par Arlette Auduc, Comité d'histoire, La Documentation française, 2008, 639 p.

Le présent ouvrage retrace avec précision un siècle d’histoire du service des Monuments historiques (1830-1940). Comme l’écrit Jean-Michel Leniaud dans sa préface, il faut pour cela « savoir manier les méthodes de l’histoire institutionnelle, avec ses cortèges d’analyses législatives, réglementaires et budgétaires et celles de l’histoire administrative avec ce qu’elle suppose de connaissance des réseaux, d’appréciation des facteurs qui conduisent à la décision, de compréhension de la psychologie des acteurs, mais aussi, celles de la toute récente histoire patrimoniale, depuis la compréhension du choix des classements et des partis et méthodes de restauration, jusqu’à la connaissance intime de l’architecture française. Bref, établir l’histoire des Monuments historiques suppose des connaissances multiples et profondes ».

C’est ce qu’a fait Arlette Auduc en organisant son étude autour de quatre périodes :
- les années de fondation 1830-1880 où le service se dote progressivement des moyens de sa mission ;
- les années 1880-1890 qui voient enfin la naissance d’une loi de protection et l’affermissement de l’administration des monuments historiques ;
- la loi de 1905 et ses conséquences qui aboutissent à une première réflexion en termes de « patrimoine » et à la loi de 1913 ;
- et enfin l’entre-deux-guerres au cours duquel la législation est renforcée et la notion de patrimoine élargie.

Ce faisant, cet ouvrage « éclaire d’un jour nouveau ce qui a trait aux personnalités, au budget et aux procédures » tout en abordant des périodes particulièrement mal connues, comme l’entre-deux-guerres.

Libre au lecteur de juger l’héritage de ce siècle de lente et difficile affirmation d’une politique patrimoniale centralisée fondée sur le pouvoir régalien de l’État. Garant de l’intérêt général, il a progressivement construit un véritable service public de la protection et de la restauration des monuments historiques auxquels il avait assigné une véritable fonction idéologique dans la construction d’une histoire nationale et d’une citoyenneté commune.

Arlette AUDUC est agrégée d’histoire et docteur de l’École pratique des hautes études.
Conservatrice du patrimoine, elle dirige le service de l’inventaire général du patrimoine culturel de la région Île-de-France. Spécialiste de l’histoire de l’architecture du XIXe siècle, elle a publié de nombreux articles sur l’histoire des monuments historiques et sur l’histoire de la protection des paysages.