Chargée de programmation artistique et culturelle aux Archives nationales, Anne Rousseau, passionnée d’art, définit et organise plusieurs événements et rencontres, qui mettent en jeu création et patrimoine.

Le papier se conserve, la mémoire s’entretient. À rencontrer Anne Rousseau, chargée de programmation artistique et culturelle aux Archives nationales, on pourrait même affirmer qu’elle se crée. Depuis quatre ans, Anne s’y emploie avec dynamisme et enthousiasme: « Les archives sont une matière vivante, elles ont un fort pouvoir évocateur et une capacité à mobiliser l’imaginaire », analyse celle qui propose, sur les deux sites des Archives nationales, différents projets de plasticiens, de photographes, de comédiens, d’écrivains, de vidéastes, en recherchant toujours un lien avec la matière scientifique de l’établissement. Quelle que soit la forme, l’accueil d’un festival comme Africolor ou Paris Quartier d’été en Seine-Saint-Denis et à Paris, une résidence comme celle du compositeur Nicolas Frize en 2014 et 2015, une conférence, une installation ou encore des spectacles, des tournages, des concerts, des ateliers…, « l’idée est de défendre des projets qui vont insuffler du sens autour d’un sujet d’archive, mais aussi des questions de traces, de mémoire, de temporalité, de résonance du passé dans le présent, tout en proposant un lien avec des enjeux d’actualité », décrit-elle. Partageant son temps entre les deux sites, son travail consiste à définir des projets qui ne pourraient se réaliser sans une collaboration étroite avec les différentes équipes des Archives nationales, scientifiques certes, mais aussi, selon les projets, services logistiques, administratifs et juridiques, sûreté, communication, éducatifs, notamment pour l’accompagnement des projets auprès des publics.

« Les archives sont une matière vivante, elles ont un fort pouvoir évocateur et une capacité à mobiliser l’imaginaire »

Des conventions de partenariats transversales

Par ailleurs, Anne Rousseau consacre une partie de son temps à nouer des partenariats, nécessaires pour faire aboutir ses projets. À Paris et en Seine-Saint-Denis – un terrain qu’elle connaît bien pour y avoir travaillé dix ans, dans le secteur du spectacle vivant. « À Pierrefitte-sur-Seine, explique-t-elle, le public vient moins naturellement qu’à Paris. On travaille sur un ancrage territorial, notamment en nouant des partenariats avec les acteurs du territoire comme le festival de musique Africolor, l’association Khiasma venue tourner une fiction/documentaire sur le management contemporain, l’accueil d’équipes de théâtre en partenariat avec le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis autour de projets aussi divers que des lectures d’archives, un spectacle réalisé avec l’association des femmes du Franc Moisin, ou l’accompagnement scientifique d’une mise en scène sur un sujet historique. » Des partenariats sont aussi noués avec des acteurs sociaux, comme la maison des Femmes à Saint-Denis, inaugurée en juillet 2016. Anne propose avec le même enthousiasme des projets associés aux expositions des Archives en invitant un créateur à apporter un autre éclairage sur le sujet ou en travaillant sur la complémentarité des événements, en accueillant par exemple « l’Editathon Art and Feminims », marathon Wikipédia organisé par la fondation d’entreprise Galeries Lafayette. Proposé à l’occasion de la Journée de la femme, ce marathon vient aussi en écho à l’exposition Présumées coupables qui se tient jusqu’au 31 mars sur le site de Paris. Les projets s’inscrivent aussi dans les grands rendez-vous nationaux comme la Nuit des musées, les Journées du patrimoine, les Rendez-vous aux jardins, qui sont autant d’occasion de faire découvrir l’archive à un large public à partir de la matière artistique. Pour l’histoire, la création a la mémoire vive.

Prochain rendez-vous artistique aux Archives nationales

Pour la première édition du Mois de la photo Grand Paris, les Archives nationales ont invité le photographe Mathieu Pernot à s’emparer du fonds Lapie, entreprise de photographies aériennes dont les avions ont sillonné le territoire français dans les années 1950, en pleine mutation sociologique. Il créera pour l’occasion une œuvre originale instaurant un dialogue entre les images exposées, à Paris et à Pierrefitte-sur-Seine.
À voir du 4 avril au 19 septembre 2017 dans la cour d’honneur des Archives à Paris et à Pierrefitte-sur-Seine dans le plus grand centre d’archives d’Europe, conçu par Massimiliano Fuksas.