à lui afin de lui tenir un discours » (Davallon), de quoi nous parlera la réserve exposée ? L’espace de l’exposition est une opération de découpage, de sélection du réel, qui crée un monde qui n’a de réalité qu’à cette occasion. Que sera l’espace de la réserve, ouvert au public ? Quel découpage pourra-t-il être opéré dans le réel de la réserve pour lui permettre de transmettre au public qui la visitera ce qu’elle assure comme fonction ? Dans ce cas, au risque de décevoir, peut-on échapper à une mise en scène ? Une portion des réserves peut être isolée et aménagée pour recevoir le public, la partie représentant métonymiquement le tout. Mais à quelle échelle cela peut-il être organisé, réserve simplement visible depuis un point de vue ou réserve visitable ? Une gradation s’opère du visible à l’accessible donnant un sens plus ou moins étendu au mot visiteur : grand public pour le visible, public limité pour le visitable, sélectionné pour l’accessibilité aux collections d’étude.
Bibliographie :
- « D’un musée à l’autre, les conditions d’un nouvel usage des collections extra-européennes ». Technè, n°11, 2000.
- « Ce que voir veut dire, ce que dire fait voir. Variations sur le thème de la réserve visitable ». CRBC, n°28, 2010.
- « La conservation préventive. Une démarche évolutive, 1990-2010 ». Technè, n°34, 2011.
Dans les vitrines des magasins : les réserves visitables d’archives et de bibliothèques
François Petrazoller, directeur des Archives départementales des Vosges.
Intervenant : François Petrazoller est archiviste-paléographe (promotion 1998). Il a exercé des fonctions d’adjoint au directeur des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle de 1999 à 2001, puis de directeur des Archives départementales de la Haute-Marne de 2001 à 2013, avant de diriger les Archives départementales des Vosges depuis 2013. À de très nombreuses reprises au cours de sa vie professionnelle, il a été confronté aux problématiques architecturales des bâtiments patrimoniaux, et en particulier de celle des magasins et des locaux d’accueil du public.
Les réserves visitables en archives et bibliothèques ont incontestablement connu un engouement au cours des dernières décennies. Il est donc temps d’esquisser un bilan de ce geste architectural des politiques de communication et de conservation. Les dispositifs ont-ils obéi à leur destination initiale, ou ont-ils été détournés, voire supprimés ? Les avantages en matière de communication sont-ils toujours jugés suffisamment intéressants pour compenser les inconvénients en matière de conservation ? Quel bilan tirer des atouts pédagogiques des réserves visitables ? L’intervention se nourrira d’exemples concrets de services d’archives et de bibliothèques, et tentera de déterminer les paramètres généraux de réussite ou d’échec des stratégies de réserves visitables.
Les réserves et ateliers de restauration du Musée des arts et métiers
Anne-Laure Carré, responsable des collections « matériaux » au Musée des arts et métiers, conservatoire national des Arts et Métiers.
Intervenant : Diplômée de l’École du Louvre, Anne-Laure Carré est docteure en histoire des techniques et responsable des collections « matériaux » au Musée des arts et métiers. Elle a participé dès 1995 à la rénovation de l’exposition permanente actuelle et coordonne transversalement les dossiers de restauration pour le musée. À l’occasion des 20 ans des réserves du Musée des arts et métiers, elle a été commissaire de l’exposition temporaire « Objets restaurés, patrimoine exposé » qui s’est tenue du 29 avril au 13 octobre 2014 au Musée des arts et métiers.
Vingt ans après l’inauguration de ses réserves qui associent lieux de stockage et ateliers de restauration, le Musée des arts et métiers a réalisé en 2014 une exposition pour mettre en valeur le travail quotidien de ses équipes et faire partager des notions clés autour de la conservation du patrimoine. Un parcours dans les salles d’exposition permanente complétait cette approche et rappelait l’intervention de nombreux restaurateurs spécialisés. Cette approche fait aussi l’objet de médiation particulière lors des visites organisées, dans les réserves cette fois, par le comité départemental du Tourisme de Seine-Saint-Denis et intéresse particulièrement les visiteurs. Une synthèse de ces actions menées depuis une dizaine d’années sera présentée.
Conserver en conversant : l’ouverture au public du Centre de conservation et de ressources du MuCEM
Émilie Girard, responsable du département des Collections et des Ressources documentaires, MuCEM.
Intervenant : Conservateur du patrimoine, Émilie Girard rejoint l’équipe du MuCEM en 2006, à sa sortie de l’Institut national du patrimoine. En 2008, elle prend la direction du département des Collections du musée où elle conduit entre autres le chantier des collections permettant le transfert de l’intégralité des collections et fonds conservés de Paris à Marseille, ainsi que le projet de Centre de conservation et de ressources qu’elle dirige aujourd’hui. Parallèlement, elle a participé au commissariat de plusieurs expositions au MuCEM (« Trésors du quotidien » en 2007, la « Galerie de la Méditerranée » – section consacrée aux religions – en 2013, « Food » en 2014) et coordonne la programmation des expositions du Centre de conservation et de ressources du MuCEM.
Résumé de l'intervention : Dès sa conception, le Centre de conservation et de ressources, troisième site du MuCEM après le bâtiment du môle J4 conçu par Rudy Ricciotti et le fort Saint-Jean, a été conçu avec un double objectif : d’abord conserver l’ensemble des collections et fonds du MuCEM, mais aussi permettre une activité de diffusion et de valorisation. Le centre dispose ainsi de trois équipements à destination du public : une petite salle d’exposition permettant la relecture des collections, des salles de consultation pour les fonds de la bibliothèque ou des archives comme pour les collections d’objets, et une réserve accessible au public, l’« Appartement témoin ». Depuis l’année dernière, des actions spécifiques sont conduites en direction des publics scolaires, de l’école maternelle au lycée, en partenariat avec le département des publics du musée. Les visites et activités conduites permettent à la fois de présenter les fonds, mais également de faire connaître les métiers de la conservation et de la gestion des collections et de laisser le public s’approprier les ressources conservées.
Bibliographie :
- CALAFAT, M.C., GIRARD, E. « Les chantiers de collection au MuCEM : un travail de plusieurs années pour une relecture des collections ». Revue des musées de France, n°3, 2013, p. 78-82.
- COLARDELLE, M., et al. Réinventer un musée : le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille. Paris : Réunion des Musées nationaux, 2002.
- GIRARD, É. « Le centre de conservation et de ressources du MuCEM : un site accessible pour des collections communicables ». In Protocoles de la communication et de la consultation des collections hors exposition. Lyon : Fage Éditions, 2011, p. 42-50.
- GIRARD, É. « Le centre de conservation et de ressources du MuCEM : un nouveau lieu pour conserver, produire et diffuser les connaissances ». In CHEVALLIER, D., et al. Métamorphoses des musées de sociétés. Paris : La Documentation française, 2013, p. 111-112.
- SUZZARELLI, B., et al. Projet scientifique et culturel du MuCEM. Grenoble, 2012.
Mardi, c’est sacristies
Servanne Desmoulins-Hémery, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Orne.
Intervenant : Servanne Desmoulins-Hémery est chef de la conservation des objets d’art et du Musée d’art religieux de Sées, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Orne depuis 2000. De 1982 à 2000, elle a exercé la mission de conservatrice déléguée dans ce département.
Régulièrement interpellés par les maires, les associations de sauvegarde ou les paroissiens sur les ornements liturgiques qui « pourriraient » dans les sacristies, nous avons dispensé au cas par cas des conseils pour l’entretien et le rangement des textiles, ce qui nous a amenés à aborder le problème plus global des sacristies.
Pour assurer une large diffusion de ces conseils, nous avons mis en place un partenariat avec le diocèse afin de former les divers intervenants locaux à la maintenance des sacristies. La formation, volontairement légère, se déroulait sur une après-midi avec la présentation d’un diaporama et la visite d’une sacristie. Le diaporama comporte un rappel de la loi de 1905, des conseils généraux sur la maintenance des églises et les méthodes de nettoyage et de rangement des objets selon leur matériau. Il s’agissait de donner aux participants des recommandations très pratiques sur ce qu’on peut faire et ce qu’on ne doit pas faire, jusqu’où on peut aller dans l’entretien et à quel moment on doit passer la main aux professionnels de la conservation-restauration. Après un temps d’échanges, la visite critique d’une sacristie permettait, en y repérant bonnes et mauvaises pratiques, d’ancrer concrètement nos recommandations. L’opération s’est déroulée sur l’ensemble du territoire départemental, les séances s’étalant sur dix-huit mois.
500 personnes environ ont bénéficié de ce programme en 2013 et 2014 et plusieurs paroisses ont commencé à mettre en œuvre nos préconisations. À la demande des participants, un nouveau module sera mis en place sur la sûreté et les modalités d’ouverture des églises.