Monsieur le ministre, cher Branislav Mićunović,Monsieur le président du Centre Pompidou, cher Alain Seban,Mesdames et Messieurs,

C’est en effet une très belle occasion qui nous est donnée aujourd’hui pour
asseoir notre coopération culturelle sur de nouvelles bases.

Dado nous a quitté en novembre dernier. Il était l’un des plus flamboyants
traits d’union entre nos deux pays, et je suis très heureux que le Musée
national d’art moderne lui rende aujourd’hui cet hommage. Le dessinateur
et le peintre hors pair qui mis en image les Répons de Pierre Boulez, le
natif de Cetinje [prononcer Tchetinyé] - la capitale historique du
Monténégro à laquelle je crois savoir que vous êtes, monsieur le Ministre,
également très lié – occupe une place d’autant plus importante dans
l’histoire de l’art du deuxième XXème siècle qu’elle restera à jamais
décalée. Cher au public français comme au public monténégrin, Dado aura
développé un univers où une tératologie et des apocalypses peuvent surgir
tout aussi bien des paysages méditerranéens où le calcaire affleure, dans
les montagnes qui surplombent les bouches de Kotor, que d’une terrasse
de café à Gisors et des collines du Vexin normand.

Monsieur le ministre, lorsque nous nous sommes vus en janvier dernier - là
aussi pour rendre hommage à Dado qui venait de disparaître -, nous avons
pu constater l’étroite convergence de vues qui nous rapprochent. Je pense
en particulier à la ratification par le Monténégro de la Convention de
l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles. Je pense aussi, évidemment, à l’accession de votre pays au
statut d’observateur à l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Nous allons aujourd’hui signer une déclaration d’intention qui marquera la
première pierre d’un nouveau cadre pour une coopération culturelle
renforcée et prometteuse. Depuis l’éclatement de la Yougoslavie, le
renouvellement des accords de coopération s’impose avec nos nouveaux
partenaires dans les Balkans, afin de prendre en compte à la fois l’héritage
de l’existant et d’accompagner les ambitions de nouvelles nations en
matière de politique culturelle. Cela implique évidemment le Monténégro,
qui a recouvré son indépendance très récemment.

J’ajouterai que cette déclaration vient décliner de manière heureuse, dans
le domaine culturel, le rapprochement stratégique qui se dessine à une
échelle plus large entre nos deux pays.

Avec cette déclaration, c’est en effet un spectre très large de domaines de
l’action culturelle qui sont abordés : le spectacle vivant et les arts de la
scène – domaine qui je le sais vous est très cher, monsieur le ministre - , la
mise en valeur du patrimoine, les festivals de cinéma, le respect du droit
des créateurs et la lutte contre le piratage, les enjeux de numérisation pour
nos bibliothèques, les flux de traduction de nos littératures respectives, si
essentiels à une meilleure connaissance de l’autre.

Les échanges d’artistes, notamment dans le domaine de la musique,
occupent dans cette déclaration d’intention une place importante. Je crois
en effet que ces liens personnalisés avec nos publics sont essentiels aux
intégrations politiques futures. Faire connaître le Monténégro à la France
et la culture française au Monténégro, c’est également participer à la
densification des liens entre l’espace balkanique et l’Europe de la culture,
qui sont historiquement évidents, mais que l’histoire du XXème siècle est
venu tragiquement contrarier. La France est particulièrement heureuse de
contribuer à ce formidable moment de réouverture et de redécouverte, qui
passe par un engagement culturel réciproque fondé sur la confiance et
l’amitié.

Je vous remercie.