Alors que Président de la République a présenté, mardi 20 mars, sa stratégie internationale pour développer le français dans le monde, nous revenons sur les principales étapes d'une grande ambition : la francophonie. "La langue française est la langue des combats pour l’émancipation", a affirmé Emmanuel Macron.

Dès les premiers mois de son quinquennat et notamment à l’occasion de ses déplacements dans plusieurs pays francophones, le Président de la République a réaffirmé sa volonté de donner un nouvel élan à la francophonie. « Une ambition qui commence ici, sur notre propre sol » a rappelé Françoise Nyssen lors du lancement d’une consultation sur la promotion de la langue française et du plurilinguisme dans le monde.

Nous partageons le français avec des millions de personnes, sur les cinq continents, c’est une passerelle vers d’autres cultures, d’autres littératures, d’autres manières de voir et de penser (Françoise Nyssen)

La francophonie aura son dictionnaire

Au Burkina Faso, le 28 novembre 2017, s’adressant aux étudiants de l'université de Ouagadougou, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de défendre la langue française sur tous les continents. Le Président envisage ainsi la création d’un dictionnaire de la francophonie sous les auspices de l'Académie française et de Leila Slimani, prix Goncourt 2016. La romancière franco-marocaine a été choisie le 6 novembre dernier par Emmanuel Macron pour être sa représentante personnelle pour la francophonie et siéger au Conseil permanent de la francophonie au sein de l'Organisation internationale de la francophonie. Dans son communiqué l’Elysée précise qu’elle « représentera une politique francophone ouverte, en action, centrée sur des projets concrets liés aux priorités du Président de la République telles que l’éducation, la culture, l’égalité femmes-hommes, l’insertion professionnelle et la mobilité des jeunes, la lutte contre le dérèglement climatique et le développement du numérique ».
Le 1er février 2018, Emmanuel Macron inaugurait à Tunis la première antenne de l'Alliance française dans le pays. Il n’y en avait plus depuis 1948. Cinq autres ouvriront dans le courant de l’année, notamment à Gabès et Kairouan. Devant le Parlement tunisien, le Président de la République s’est fixé l’objectif de « doubler le nombre d'apprenants en français en deux ans », soit d'ici le sommet de la francophonie que la Tunisie doit accueillir en 2020.

Emmanuel Macron et Leila Slimani
Emmanuel Macron s'entretient avec Leila Slimani, sa représentante personnelle pour la francophonie

Quatre leviers pour donner un nouvel élan à la francophonie

Françoise Nyssen était au Liban en novembre dernier pour l’inauguration du Salon du livre francophone de Beyrouth. Rappelant la force des liens multiséculaires qui relient nos deux pays la ministre de la Culture a assuré que pour donner un nouvel élan à la francophonie, la France sera une force de proposition dans les mois à venir. Comme elle l’a fortement rappelé lors de la dernière Foire du livre de Francfort, dont la France était l’invitée d’honneur, Françoise Nyssen entend agir en ce sens à travers « quatre leviers privilégiés » : les rencontres entre tous ceux qui ont le français en partage ; le numérique ; les activités culturelles à l’école ; les campagnes de communication.  Enfin, la ministre veut mettre un accent tout particulier sur le développement de la traduction car traduire, c’est « mettre une société en capacité de comprendre son monde, les visions qui l’entourent, et donc d’y trouver une place. »

La France va créer un Grand prix de la traduction

La première édition du Grand prix de la traduction est prévue courant 2018. La ministre souhaite également mettre en place un programme au long cours pour développer les traductions arabe-français, programme qui pourrait d’abord se déployer dans 5 pays : le Liban et les quatre pays du Maghreb – Égypte, Algérie, Tunisie et Maroc, où les collaborations de nos bureaux du livre sont déjà développées. Ce programme pourrait comprendre plusieurs volets, dont le soutien à des projets de traduction et la promotion des auteurs arabophones en France.

Consulter les francophones du monde entier

Le 26 janvier, Françoise Nyssen et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, ont lancé une vaste consultation sur la promotion de la langue française et du plurilinguisme dans le monde.
Le Président de la République a souhaité mobiliser les acteurs de la présence française à l’étranger autour des enjeux linguistiques pour aboutir à des propositions concrètes propres àmoderniser l’usage du français et promouvoir le plurilinguisme. Il a confié à l’Institut français, opérateur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du ministère de la Culture, la mise en œuvre cette consultation internationale.
Tous les citoyens français, tous les francophones et francophiles à travers le monde pourront apporter leur contribution sur le site internet www.monideepourlefrancais.fr qui restera actif jusqu’à la Journée internationale de la Francophonie le 20 mars, à l’occasion de laquelle Emmanuel Macron présentera son plan d’ensemble pour la promotion du français et du plurilinguisme dans le monde.

La consultation se poursuivra dans le cadre de la conférence internationale pour la langue française et le plurilinguisme dans le monde, organisée les 14 et 15 février et qui réunira à Paris des personnalités et acteurs de la société civile et des jeunes citoyens de différentes nationalités engagées localement dans des démarches innovantes. Leurs recommandations seront transmises au président de la République.

Un nouveau lieu pour la création francophone

Théâtre Ouvert – association dirigée par Caroline Marcilhac et présidée par Catherine Tasca, ancienne ministre de la Culture et ancienne ministre déléguée à la Francophonie – prendra, à compter de 2019, la suite du projet de Valérie Baran sur le site du Tarmac, dans le 20e arrondissement de Paris.
Résidences, publications, rencontres, création d’un festival pluridisciplinaire sur plusieurs mois associant un réseau de programmateurs parisiens et franciliens, partenariats avec le festival des francophonies en Limousin…. Grâce à une programmation renforcée et une ouverture accrue vers le reste du territoire, ce site propriété de l’Etat est appelé à devenir l’un des lieux emblématiques de la création francophone.
Parallèlement au lancement de ce projet, la ministre va engager – avec les collectivités territoriales et les acteurs culturels – une réflexion d’ampleur pour renforcer la visibilité des nombreuses initiatives françaises  en faveur de la francophonie et créer des synergies entre les différents projets.

Françoise Nyssen : "Promouvoir la diversité des voix francophones"

Le 14 février, lors de la conférence internationale pour la langue française et le plurilinguisme dans le monde, la ministre de la Culture a plaidé pour une meilleure promotion de la diversité des voix francophones sur la scène hexagonale. "Je souhaite que les lieux labellisés et les institutions du ministère de la Culture s’engagent davantage, qu’ils mettent à l’honneur les œuvres et les artistes de tout l’espace francophone", a assuré Françoise Nyssen, en indiquant qu'elle confiait une mission à Xavier North et Paul de Sinety pour mieux "soutenir et diffuser les artistes d’expression française". "De nombreuses pistes sont à explorer : bourses, résidences, renforcement du soutien à la production, de la durée d'exposition des œuvres, des temps de rencontres avec les publics, avec les programmateurs...", a-t-elle précisé.

Le 26 janvier dernier, la ministre avait précisé les trois axes du ministère de la Culture en faveur de la francophonie : "promouvoir la diversité des cultures francophones en France", "accompagner à l’étranger – et pas seulement dans les pays francophones, partout dans le monde – nos propres voix", et "soutenir la maîtrise du français en France". "Cette langue nous la partageons avec des millions de personnes, sur les cinq continents, c’est une passerelle vers d’autres cultures, d’autres littératures, d’autres manières de voir et de penser", avait-elle ajouté.