Madame l’Adjointe au Maire de Paris, Chère Lyne Cohen-Solal
Monsieur le Président de la Bourse Agora pour le design, Cher Alain Lardet,
Monsieur le Directeur du Musée des Arts Décoratifs, Cher Olivier Gabet,
Monsieur le Président de la Fondation Hermès, Monsieur Pierre-Alexis Dumas
Madame Matali Crasset, présidente du jury
Mesdames et messieurs les designers de talents, nominés pour ce Prix Agora 2014,
Mesdames et messieurs, Chers amis,
« On peut être poète dans tous les domaines, écrivait Guillaume Apollinaire, il suffit que l’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte. »
Soutenir un projet, un voyage, un apprentissage, une aventure, c’est précisément l’ambition de la Bourse Agora pour le design, qui, depuis 30 ans, permet aux jeunes talents d’être des poètes de l’objet, qui manient les formes et les usages pour transformer nos quotidiens. Ce prix, né en 1983 de la volonté d’Alain Lardet et de Claude Lévy-Soussan, est une chance offerte aux jeunes designers « non pas de réaliser un objet mais un projet qui leur permette de s’enrichir sur le plan des connaissances et des expériences ». Ce sont les mots de celle qui contribua à mettre en valeur la création et les nouveaux talents du design en France et à faire rayonner le design français dans le monde. 30 ans plus tard, c’est à elle aussi que nous rendons hommage par ce prix.
Je me réjouis d’être parmi vous aujourd’hui pour remettre cette Bourse Agora qui contribue à faire vivre 2014 au rythme du design. A bien des égards, cette année est celle du design, celle de la réalisation des projets définis dans le cadre de la Politique nationale du design que j’ai engagée en 2013 conjointement avec Arnaud Montebourg.
L’année 2014 sera donc une belle année pour cette culture du design que nous voulons encourager en France par la mise en œuvre d’une politique nationale forte et ambitieuse. C’est donc avec le design graphique que nous avons commencé l’année en inaugurant avant-hier au ministère de la Culture et de la Communication la manifestation Graphisme en France 2014. 2014 sera aussi placé sous le double anniversaire de l’Atelier de Recherche et de Création du Mobilier National créé il y a tout juste 50 ans par André Malraux et de l’ANDAM, l’association nationale pour le développement des arts de la mode, qui fête cette année ses 25 ans.
Cette année sera donc l’occasion de faire connaître le design auprès d’un large public et de mettre en œuvre les grandes lignes de la politique de design portée par mon Ministère.
Encourager la culture du design en France, c’est soutenir la formation et la recherche. La Bourse Agora, remise chaque année à de jeunes designers issus de nos écoles, est la preuve de la richesse de nos formations et de l’excellence de nos écoles. Je tiens à saluer les représentants de nos écoles supérieures de la culture dont la présence aujourd’hui révèle toute l’attention qu’ils portent, et que nous portons tous, à la réussite professionnelle de leurs élèves.
Pour donner au design de demain tous les moyens de son expression, il nous faut donc renforcer et rendre plus visible l’offre de formation supérieure du design, faciliter les passerelles pour créer des pôles d’innovation et d’excellence, ouvrir nos écoles sur l’international et favoriser les échanges.
C’est l’un des axes forts de la politique en faveur du design portée par mon Ministère.
Dans le cadre de cette politique, j’ai aussi fait ma priorité de la reconnaissance d’une profession que ce prix contribue à mettre en valeur. En prêtant une attention particulière au statut des designers indépendants au sein du régime social des artistes-auteurs et à la mise en place de bonnes pratiques chez les commanditaires et en premier lieu, à titre exemplaire, les commanditaires publics
Enfin, concernant, la diffusion de la culture du design auprès du public, autre ambition majeure de la politique nationale du design, je suis heureuse de constater que la Bourse Agora, à laquelle le ministère de la Culture et de la Communication est fier d’apporter son soutien, présente le design dans ce qu’il a de plus dynamique et de plus innovant : les créateurs de demain. En ce sens, elle vient appuyer le travail accompli par nos précieux outils de diffusion. Je pense à nos écoles d’art et de design, bien sûr, mais aussi aux Arts Décoratifs, au Centre Pompidou, au Centre National des Arts Plastiques, au Mobilier National, à la Cité du design et à la Biennale du design de Saint-Etienne, à la Villa Noailles, à la Cité de la mode et du design, au VIA (Valorisation Innovation Ameublement), à l’APCI (Association pour la création industrielle), au Lieu du design aux Designer’s Days.... Nos collections publiques de design sont d’une richesse absolument exceptionnelle. J’ai lancé il y a quelques semaines un groupe de travail réunissant les institutions que je viens de citer afin qu’elles œuvrent ensemble à la conception d’un projet de diffusion et de circulation de nos collections sur l’ensemble de notre territoire. Je placerai ce projet au cœur de notre politique nationale en faveur du design.
Je tiens à saluer les organisateurs de cette Bourse Agora et son président, Alain Lardet. Vous êtes un acteur incontournable du design en France. Vous qui avez co-fondé la Bourse Agora et qui avez créé les Designer’s Days que vous avez présidé avant de passer le relai à René-Jacques Mayer, de la Cité de la Céramique – Sèvres Limoges. Vous œuvrez avec passion à la promotion de jeunes créateurs et, notamment, au dialogue fécond qu’ils entretiennent avec les artisans d’art.
Je remercie Matali Crasset, la présidente du jury qui, parce qu’elle « interroge l’habituel, le banal, le quotidien, I’évident, le commun, l’ordinaire» à la manière d’un George Perec, a su distinguer parmi les 5 projets prometteurs celui qui se propose le plus remarquablement de métamorphoser nos quotidiens.
Je salue aussi la Fondation Hermès et son président, Pierre-Alexis Dumas, qui a fait du soutien à la création, et particulièrement au design, une manière d’illustrer le lien unique que la maison Hermès a su tisser entre transmission et innovation, savoir-faire et audace créative.
Enfin, je remercie aussi chaleureusement les Arts Décoratifs qui nous accueillent aujourd’hui et qui œuvrent quotidiennement à la diffusion et à la valorisation du design.
Philippe Apeloig, dont nous pouvons ici-même découvrir l’œuvre complète dans une remarquable rétrospective, décrit les designers comme des femmes et des hommes « du XXIème siècle », qui, « par la prolifération de leurs créations et de leur pensée influencent notre façon de vivre. »
C’est cette ambition de repenser nos quotidiens, d’influencer nos usages et nos modes de vie que l’on retrouve chez chacun des nominés. Je souhaite féliciter chaleureusement tous les candidats pour la qualité et l’inventivité de leur projet qui sont autant de propositions pour transformer nos vies. Qu’il s’agisse d’objets simples et généreux que l’usager est invité à produire lui-même, de techniques de production artisanales qui mobilisent le corps et la main pour expérimenter la matière, de l’utopique désir d’habiter les flux, de la redéfinition de la densité autour d’objets habitables, ou de la matérialisation de l’expérience sonore, tout est invitation à habiter le monde autrement.
J’adresse toutes mes félicitations au lauréat de cette Bourse Agora 2014, Pierre Charrié, diplômé de l’ENSCI, qui nous offre avec ses « surfaces sonores » un moyen de donner forme et vie à la synesthésie si chère à Baudelaire, à cette « unité profonde où les couleurs et les sons se répondent ».
Après l’Habitat écophonique, qui vous a permis d’être finaliste en 2011, c’est votre projet de métamorphose du paysage sonore domestique que nous distinguons aujourd’hui. Le beau projet poétique de donner de la matière au son pour transformer notre quotidien.
Explorer les chemins de l’innovation et de l’inattendu dans le design, tel est le pari réussi de cette Bourse Agora qui nous invite à nous poser ensemble la question du monde dans lequel nous voulons vivre. Et qui, en nous donnant un aperçu du design de demain, nous ouvre de nouvelles perspectives pour habiter le monde non pas en usager ou en consommateur mais en poète.
Je vous remercie.